Qu’il n’y a pas de problème de l’emploi
Renaud Camus
Il n’y a pas de problème de l’emploi. Il y a un problème de revenus, d’une part, et il y a un problème de temps : un problème de revenus qui manquent, et que l’on ne saurait où trouver ; un problème de temps qui est en excès, au contraire, et dont on ne saurait que faire. Un problème de recherche d’argent, un problème d’usage du temps. L’un est économique, l’autre est ontologique. Tous les deux sont métaphysiques. Le problème économique se présente comme une quête, le problème ontologique se présente comme une épreuve. Où chercher ? doit-on se dire ici. Que faire ? est-on forcé de...
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Il n’y a pas de problème de l’emploi. Il y a un problème de revenus, d’une part, et il y a un problème de temps : un problème de revenus qui manquent, et que l’on ne saurait où trouver ; un problème de temps qui est en excès, au contraire, et dont on ne saurait que faire. Un problème de recherche d’argent, un problème d’usage du temps. L’un est économique, l’autre est ontologique. Tous les deux sont métaphysiques. Le problème économique se présente comme une quête, le problème ontologique se présente comme une épreuve. Où chercher ? doit-on se dire ici. Que faire ? est-on forcé de se demander là. Il faut changer d’époque. Il faut changer de mots. Ce qu’il faut, c’est mettre le problème cul par-dessus tête.
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La presse
Renaud Camus enfonce des portes ouvertes, mais ce sont celles des jardins d’Armide, il semble que l’on s’y heurte de front sans arriver à les franchir. Tout coup de pied est donc le bienvenu, les siens sont particulièrement bien ajustés. Que dit-il ? Que dans un monde où, science et technique aidant, les emplois vont forcément disparaissant, ne pas en avoir (d’emploi) n’est pas, ne devrait pas être une disgrâce : ne pas avoir d’emploi, c’est avoir du temps libre. Et que le temps libre bien employé est ce que l’homme a de plus précieux.
Libération, 15 décembre 1994