Est-ce que tu m’aimes ?
Frédéric Boyer
Suzanne, bientôt soixante ans, séparée de son mari, enseigne au lycée que fréquente le narrateur, seize ans, avec lequel elle va vivre une passion charnelle durant un an. Ceux qui ont peur ou qui ont honte du sexe, lui dit-elle, portent avec eux un monde de mort, un monde qui ne grandit jamais.
Les parents du narrateur, eux, voient leur fils entamer sa vie d’homme. Leur cruelle bienveillance l’accompagne de l’autre côté. Ils restent du côté de l’amour qui se donne et ne se reprend jamais, ils posent cette question : « est-ce que tu m’aimes ?»
Antoine, vieil anarchiste espagnol en exil a été recueilli et caché par Suzanne, après...
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Suzanne, bientôt soixante ans, séparée de son mari, enseigne au lycée que fréquente le narrateur, seize ans, avec lequel elle va vivre une passion charnelle durant un an. Ceux qui ont peur ou qui ont honte du sexe, lui dit-elle, portent avec eux un monde de mort, un monde qui ne grandit jamais.
Les parents du narrateur, eux, voient leur fils entamer sa vie d’homme. Leur cruelle bienveillance l’accompagne de l’autre côté. Ils restent du côté de l’amour qui se donne et ne se reprend jamais, ils posent cette question : « est-ce que tu m’aimes ?»
Antoine, vieil anarchiste espagnol en exil a été recueilli et caché par Suzanne, après la guerre, dans sa ferme. Il est berger et bûcheron. Il apprend au narrateur que la guerre n’est pas finie, que la barbarie est toujours devant nous et que nous en sommes tous responsables.
Tous ces personnages sont les vrais héros du monde. Leurs histoires ont lieu dans un monde de mensonge et de lâcheté, dans un monde de pauvreté et de fraternité, dans un monde de désir et d’héroïsme, dans un monde d’équarrisseurs et d’oubli.
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La presse
L’amour, comme la personne de Jésus telle que l’envisage Boyer, n’est pas à proprement dire une figure aimable, caressante, doucereuse. L’amour n’existe que dans l’épaisseur de l’humain, avec sa pesanteur, son opacité, sa finitude, sa déchéance même. Si l’amour est un héros, c’est un héros bafoué. En d’autres termes, l’amour s’affirme, comme le Christ, dans sa « kénose », dans son abaissement jusqu’à prendre la condition la plus défigurée de l’homme. […]
Ainsi de la littérature et du Christ – dans l’un et l’autre livres – ce que Boyer épouse et retient, c’est l’incarnation obscurément habitée par la rédemption. Sans rien laisser de côté, et surtout pas le sexe, c’est-à-dire ce par quoi s’accomplit, en figuré ou en propre, l’incontournable engendrement de l’homme.
La Croix, 22 janvier 1995