Katalin Molnár, d’origine hongroise, a dû apprendre à vivre, à écrire et à penser avec le français. Elle raconte la double histoire de sa vie et de son français dans ce livre conçu comme un repas quelque peu personnel, quelque peu spécial, les invités aiment ça, les repas quelque peu lointains, un peu étranges, les repas qui les étonnent, c’est ce qu’ils demandent, c’est ce qu’ils désirent même s’ils ne le demandent pas, ils préfèrent ça aux repas qu’ils savent faire, qu’ils mangent souvent, un livre, ça peut être très comme ça, on peut l’imaginer comme ça, un livre...
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Katalin Molnár, d’origine hongroise, a dû apprendre à vivre, à écrire et à penser avec le français. Elle raconte la double histoire de sa vie et de son français dans ce livre conçu comme un repas quelque peu personnel, quelque peu spécial, les invités aiment ça, les repas quelque peu lointains, un peu étranges, les repas qui les étonnent, c’est ce qu’ils demandent, c’est ce qu’ils désirent même s’ils ne le demandent pas, ils préfèrent ça aux repas qu’ils savent faire, qu’ils mangent souvent, un livre, ça peut être très comme ça, on peut l’imaginer comme ça, un livre où poèmes, bribes de lettre, histoires racontées, morceaux de contrat se côtoient comme morceaux de viande, carottes et pommes de terre dans une bonne goulache, mais ce n’est pas tout… Parce que dans la langue, il y a l’écrit sans parole, épui yalaparol sanlékri, épui donk, le français éjénial! pourça (bonne chose dans toute mauvaise chose il y a) car on peut séparer mais peuôssi mélanjé, épuidonk, pour atténuer le côté fumeux, ai aussi utilisé des langages qui, à mon sens sont joyeusement pas fumeux, méalor pa!fumeudutou, abaalorla! laputin! cela vous consolera-t-il ? Je n’en sais rien mais le souhaite (comme les bonnes choses que souhaitait mon papa à moi).
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L’« ekri dlavoi », c’est la transcription d’une parole naissante, avant qu’elle ne s’organise en discours, quand elle est au plus proche de l’émotion qui la suscite.Pour noter le plus précisément possible les manifestations de ce conflit, Katalin Molnar a donc créé une nouvelle graphie. L’objectif était de « donner une écriture à la parole », et de faire en sorte que cette écriture soit visible par n’importe qui. Le lecteur ne peut appréhender le texte d’un seul coup d’oeill, il est obligé de le dire avec l’accent hongrois à cause des accents d’insistance et il renoue de manière inattendue avec l’émerveillement enfantin de l’apprentissage de la lecture : les lettres assemblées forment des mots.
Libération, 11 juillet 1996