Le Département de la Lozère
Renaud Camus
Renaud Camus part pour la Lozère, afin d’écrire une sorte de guide de ce département qu’il aime, et qui bat tous les records à l’envers. Il est toujours le moins. Et plutôt qu’une succession de lieux remarquables, il est pur espace, non lieu. On n’y va pas pour y voir ceci ou cela, on y va pour y éprouver, on y va pour y être. Et comme tout plus être commence nécessairement par l’expérience d’un moins être, voire d’un non être, la Lozère, ce nulle part, territoire par essence de la géographie négative, est l’occasion ou jamais d’être positivement Personne,...
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Renaud Camus part pour la Lozère, afin d’écrire une sorte de guide de ce département qu’il aime, et qui bat tous les records à l’envers. Il est toujours le moins. Et plutôt qu’une succession de lieux remarquables, il est pur espace, non lieu. On n’y va pas pour y voir ceci ou cela, on y va pour y éprouver, on y va pour y être. Et comme tout plus être commence nécessairement par l’expérience d’un moins être, voire d’un non être, la Lozère, ce nulle part, territoire par essence de la géographie négative, est l’occasion ou jamais d’être positivement Personne, à l’instar d’Ulysse, le voyageur.
Sur les ruines de Peyre, en effet, il n’est pas jusqu’au nom qui ne lâche : il ne tient pas plus à vous que vous ne tenez à lui, et n’importe quel autre, pourvu qu’il vous plaise un moment et ne soit à personne, lui non plus, fera l’affaire aussi bien jusqu’à la prochaine fois.
Ces histoires de nom, c’est toujours un roman, par en dessous. Rien n’empêche qu’un roman, cela dit, soit très scrupuleusement un guide, avec son index des noms, même.
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La presse
En Lozère, l’âme a encore ses chances et, avec elle, une expérience possible du Beau. Telle est bien, au fond la grande affaire de ce livre merveilleux de drôlerie et d’intelligence sensible : quand, comment, où cette expérience est-elle encore possible ?
Et même, et surtout, qu’est-ce que faire l’expérience du Beau ? L’intérêt avec la Lozère, c’est que « belle », cette région ne l’est pas nécessairement : il en va de cette Lozère camusienne comme de ces « signes » mystérieusement suspendus qui enchantaient notre bien regretté Roland Barthes. N’identifiant rien de précis, ils ouvraient la porte à la rêverie, à l’âme et par conséquent à la littérature.
La Croix, 2-3 juin 1996