Francis Bacon disait : « Je veux simplement peindre un personnage dans sa chambre. Ce qui m’intéresse davantage c’est saisir dans l’apparence des êtres la mort qui travaille en eux. »
La chambre ici, est d’abord celle du narrateur, où tout généralement se résout en étreintes répétées, violentes ou non, heureuses ou pas, nulles, tragiques, qu’importe. C’est aussi le milieu homosexuel, la vie dans le ghetto à suivre les nuits et les petits matins d’un jeune parisien à la recherche désespérée de « la baise du siècle ». De fait le tout est strictement sexuel et d’une violence...
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Francis Bacon disait : « Je veux simplement peindre un personnage dans sa chambre. Ce qui m’intéresse davantage c’est saisir dans l’apparence des êtres la mort qui travaille en eux. »
La chambre ici, est d’abord celle du narrateur, où tout généralement se résout en étreintes répétées, violentes ou non, heureuses ou pas, nulles, tragiques, qu’importe. C’est aussi le milieu homosexuel, la vie dans le ghetto à suivre les nuits et les petits matins d’un jeune parisien à la recherche désespérée de « la baise du siècle ». De fait le tout est strictement sexuel et d’une violence sanglante. Dans une chambre ou l’alcôve sombre d’un bar, ces noces de sexe et de sang donnent une impression de chair abîmée, déformée qui nous font voir davantage du côté de la peinture. Tous les coups sont permis et cela sonne curieusement dans un univers où « maintenant tout le monde est séropositif ».
Sorte d’introspection pornographique, radicale mais pas sans ironie, cette chronique crépusculaire ne tait rien, n’épargne rien ni personne et encore moins son auteur. Peut-on faire de sa vie la matière de son art ? Peut-on le faire avec cette impudeur ? C’est en fait la question de la liberté de la littérature que pose Dans ma chambre.
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Croatie : Domino | Espagne : Reservoir Books | Italie : Lit Edizioni | Royaume-Uni : Serpent’s Tail | Russie : Glagol
In bed with Dustan
Ca pulse, ça vibre, ça gicle. Ca vit. A cent à l’heure, parce qu’il y a urgence. Le compte à rebours est lancé ; la mort, plus proche à chaque coup de rein. Quand il envoie le manuscrit de son premier livre, "Dans ma chambre", à l’éditeur Paul Otchakovsky-Laurens, Guillaume Dustan (photo, en 2002), énarque et haut fonctionnaire, vit à Tahiti où il s’est installé après avoir appris sa séropositivité. On est en 1996? Il meurt neuf ans plus tard, à l’aube de ses 40 ans. Entre-temps, Dustan, né William Baranès, a écrit plusieurs livres, obtenu le prix de Flore en 1999 pour "Nicolas Pages" et fait scandale en prônant le sexe sans capote, emperruqué sur les plateaux télé. Plus de vingt ans après sa parution, "Dans ma chambre" - "autobiographie érotique sur fond de grégorien-rap, parce que, quand j’écris, j’écoute Depeche Mode" - frappe toujours par sa radicalité, noire et vitale. Dustan raconte Guillaume, ses amants, le sexe, la drogue, la danse. Il y a le corps qui jouit et le corps qui trahit, malade. Minimalisme cru, prosaïsme ravageur, l’écriture frontale, va à l’essentiel. Pas de temps à perdre. Il est déjà trop tard.
Elisabeth Philippe, L’Obs, février 2019.