Le Gers n’est pas un département très métaphysique, à première vue : il manque un peu d’altitude, d’espace perdu, de manque, de « chemins qui ne mènent nulle part »...
Pourtant le ciel, en ces parages, nous accorde une intimité beaucoup plus étroite qu’ailleurs : il n’est pas seulement au-dessus de nos têtes, il nous environne de toute part ; il marche à nos côtés, un bras sur notre épaule, ainsi que l’ange avec Tobie.
Le Gers est une invention de la lumière. Mais il y a aussi qu’on finirait par s’envoler presque, à force de monter et descendre, tandis que l’horizon s’ouvre...
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Le Gers n’est pas un département très métaphysique, à première vue : il manque un peu d’altitude, d’espace perdu, de manque, de « chemins qui ne mènent nulle part »...
Pourtant le ciel, en ces parages, nous accorde une intimité beaucoup plus étroite qu’ailleurs : il n’est pas seulement au-dessus de nos têtes, il nous environne de toute part ; il marche à nos côtés, un bras sur notre épaule, ainsi que l’ange avec Tobie.
Le Gers est une invention de la lumière. Mais il y a aussi qu’on finirait par s’envoler presque, à force de monter et descendre, tandis que l’horizon s’ouvre encore, prêt à nous boire, jusqu’à la neige des Pyrénées. Collines, crêtes, routes en balcon, modestes promontoires, tremplins pour le regard et pour le corps : ils sont la carte de la vie sur les hauts, de cette « civilisation des buttes » qui est peut-être l’essence du génie gascon, et le secret de sa fierté, chacun tutoyant l’espace, seul sur son tertre, dans son village ou son manoir, entre sa ferme et la chapelle, près des cyprès trop grands pour leur cimetière.
Renaud Camus renoue avec la tradition de la rêverie promenade. Cela ne l’empêche pas d’avoir quelques humeurs, au passage, de décrire avec précision les lieux, et d’enseigner clairement à se perdre. Un Index remet un peu d’ordre.
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Il est question du Gers, assurément, mais aussi de bien d’autres catégories métaphysiques, chères au cœur de l’auteur. Cela n’a pas de nom ni ne figure dans aucune nomenclature servant de vade-mecum à la critique épuisée. Cela relève à la fois du guide Nagel et de Spinoza ; des horaires de visite à la manière du Michelin des années 50 et du Journal de Benjamin Constant.
La Croix, 14 septembre 1997