— Paul Otchakovsky-Laurens

Navet, linge, œil-de-vieux

Jacques Jouet

« Depuis le 1er avril 1992, je commence et j’achève, chaque jour, un poème.
Navet, linge, œil-de-vieux représente les quatre premières années de cette activité, du 1er avril 1992 au 31 mars 1996.
Sous mes yeux, pendant ces quatre ans, j’avais posé, sur un linge jaune et carré, premièrement un navet frais qui mettait environ un mois à sécher (sans jamais pourrir) – une fois sec, je le remplaçais par un tout neuf –
deuxièmement un œil-de-vieux. Un œil-de-vieux est une petite lentille carroyée de peintre paysagiste, qui rapetisse ce qu’elle vise.
C’était...

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La presse

Inspiré autant par les pratiques des arts plastiques que par les travaux de l’Oulipo, ce recueil ne se donne aucun interdit. Il réunit aux natures mortes des « poèmes adressés » dont Jouet est sûr qu’ils auront au moins un lecteur, et des « poèmes de métro » […]. C’est un poème écrit en parcourant tout le réseau de la RATP en quinze heures trente, à raison d’un vers par station […].


Mais Navet n’est pas une simple juxtaposition de poèmes. Sa force est dans son mouvement. Rien n’y est jamais figé, et Jouet y alterne formes classiques – alexandrin, pantoum, terza rima, rimes berrichonnes… – et formes libres, car, pour Jouet, il n’existe pas de formes obsolètes. Il insiste sur le fait qu’« on ne peut pas faire du vers libre sans faire du vers contraint ». Il crée une poétique de l’inventaire, de la description, écrit des poèmes en marge des livres et des paysages. Et cet ensemble, progressant ainsi le long de la « pente autobiographique », « poèmes de nombril » ou poèmes d’amour, consigne les travaux et les jours, et finit par se donner aussi comme un fascinant journal poétique écrit au jour le Jouet.


Libération, 31 décembre 1998



Le trop discret Jacques Jouet est, avec son compère Roubaud, le plus grand écrivain en exercice issu de l’Oulipo, et l’on préfère ces auteurs qui regardent pousser leur navet à ceux qui contemplent leur nombril […] un roman de l’extrême contemporain mais en vers (libres ou non, alexandrins ou autres, dans toutes les formes poétiques imaginables), un roman de la vie confrontée à la forme (ou l’inverse) dont on se prend, dès les premières pages, à aimer infiniment les personnages, raison pour laquelle on ne peut y picorer à loisir que dans un second temps, après s’être passionné pour leurs aventures.


Télérama, 23 décembre 1998