— Paul Otchakovsky-Laurens

Apocalypses

Daniel Oster

Chaque soir, pendant un an (1997), je notais, comme on tient un journal intime, une petite apocalypse intime. Petite apocalypse signifie, on le sait, petite révélation. J’étais donc le premier surpris.

Aujourd’hui, les choses ont bien évolué. Peut-être aurais-je dû tenir mieux compte de ce qui m’était ainsi révélé, ou bien n’en pas tenir compte. Être plus crédule ou plus méfiant. Ou bien n’étaient-ce que des apocalypses sans révélations. Qui réussira un jour sans fiction ? Le lecteur, peut-être ?

 

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La presse

De certains livres, on peut devenir jaloux : on voudrait les avoir imaginés, écrits. On rêve, tellement on s’identifie soi-même avec la matière littéraire, qu’on est tout près de les avoir effectivement écrits. Qu’il n’a manqué que le déclic, l’occasion. Cette euphorique perte du discernement, le lecteur des petites Apocalypses de Daniel Oster pourra l’éprouver, à proportion du plaisir qu’il vient de prendre.

D’où vient cette euphorie ? De quoi est fait ce plaisir ? Sans doute de l’alliance de deux ordres d’impressions : la surprise et la familiarité. […] En moins d’une page imprimée, il résume une vie surprise, illuminée (ou définitivement obscurcie) par une révélation ; c’est le sens premier du mot apocalypse ; mais on ne peut oublier que ce mot désigne aussi la fin de quelque chose, du monde, par exemple, ou des temps. […] A chaque fois, donc, tout commence et s’achève. A chaque fois, une personne – vous, moi, l’auteur : le premier venu donc – est prise à la gorge par un événement, une pensée, un rêve, une décision, une distraction…


Le Monde, 26 mars 1999