— Paul Otchakovsky-Laurens

Paris-la-politique et autres histoires

Monique Wittig

Il existe des textes parasites qui « tombent » tout entiers du corps principal sur lequel ils s’étaient greffés. Tel Paris-la-politique sorti de Virgile, non. Tel Une partie de campagne détaché des Guérillères morceau par morceau. Les autres histoires sont aussi à leur manière des parasites d’une expression écrite politique, the « Straight Mind ».


 

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Traductions

Italie : Vanda Publishing

La presse

Deux textes de Paris-la-politique traitent directement de l’esclavage. Ils rappellent que Monique Wittig, après des débuts classiques dont témoigne encore la nouvelle « Elsa Braun » (une gamine au parloir subit la visite d’un vieux monsieur au crâne rose) a transité par la science-fiction. Ils montrent comment le refus de la représentation réaliste aboutit chez elle à une surreprésentation, voire un surréalisme. « Le jardin » (1978) est la description atroce d’une société où « les êtres », beaux et mobiles, exploitent « les corps », mols ectoplasmes immobilisés dans des transats, nourris de force, bercés par des grands singes. De temps à autre il est posé sur leur sexe une machine à traire.
[…] C’est que Monique Wittig n’appartient pas du tout au courant qu’on a nommé « différencialiste » au sein du féminisme moderne, et qui est représenté par Luce Irigaray ou Hélène Cixous. Chez elle, pas de « féminitude », mais, au contraire, un refus de la nature féminine, une exécration de tout ce qui est dit féminin. Question de forme(s). C’est un narcissisme dont elle se moque dans Paris-la-politique, quand elle stigmatise « l’enroulement obligatoire ». Paris-la-politique (ensemble daté de 1985 qui donne son titre au recueil) est la saisissante parabole des années de militantisme de l’auteur, qui fut une des pionnières du mouvement de libération des femmes en 1968. Plus généralement, c’est la parabole des luttes de pouvoir dans les groupuscules.


Libération, 17 juin 1999