Cleptomane des livres qu’il voudrait écrire et incapable d’engagement conjugal, l’auteur s’inscrit à un club de rencontres pour tromper le dilemme où le plonge un amour fraternel et un amour charnel qui s’excluent, et le laissent seul. Il obtient trois rencontres gratuites, trois épreuves auto-infligées pour sortir de la dépression (et de la petite cellule) où son incapacité à trancher entre les deux femmes l’a finalement assigné (sans un sou). Les trois rencontres s’avèrent évidemment trois échecs sordides qu’il traverse avec héroïsme, c’est-à-dire dans la peau d’un autre. Voilà précisément ce...
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Cleptomane des livres qu’il voudrait écrire et incapable d’engagement conjugal, l’auteur s’inscrit à un club de rencontres pour tromper le dilemme où le plonge un amour fraternel et un amour charnel qui s’excluent, et le laissent seul. Il obtient trois rencontres gratuites, trois épreuves auto-infligées pour sortir de la dépression (et de la petite cellule) où son incapacité à trancher entre les deux femmes l’a finalement assigné (sans un sou). Les trois rencontres s’avèrent évidemment trois échecs sordides qu’il traverse avec héroïsme, c’est-à-dire dans la peau d’un autre. Voilà précisément ce qu’il lui fallait pour commencer d’écrire le livre qui le sauvera de son activité de voleur de livres.
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Pour son premier roman, Éric Meunié illustre cet art déstructuré - ou autrement structuré -, dont il n’est certes pas l’inventeur mais qu’il applique avec un scrupule extrême. Sans concession, il s’est établi dans un lieu d’écriture paradoxal, acceptant ou recherchant le dédoublement, ou même parfois la multiplication, de son narrateur, avant de le mettre en scène. D’où cette « confusion » dans les « peines » : ici celles du coeur et du sens. Celle du sujet aussi et de la personnalité qui, grammaticalement, est censée la désigner - ce qui, dans le livre de Meunié, ne va jamais de soi. Dernier motif de trouble : la « contagion ». Une continuité imaginaire existe entre le geste de lire et celui d’écrire ; sans toujours s’en apercevoir, on devient, écrivant, « voleur de paroles ».
Par Patrick Kéchichian, Le Monde des livres, 2 février 2001.
C’est une constante de ce livre jubilatoire que de sans cesse réajuster le tir (ou le bonnet), d’aller au plus près du terme juste pour le harceler jusqu’à obtenir une description précise, pas souvent à l’avantage d’un héros aussi indécis que désabusé et finalement bien sympathique… […] Éric Meunié se joue des ingrédients de son art avec une maestria qui n’ignore ni l’ironie, ni l’humour, et se révèle de facto l’antidépresseur ad hoc pour se sortir de l’affaire dont traite le livre…
Jean-Marc Baillieu, Cahier critique de poésie, janvier 2001