— Paul Otchakovsky-Laurens

MW

Isabelle Waternaux, Mathilde Monnier et Dominique Fourcade

« La séance a eu lieu en mars 2001. Elle a duré un peu plus de deux heures, un après-midi. Dans un studio de 8,60  m de long, 7,65 m de large et 2,84 m de hauteur, à l’intérieur duquel Mathilde Monnier a improvisé dans un périmètre restreint, en arc de cercle contre le mur du fond sur une longueur de 4 m, avec un rayon de 2,80 m environ. Isabelle Waternaux a pris 99 photographies. Le temps séparant une photo d’une autre pouvait varier de une à deux secondes à quatre ou cinq minutes. Monnier continuait de danser pendant qu’Isabelle Waternaux rechargeait l’appareil (toutes les dix prises, le temps passé à recharger variant...

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La presse

… En fait, la nudité invite à aller dans un autre état. Quand ça s’est terminé, j’ai eu l’impression d’être passée dans une sorte d’état second. Il fallait absolument que je me « barre », et dans ma tête, et dans la danse, pour ne pas voir la situation. Et, tout à coup, je me suis aperçue que c’était la danse qui habillait le corps. Car, rester nue, sans bouger, était absolument impossible. Seul le mouvement m’a permis de créer ce que je considère comme un vrai solo.


Propos recueillis par Lise Ott, Le Midi libre, 23 novembre 2001



Le sujet de ce livre c’est Mathilde Monnier, et c’est surtout la nudité. Elle réexplique ce que c’est d’être nu, et aussi d’être nue. C’est la première fois que je vois ça. J’ai vu des spectacles de danse où les danseurs étaient nus, des spectacles de théâtre, j’ai vu des films avec des scènes nues, j’ai vu les photos de Mapplethorpe, j’ai vu les photos de Nan Goldin, j’ai vu le calendrier Pirelli, j’ai vu L’Eté meurtrier avec Adjani, Le Mépris avec Bardot, Les Idiots de Lars von Trier… Mais là c’est quelque chose d’autre.


Là je comprends qu’un corps nu n’est pas fait pour être vu, ce n’est pas un sujet de spectacle, au contraire. Mathilde Monnier me réexplique que, quand on se met nu, on se cache, que c’est ça la base de la nudité. La logique de la nudité, c’est le privé. Et qu’elle, quand elle danse nue, eh bien, c’est seule enfermée dans un studio, avec juste l’objectif d’un appareil photographique, l’enregistrement, le témoin sans lequel il n’y a pas d’acte artistique, évidemment. Ce qui est fait pour être vu, ce n’est pas le corps nu donc, c’est la danse, c’est l’acte artistique. L’acte artistique est toujours fait pour être vu, à la différence du corps nu, qui est fait pour être caché. Dans ce livre, elle résout ce mouvement contraire, cette contradiction. La danseuse est nue. Et comme elle est nue, il n’y a pas de public, il n’y aura pas de public. Il y aura des lecteurs, après. Elle ne se montre pas, elle ne s’expose pas, elle ne pose pas, elle danse. Elle ne montre pas son intimité, elle danse. Elle danse nue, ce qu’elle n’a jamais fait sur scène. Jamais Mathilde ne s’est déshabillée devant tout le monde. […] Dans MW la danseuse est nue comme chez Degas la danseuse était nue, pour moi la lignée est là. Ce n’était pas un spectacle, c’était comme ça, la nudité existe.


Christine Angot, Le Nouvel Observateur, 13 décembre 2001



Du regard porté par la première, sur le corps nu de la seconde improvisant une chorégraphie, est née une série de clichés simples, silencieux et justes à partir desquels le poète, Dominique Fourcade, intervenant à son tour, médite : sur les temps respectifs de la danse et de la photographie, sur le corps inventé par le mouvement chorégraphique et par la nudité. Qui dit le corps et le temps dit la mort ; et la voilà de toute façon qui, un certain jour de septembre, rattrape brutalement l’écrivain isolé dans ses pensées, donnant dès lors à son texte – et à ce livre – sa conclusion, non pas désespérée, mais urgente.


La Croix, 20 décembre 2001



La dureté des muscles et des os sous la peau rosée. Une sincérité minérale révélée par la photographe. […] On aime le texte [de Dominique Fourcade], traversé par les attentats du 11 septembre, dans lequel il évoque la rencontre historique qui eut lieu, en 1942, entre la chorégraphe Martha Graham et la photographe Barbara Morgan, en présence du poète Williams Carlos Williams. Cette séance de photos avait la mort pour thème : « Dans son poème dédié à Graham, Williams dit que la mort est dans les appartements de la danse… »


Dominique Frétard, Le Monde, 21 décembre 2001