La question qu’ouvre ce livre ramène nécessairement à l’inépuisable dialogue entre Cratyle et Hermogène, chez Platon. Cratyle s’attachant au sens des mots, tel qu’il a été d’après lui défini une fois pour toutes (ainsi dirait-on toujours, aujourd’hui, que « formidable » ne devra jamais dire qu’« effrayant », « redoutable », ou que « scabreux » doit définitivement signifier, comme à son origine, « escarpé », « abrupt », « raboteux »). Hermogène, lui, plaide pour la convention, le contrat,...
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La question qu’ouvre ce livre ramène nécessairement à l’inépuisable dialogue entre Cratyle et Hermogène, chez Platon. Cratyle s’attachant au sens des mots, tel qu’il a été d’après lui défini une fois pour toutes (ainsi dirait-on toujours, aujourd’hui, que « formidable » ne devra jamais dire qu’« effrayant », « redoutable », ou que « scabreux » doit définitivement signifier, comme à son origine, « escarpé », « abrupt », « raboteux »). Hermogène, lui, plaide pour la convention, le contrat, l’évolution, le glissement de sens à partir du moment où un accord général se fait. Globalement on peut dire qu’Hermogène a raison, de plus en plus raison, et que Cratyle a tort, de plus en plus grand tort. L’ennui est que Cratyle n’a pas tout à fait tort, d’une part, et que son tort, qui pis est, se révèle souvent plus séduisant, plus riche, plus littéraire que la raison d’Hermogène – de sorte qu’on n’échappe guère à la tension maintenue, entre les positions de l’un et de l’autre ; ni n’arrive-t-on seulement à le souhaiter vraiment.
Indéfiniment vibrante, la corde tendue par leur échange définit un grand arc où n’a pas de mal à se loger une discussion détaillée, point par point, ligne à ligne, de ce qui fut en son temps « l’affaire Renaud Camus ».
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