— Paul Otchakovsky-Laurens

Imitation

Marc Cholodenko

Dans cette « imitation », il est fait comme si.
Comme si on pouvait penser la pensée, temporer le temps. Comme si l’implication même qui nous fait percevoir du successif pouvait être expliquée. Comme si on pouvait formuler ce qui formule.
Ainsi, cette utopie uchronique ou cette uchronie utopique n’imite rien. Elle imite comme si imiter était un verbe intransitif dont le lointain synonyme serait être comme penser, penser comme être condensés et mis à plat en une relation impossible : écrire.
Cette imitation relate cependant quelque chose, une poursuite du sens, étant entendu que le sens ne peut être autrement, en dernière instance, que d’imiter le...

Voir tout le résumé du livre ↓

Consulter les premières pages de l'ouvrage Imitation

Feuilleter ce livre en ligne

 

La presse

Le narrateur d’Imitation est voyeur de lui-même. Il expérimente avec passion, et l’écrivain avec lui, en même temps que lui, l’étrangeté radicale de Rimbaud, le je est un autre, l’altérité de soi pour soi-même. C’était déjà le même thème dans Les Pleurs, traité à partir de la conversation des personnages. L’Imitation le traite sous la forme d’un monologue qui, pourtant, ne doit rien au narcissisme, parce que ces pages magnifiques sont hantées par le sentiment de la création arbitraire d’un dieu caché et qui ne nous doit rien.

[…] la langue de Cholodenko s’est simplifiée depuis ses premiers livres. L’auteur éblouissant a laissé place à un chercheur méticuleux, attentif au moindre tremblement. Mais c’est toujours le même style, né de la conscience, ce style qui donne à Imitation cet air de chant d’Orphée, à l’écrivain son genre nouveau d’échappé des enfers. Peut-être est-ce d’eux qu’il écrit : « Je veux y rester suivre la phrase jusqu’à la fin. » C’est la poésie même, celle qui fait de Cholodenko notre contemporain fraternel, parce qu’il est un maître de son art.


François Sureau, Le Figaro littéraire, 24 avril 2003