— Paul Otchakovsky-Laurens

White

Marie Darrieussecq

Où ? Au Pôle Sud.

Quand ? Dans un futur proche.

Qui ? Un homme et une femme.

De l’aventure ! Du froid ! Du chaud ! Des spectres ! Des bons et des méchants ! De l’amour !

Jusqu’à quel point faut-il se débarrasser des fantômes pour faire l’amour ?

 

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Traductions

Danemark : Tiderne Skifter | Espagne : El anden | Italie : Ugo Guanda Editore | Pays-Bas : De Arbeiderspers | Portugal : ASA | Royaume-Uni : Faber & Faber, Quiddity Films | Suède : Nordstedts

La presse

... dans un monde réduit à presque rien, c’est une subtile exploration des sensations, auditives surtout, mais aussi visuelles et tactiles.


Isabelle Martin, Le Temps, 30 août 2003



Déterritorialisation des genres - le roman d’amour squatte le roman d’aventures, comme si la rencontre entre deux êtres était l’ultime aventure, et l’autre l’ultime corps étranger à conquérir aujourd’hui - et devenir monochrome de l’écriture, non pas écriture blanche, mais écriture « white ». Aussi étirée que l’infini monochrome de la Terre, aussi condensée que les liquides figés par le froid, aussi immatérielle que les mirages formés par l’air chargé de cristaux de glace, la réverération du blanc. Aussi silencieuse qu’explosée de chaque son, comme reproduit intact  - intact dans sa brusque et incongrue apparition dans ce vide inhumain  - au creux de la phrase. [...]
L’alchimie produit de la poésie, des corps brouillés, des mirages, du merveilleux dans un monde de plus en plus défini par la technique. Et Marie Darrieussecq est une alchimiste, qui change sous nos yeux une expédition ultratechnique en conte givré, comme pour mieux trahir la censure amoureuse, fantasmagorique, du tout-technologique ou du tout-psychologique.


Nelly Kaprièlian, Les Inrockuptibles, 2 septembre 2003



Roman de sensations plus que de narration, White n’a pas à subir les fluctuations de la prose classique. Mais il ne cherche pas davantage à les éviter. Son auteur ne raisonne pas contre - quelque chose ou quelqu’un - mais avec. [...] White confirme : tout y est blanc. Mais entre les blancs se niche l’essentiel.


Pascal Gavilet, Tribune de Genève, 25 août 2003



En attendant de savoir si Pete et Edmée vont bien vouloir suivre le chemin que la logique du récit leur trace, [les fantômes] vont proposer au lecteur une narration légère et efficace, dont le lecteur découvrira tous les clins d’oeil, les subtilités , voire le côté carrément farce. Comme le dit l’auteur à propos d’un livre d’enfant trouvé dans la bibliothèque du bateau qui l’amène à pied d’oeuvre, « le récit fonctionne sur le principe de la mise à jour des secrets ». Sauf qu’ici les fantômes remplacent le petit doigt de Maman qui sait tout.


Alain Nicolas, L’Humanité, 4 septembre 2003



White (...) : une sorte de poème, doux et drôle, mathématique et fantastique, dans lequel certaine perception du monde - matérielle, presque mathématique, autant que sentimentale - est mise en mots, en impressions, en visions, en équations.


Nathalie Crom, La Croix, 4 septembre 2003



Une image chasse l’autre, une impression parasite une pensée, une sensation débarque une réflexion. Elle invente une langue modèle pour raconter la vie vécue de l’intérieur, le cerveau qui imprime tout et à toute allure, la pensée qui joue à saute-mouton. Comme elle l’avait déjà prouvé dans Bref Séjour chez les vivants, la romancière n’a pas son pareil pour rendre le faux désordre des cauchemars, pour conter la réalité comme un rêve éveillé. Son style d’exploratrice trouve un terrain vierge idéal dans le grand blanc de l’Antarctique.


Olivia de Lamberterie, Elle, 22 septembre 2003



La fille de neige


Sous couvert d’expédition polaire, Marie Darrieussecq nous entraîne avec White dans un voyage dans le sens, les mots et les sons. Jubilatoire.


White, de Marie Darrieussecq, est sans doute le roman le plus inventif de l’année 2003, et l’on peut regretter qu’il ait été oublié de la critique en général et des jurys littéraires en particulier, même si l’auteur n’a pas besoin de cette reconnaissance officielle pour exister. L’œuvre de Darrieussecq fait penser à Lautréamont : le rêve du pourceau, au chant IV, commençait par ces mots :
« Je rêvais que j’étais entré dans le corps d’un pourceau... quand je voulais tuer je tuais. » Truismes en découlait. Le passage de Falmer ou le spectre de Maldoror voltigeant au-dessus du Panthéon, c’est Naissance des fantômes. White, c’est l’hymne à l’Océan, l’homme amphibie, ou même la « fille de neige » qui fait une apparition au chant VI. Ceux qui se reconnaissent dans les magnétiques tempêtes du Montévidéen vont suivre Darrieussecq dans ce nouveau voyage. Rien à voir avec la littérature de nos modernes têtes molles, cherchant l’anecdote, l’apex et la chute, la psychologie et les symboles. Il s’agit d’incantation, de plaisir, de sens, de couleur, de douleur, du corps et de l’âme. Si on court après des bulles, on manque le rythme, le feu, la glace.
De White, je dis voyage, mais non pas dans un pays, ou dans un temps. Un voyage dans le sens, dans les mots, dans les sons. On fait un pas de côté, on pénètre un monde parallèle, comme pour quitter la coque humaine.White, c’est une entrée dans le monde de Nemo, ou du capitaine Hatteras suivant la route de Makemson vers le pôle. Comme Rimbaud, Edmée Blanco part pour l’extrémité du monde sur un navire qui n’a pas de nom, un aviso, ou peut-être un brise-glace en compagnie de fantômes, cet équipage de bric et de broc recruté pour l’opération « White » (une base européenne sur le continent antarctique), précédé des spectres de Scott mort entouré de ses rennes et de ses poneys, d’Amundsen entraîné par ses chiens cannibales, ou de Shackelton naufragé avec son équipage sur une île au sud du Chili. À bord de son « Twin Otter », Pete Tomson (islandais, whatever his name) rejoint les voyageurs au pôle. C’est tout. De cette exploration moderne (repérage satellite, combinaisons isolantes et Velcro –  scritch) Marie Darrieussecq extrait un chant à l’humanité, cette poudre vivante souffrante accrochée aux régions fertiles, attirée invinciblement par les vortex vides des pôles où tourbillonne le vent solaire et où chaque geste déclenche une hyperesthésie et un éclair électrique. L’on pense sans cesse à Lautréamont, à sa fureur lexicale, aussi à Rimbaud, à son goût provocant pour la langue anglaise, à Hugo pour les onomatopées (à Pratt, donc).


Un temps d’éternité


Plongez dans ce livre merveilleux, entrez dans cette jubilation. Vous sentirez les mouvements de la mer contre la coque du bateau comme sans doute jamais vous ne les avez ressentis. Vous traverserez les rideaux glacés de l’atmosphère, vous connaîtrez l’ivresse d’être debout sur l’un des deux toits de la planète, dans l’absolu : si le noir est l’absence de couleur, la toile de fond entre les étoiles, le truc tendu dans la soupente de l’univers – « le blanc est la fusion du rien… mais l’on voit se balancer les cimes vertes, et certains même l’affirment : on sent l’odeur puissante de la terre habitable ». Sans retenue, laissez-vous entraîner dans un langage où les sons crépitent, irradient le sens, comme ces étincelles qui accompagnent l’amour entre Edmée et Pete, E et P, un temps d’éternité volé à l’immensité vide de la nature qui n’a pas besoin des hommes, des femmes. Où les éclairs sont « zoon ! shlak ! ». Où les fantômes des idées s’accrochent aux haubans en oiseaux gelés,«  ziiii ! Et hop et crac et chchch... ». Voyez comment l’amour vient à bout des spectres, comme dans le grand ciel crépusculaire où Lautréamont lançait des vols de spermatozoïdes. L’exploration finale du monde c’est, dans le secret de l’utérus, la rencontre de ces corpuscules d’une « longueur maximum de 60 microns, frétillant de la queue et pointant du museau, et d’une sphère d’environ un quart de millimètre de diamètre » flottant rêveusement dans « un milieu opaque » et « totalement dépourvu de raison. » Peu de romans parlent aussi bien d’amour et de chimères, la seule vérité dans cet univers où l’indifférence est souveraine. « Où le sang bat, la mer est belle, la Terre tourne, et aux deux pôles, tout est calme et blanc. »


J. M. G. Le Clézio, Le Point, le 21 novembre 2003.



Agenda

jeudi 25 avril
Marie Darrieussecq à la Fondation Deutsch de la Meurthe (Cité internationale universitaire de Paris)

Fondation Deutsch de la Meurthe (Cité internationale universitaire de Paris)
27C, boulevard Jourdan
75014 Paris
 

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24 mai 19h
Marie Darrieussecq à Sète, librairie l'Echappée belle

Librairie l'échappée belle

7 rue Gambetta

34200 Sète

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Du vendredi 24 au dimanche 26 mai 2024
Neige Sinno, Marie Darrieussecq, Arthur Dreyfus, Ryoko Sekiguchi, Marielle Hubert au Festival Oh Les beaux Jours à Marseille

Le festival Oh les beaux jours ! est produit par l’association
Des livres comme des idées.

3, cours Joseph Thierry
13001 Marseille
France

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Et aussi

Marie Darrieussecq Prix des Prix 2013

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Marie Darrieussecq, Prix Médicis 2013

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Nous sommes Charlie, par Marie Darrieussecq

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Vidéolecture


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