Comprendre la vie
Prix du Zorba 2012
Charles Pennequin
« Tous les matins je me lève je suis mort de rire », cette phrase, on la trouve à la page 22 du nouveau livre de Charles Pennequin et elle en donne bien la tonalité. Quant à cette autre : « tout amour vrai est un coup foireux porté à soi-même » elle en indique sinon le sujet principal, au moins une préoccupation récurrente car s’il s’agit de « comprendre la vie » l’amour est une question centrale… Ainsi entre rire grinçant, tragique et comique à la fois, et interrogations qui cachent soigneusement leur gravité derrière une véhémence grotesque sans pitié, Charles Pennequin se...
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« Tous les matins je me lève je suis mort de rire », cette phrase, on la trouve à la page 22 du nouveau livre de Charles Pennequin et elle en donne bien la tonalité. Quant à cette autre : « tout amour vrai est un coup foireux porté à soi-même » elle en indique sinon le sujet principal, au moins une préoccupation récurrente car s’il s’agit de « comprendre la vie » l’amour est une question centrale… Ainsi entre rire grinçant, tragique et comique à la fois, et interrogations qui cachent soigneusement leur gravité derrière une véhémence grotesque sans pitié, Charles Pennequin se livre à un massacre en règle de toutes les croyances, les habitudes, les illusions qui nous aident à vivre. Il le fait à sa manière inimitable, maîtrisée comme jamais, qui mêle une connaissance parfaite, intime presque, des tournures les plus populaires, des références d’une trivialité réjouissante, une sensibilité exacerbée, et un talent de la scansion qui fait quasiment entendre la voix de l’auteur.
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La presse
« Tous les matins je me lève je suis mort de rire. » Étouffé de rire dans le sac du jour, le lieu le plus bas, là où ça sent l’être, « chez Plumeau » qui « crève dans sa peau ». Ch’ais plus mots, mais ça coule et dégorge avec l’énergie de la mort : livre-sac où s’agite un corps lesté qui là-dedans court à sa perte gauchement comme on pense chez Beckett, en attendant Fangio, vers le bas toujours car « l’homme est un poids ». C’est liquide et organique, sans ellipses possibles pour bien comprendre la vie : manuel de guerre et de grammaire par l’exemple, qui charrie les discours plats ou creux « comme un trou qui pense », toujours à la limite d’y tomber pour les revisiter de l’intérieur et c’est sa force, texte pansu et même avec soi sans réconciliation, où il s’agit de refuser d’être le bousier de l’utile et de « fermer sa gueule » jusqu’à la fin exclusivement.
Dominique Quélen, CCP, mars 2011.