Le texte de Manuel Joseph est sous la forme d’un récit, un roman qui raconte l’installation dans son nouvel appartement – et les péripéties de cette installation – d’un homme dont on ne sait s’il sort de prison, d’une cure de désintoxication, d’un séjour en HP, ou des trois à la fois. Réadaptation difficile, pour le moins… Elle permet, en tout cas, par le regard aigu et méticuleux que porte le personnage sur la réalité qui l’entoure, de mettre en question notre propre regard sur cette même réalité. La précision des descriptions, la manière dont elles sont reprises, répétées, modifiées...
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Le texte de Manuel Joseph est sous la forme d’un récit, un roman qui raconte l’installation dans son nouvel appartement – et les péripéties de cette installation – d’un homme dont on ne sait s’il sort de prison, d’une cure de désintoxication, d’un séjour en HP, ou des trois à la fois. Réadaptation difficile, pour le moins… Elle permet, en tout cas, par le regard aigu et méticuleux que porte le personnage sur la réalité qui l’entoure, de mettre en question notre propre regard sur cette même réalité. La précision des descriptions, la manière dont elles sont reprises, répétées, modifiées imperceptiblement au long de ces répétitions met rapidement mal à l’aise. D’autant plus que le texte est coupé d’extraits de documents militaires ou administratifs dans lesquels l’auteur souligne l’utilisation récurrente de termes médicaux pour métaphoriser les actions les plus violentes contre, ennemis de l’intérieur ou pas, terroristes, opposants : cela prolonge et élargit le cadre initial et l’universalise.
Pour répondre à ce texte, cinquante photos en quadrichromie de Myr Muratet. Scènes, personnages et paysages de banlieue principalement, à distance de réflexion : pas humanistes, pas anecdotiques, plutôt « objectaux » mais aussi anthropiques. Ces photos donnent un singulier relief au texte de Manuel Joseph. Et réciproquement. Myr Muratet expose régulièrement, et intervient notamment dans la revue Vacarme
Le Centre national des arts plastiques subventionne en partie l’édition de ce livre.
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« Ce travail est un disque ou une pièce de monnaie posée sur la tranche ». Essayer alors de Ie garder en équilibre le plus longtemps possible. La composition duelle du livre nous aide : textes et photos I textes fictionnel et référentiel I textes fictionnels de la « semaine hantée » et des « cagoules blanches ». Manuel Joseph a construit un récit semiconducteur avec des documents militaires et le récit à la première personne d’un personnage à la dérive. Il s’agit de pathologies à conjurer. Vérifier que la porte de la deuxième chambre est bien fermée, s’assurer que le kyste de la subversion a été extirpé, sont leurs actions conjointes. Sécurité. « n’est plus assurée ». « Je ne vais pas bien » comme ne cesse de le répéter le personnage principal. Chercher à structurer son temps. Trouver l’ordre des choses. On assiste à l’émergence d’une parole. Instable, finalement en toute logique, la pièce finit par tomber. C’est pile.
Lorenzo Menoud, Cahier critique de poésie n°23, 2012