— Paul Otchakovsky-Laurens

On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux

Robert Bober

Ce quatrième roman de Robert Bober s’appelait initialement Je vadrouille autour de mon passé.


Je vadrouille autour de mon passé, j’en ramasse, ici et là, de menus morceaux, il en traîne un peu partout, je tâche à le reconstituer, comme si l’on pouvait exister une fois de plus…

(Henri Calet, Le Tout sur le tout)


Et si ce texte qui décrit au plus près la démarche de Robert Bober figure toujours en exergue du premier chapitre, il a été finalement préféré trois vers de Pierre Reverdy qui disent parfaitement l’atmosphère qui règne dans ce livre où le personnage principal, Bernard, qui est...

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Traductions

Allemagne : Antje Kunstmann | USA : The New Press

La presse

Jules, Jim et…Robert


Né en 1931 en Allemagne, de parents juifs d’origine polonaise réfugiés en France en 1933, Robert Bober intitule «  roman » ce très beau récit qui tisse en effet des réseaux de correspondances romanesques. Chercher à y démêler le vrai du faux ne serait pas du jeu, il faut laisser sa grâce intacte, même si trop de détails coïncident avec ce que l’écrivain connut et avec ce dont il souffrit. Pour maintenir le réel à distance, Bober s’est d’ailleurs amusé à se dépeindre comme comparse et à confier les rênes du récit à un narrateur nommé Bernard Appelbaum, domicilié au 7 de la rue Oberkampf, Paris XIe, qui n’est pas censé être lui.
« Il y a un moment où l’écriture ne peut remplacer la mémoire mais permet de la reconduire. Plus une situation est intense et plus elle est souvent douloureuse, et c’est à cet instant que le pathos doit être mis de côté », a-t-il écrit ailleurs. C’est d’une écriture toute simple, sans la moindre afféterie stylistique, qu’il nous invite à naviguer dans un passé où, sans cesse, comme dans une symphonie d’échos et de coïncidences, Bernard Appelbaum (son double ?) découvre que se superposent des événements familiaux, des mythes historiques, des faits littéraires ou cinématographiques, et la coïncidence des destins d’hommes et de femmes qui ne se connaissaient pas.

Embrasser Laura


Au début, par exemple, Bernard Appelbaum rencontre ce fameux Robert, qui fut quelques années plus tôt son moniteur de colonie de vacances dans les Landes. Devenu assistant de François Truffaut, Robert enrôle illico Bernard comme figurant sur le tournage de Jules et Jim, situation qui engendre trois niveaux de sensations. L’expérience personnelle de Robert Bober (il fut réellement assistant de Truffaut) lui permet d’évoquer d’abord le tournage de cette adaptation du roman d’Henri-Pierre Roché, avec citation de la feuille de service, détail d’une scène de bistrot tournée place des Fêtes, convocation des fantômes d’Henri Serre et de Jeanne Moreau.
Au cours de cette scène, le hasard met le narrateur en présence de Laura, une jeune fille disparue de son horizon et dont il est amoureux. Il doit l’embrasser pendant que la caméra passe devant eux. Truffaut fait trois prises, Bernard peut embrasser Laura trois fois. Il espère plus, mais elle lui fera comprendre que les choses doivent en rester là. L’effet de confusion est parfait, qui brouille l’incertitude de Bernard (l’assistant a-t-il fait exprès de lui faire retrouver cette ancienne copine de colo qui lui chavirait le cœur ?), celle du lecteur (Bober a-t-il vécu cette scène, ou nous plonge-t-il là dans le factice ?), et l’illusion créée par la fiction cinématographique, pour laquelle il faut faire semblant. Quelques pages plus loin, allant voir le film en salle et se rendant compte que ce plan, fétiche à ses yeux, a été coupé, le narrateur voit son rêve doublement estompé : de ce baiser volé, il n’y a pas trace !
Troisième collusion entre le film et la vérité : en sortant de la salle, Hannah, la mère du narrateur, lui avoue que l’histoire de Jules et Jim (celle que vécurent le romancier Henri-Pierre Roché, Helen Grund et Franz Hessel) est l’écho de la sienne, puisqu’elle est la survivante d’un amour à trois : elle a été courtisée par Yankel et Leizer, deux jeunes juifs connus en Pologne au temps des pogroms. Bernard est le fils de Yankel, qu’elle épousa et qui fût arrêté en 1942, quelques jours après la rafle du Vel’ d’Hiv, sans retour. Hannah retrouvera ensuite Leizer, rescapé d’Auschwitz en 1946 et eut un second fils avec lui.
Le titre de ce livre foisonnant est tiré d’un ouvrage de Pierre Reverdy. Sa trame offre un puzzle subjectif qui se recompose, au gré d’un vagabondage passant par Montmartre, le Casque d’or de Jacques Becker, la Commune et Jules Vallès. Des photos ramassées aux puces de Saint-Ouen et des recherches dans les journaux compulsés à la Bibliothèque nationale. La fréquentation de Robert Giraud (piéton de Paris, ami de Robert Doisneau), dont le vice était d’« aimer les histoires », le destin des juifs et l’intérêt de Georges Méliès pour l’affaire Dreyfus. Le tournage de Trapèze au Cirque d’Hiver, à deux pas de l’appartement de Bernard, et le judaïsme du clown Pipo. La révélation que Leizer mourut dans l’accident d’avion où disparut Marcel Cerdan aux Açores, l’exil aux États-Unis de la tante Esther qui en pinçait pour Harpo Marx et qui fut chorus girl à Broadway. Enfin, les cours de Vladimir Jankélévitch distillant de petites phrases qui soulignent que « c’est l’instant qui dure très peu de temps qui est précieux ».


« Je suis vous »


Au fil de cette épopée intime, Robert Bober élabore pour son personnage une philosophie de vie. Légitimement enclin à maudire un passé meurtrier, Bernard apprend à privilégier les radieuses émotions fugitives. En plongeant dans le passé des autres, il redécouvre ses illuminations. Les trois baisers à Laura, le sexe entrevu d’une certaine Suzy dans une cabine de bain, les anecdotes concernant sa grand-mère, qui confondait la Juve (Juventus Turin, club icône des amateurs de football) avec la juive, ou qui lisait tout haut les répliques de John Wayne avec l’accent yiddish.
« Et moi, qu’est-ce que je suis dans cette histoire ? L’auteur ? Le compère ? Un passant ! Je suis vous, n’importe lequel d’entre vous. Je suis l’incarnation de votre désir de tout connaître », observe-t-il. Un autre cinéaste lui ouvre les yeux. Ces mots, un temps glissés dans le roman sous la plume de Bernard Appelbaum, affirmant que le « passé est plus reposant que le présent, et tellement plus sûr que l’avenir », sont prononcés au début d’un film de Max Ophuls, La Ronde. Bernard doute. Il comprend que sa mère ait adulé son passé polonais, mais lui-même charrie trop de peines rétrospectives. Il ne comprend pas non plus que le narrateur du film affirme ces phrases, puisqu’elles ne figurent pas (il vérifie) dans la nouvelle d’Arthur Schnitzler, dont le scénario est une adaptation. Jusqu’au jour où il a une révélation. Mort en 1931, Schnitzler n’a pas connu l’Holocauste, qui inspire cette sagesse au juif Ophuls lorsqu’il tourne le film en 1950 et ajoute ce prologue.

Tout le roman en flash-back de Robert Bober est découverte épicurienne, exhortation à savourer les petits bonheurs instantanés, à rendre grâce aux éblouissements évanouis, à « capter cette occasion qui passe », comme l’enseigna Jankélévitch.

Jean-Luc Douin, Le Monde 3 septembre 2010




Bober, le tourbillon de la vie


Du Vél d’Hiv à Jules et Jim, traces d’un Paris disparu


Plusieurs personnages réels croisent la route du jeune Bernard Appelbaum, le héros du nouveau roman de Robert Bober, qui s’appelle On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux (d’après Reverdy), et avait pour titre à l’origine Je vadrouille autour de mon passé (Henri Calet). Puisque nous en sommes aux citations, celle qui figure au dos du livre le définit aussi bien. Bober, dans ses films comme dans ses livres, immortalise les disparus : « Si la vie est éphémère, disait Vladimir Jankélévitch, le fait d’avoir vécu une vie éphémère est un fait éternel. » Robert Bober lui-même est l’un des personnages réels de son récit, nous le reconnaissons à son seul prénom. Robert fait des repérages pour Jules et Jim, le prochain film de François Truffaut, dont il est l’assistant, quand il rencontre Bernard Appelbaum. Ils se sont connus à Tarnos, en 1953. Bober avait alors 22 ans, l’âge de Bernard à présent, il était moniteur de la colonie de vacances où venaient les enfants de déportés.


La Juve


Bernard, en 1953, avait l’âge qu’a maintenant son petit frère, Alex. Si on éclate de rire en lisant , c’est à cause de lui, Alex, qui se chamaillait avec Boubé, leur grand-mère venue de Pologne, quand il était petit. Un soir, Boubé garde Alex, qui veut allumer la télé alors qu’il n’en a pas le droit. « Devant son insistance, Boubé lui avait demandé ce qu’il y avait de particulièrement intéressant à la télévision pour s’obstiner à ce point. “Il y a la Juve. – La Juive ? Quelle Juive ? Qu’est-ce qu’elle fait à la télévision, la Juive ? – Elle joue au foot.” » Alex se prend une claque, pour une insolence qui n’en était pas une. Il y a aussi la fois où c’est lui qui s’indigne : « “Boubé est antisémite avec les grenouilles”, criait Alex. »

Bernard se nomme Appelbaum, et son frère Alex Zygelman. Ils n’ont pas le même père. À Przytyk, en Pologne, Yankel Appelbaum et Leizer Zygelman aimaient tous deux Hannah. Le premier l’avait épousée, ils étaient venus en France avant la guerre, Yankel a été arrêté en 1942 après la rafle du Vél d’Hiv (Bernard avait 2 ans) et déporté. Il est mort à Auschwitz. Leizer a aussi été déporté, il a survécu, et rencontré Hannah par hasard à Paris en 1946. Trois ans après, il est mort dans le même accident d’avion que Marcel Cerdan. « Ainsi, pense Bernard, je ne me souvenais pas de mon père, mais je me souvenais du père de mon frère, qui, lui, ne s’en souvenait pas. »

Sur le tournage de Jules et Jim, grâce à Robert, Bernard Appelbaum fait de la figuration. Si vous revoyez le film, guettez les deux scènes où un homme passe, une échelle sur l’épaule. C’est Bernard. Et puis Bernard embrasse Laura, une jeune fille qu’il a aimée naguère à Tarnos, et que les lecteurs de Bober ont connue dans son roman Berg et Beck. La scène du baiser n’est pas retenue au montage, mais Bernard emmène sa mère voir Jules et Jim quand le film sort, en janvier 1962. Et c’est comme ça que Bernard apprend l’histoire des deux amoureux d’Hannah. Ensuite, il retournera souvent dans le café, derrière la Place-des-Fêtes, où Catherine (Jeanne Moreau) arrive trop tard à son rendez-vous avec Jim (Henri Serres).


Commune

Si Bernard Appelbaum n’avait pas fait de la figuration dans Jules et Jim, puis lu le roman d’Henri-Pierre Roché, il n’aurait pas écrit à la sœur de Leizer, tante Esther, qui fut chorus girl pour les Marx Brothers. Il n’aurait pas croisé le regard de son père, sur une photographie, à Auschwitz. Il est impossible ici de détailler l’enchaînement, puisque la grâce du livre tout entier repose sur lui. Les lieux et les circonstances dessinent une ronde, elle relie les fusillés de la Commune, les déportés juifs, et les morts de la manifestation anti-OAS à Charonne. Pour les accompagner, le chanteur Florencie, l’amateur d’art naïf Anatole Jakowsky, le conteur Robert Giraud sèment dans les rues leurs chansons et leurs histoires. Elles sont le sel de Paris.

Arrive un moment où Bernard Appelbaum prend conscience de sa vocation. La sensation d’appel qui transforme le spectateur en artiste, la nostalgie instantanée qui accompagne l’émotion comme le revers la médaille : On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux est le roman de cet apprentissage.
Tout y est vrai, réel, tout est vivant.


Claire Devarrieux, Libération, 26 août 2010



Robert Bober, dans les pas de ses souvenirs


L’écrivain publie un magnifique roman, foisonnante topographie personnelle où se rejoignent passé et présent. Rencontre.


Ce sont deux petits couteaux de tanneur, rangés près de son bureau, non pas comme des pièces de musée, mais comme des trésors familiers. Robert Bober s’en sert pour aiguiser la mine de ses crayons, quand son père tailleur coupait autrefois, avec, les pièces de cuir dans son atelier. Chez cet homme généreux et attentif aux relations, il en est de même pour chaque objet et pour chaque souvenir : il les conserve précieusement pour les ajuster dans un présent joyeux, non poussiéreux mais vivant et riche de son passé. Il a eu une démarche identique dans ses nombreux métier, recueillant, transmettant et réutilisant ce qui lui avait été donné.


Dans toute son œuvre (dont quatre romans et des centaines de films documentaires), on retrouve la notion de trace : celle que l’on recherche, celle que l’on laisse à sa suite, mais aussi celle du trait de crayon venant relier des points éloignés. On peut établir un parallèle entre son premier métier de couturier-tailleur dans les ateliers de confection après-guerre, où se sont retrouvé de nombreux juifs d’origine polonaise, et celui, actuel, d’écrivain. Sélectionner, découper, agencer, coudre, parfaire… l’approche est restée semblable pour le réalisateur, mû par le goût de montrer « les choses en train de se faire ». Ainsi le voyait-on, dans un film de 999 consacré à l’affaire Dreyfus, agencer les pièces d’un puzzle dans lequel étaient représentés les protagonistes du procès ; ou dans un générique de Lire et relire, où il collait une à une les séquences filmées d’une vie en compagnie des livres.


Recoller, ce fut aussi aider des enfants ayant perdu tout lien social à la suite de la guerre, comme moniteur ; ou plus tard mettre en lien des amis chers, Erri de Luca, Pierre Dumayet, André Schwartz-Bart, ou Georges Perec, lequel l’encouragea à écrire et le présenta à son éditeur, Paul Otchakovsky-Laurens. À ce dernier, Bober fera lire le magnifique Quoi de neuf sur la guerre ? chapitre après chapitre, lui apportant avec chaque nouveau feuillet une pièce de patron de costume en miniature. À la conclusion, il lui offrira l’ensemble sous un cadre qui orne toujours le bureau de l’éditeur : « C’est la représentation parfaite du travail minutieux de l’écrivain… », note celui-ci. « Robert vient du petit monde de la belle ouvrage, souligne aussi le réalisateur Isy Morgensztern. Dans le travail d’écriture, il a gardé cette idée du travail bien fait, du vêtement sur mesure dont on ne voit pas les coutures même si on le retourne. Je crois qu’il écrit comme ça, et comme il fait ses films : avec ce souci de conjoindre ensemble. »


Le roman qu’il vient de publier n’est pas conçu différemment (lire ci-dessous). Ce récit personnel mais fictif est peut-être une manière pour l’auteur, plus que les précédents, de donner une cohérence au chemin parcouru. Avec, encore, l’idée d’un puzzle à assembler, fait d’itinéraires (à Paris, à Vienne, à Auschwitz, à Berlin, voire de l’autre côté de l’Atlantique) et de rencontres réelles ou artistiques (les films d’Ophuls ou les rôles d’Harpo Marx).

Il a emprunté à Ophuls la métaphore de la ronde. « Ces hommes et ces femmes au milieu desquels je n’avais pas osé m’asseoir, dont je pensais que les souvenirs me tenaient à l’écart, me montraient des images de leur passé dont ils savaient qu’ils ne guériraient pas », confie le narrateur du roman. Il ne se détourne pas ici de son attention au Yiddishland, mais souligne peut-être plus qu’auparavant son inscription dans une famille plus large. « Plonger dans le passé des autres, explique-t-il, être accepté par les autres pour avoir ensuite accès à son propre passé. »


Attentif à cette chaîne précieuse rompue pour d’autres que lui (tels les enfants de déportés morts dans les camps), Bober va tisser sa propre mémoire à la mémoire collective. Ainsi évoque-t-il la France anti-OAS, des immigrés italiens ou des chansons populaires, jouant des allers-retours temporels. Il aime les hasards de la vie, « l’Occasion de l’instant » décrite par Jankélévitch (philosophe qu’il a lu en autodidacte, lui qui arrêta l’école au certificat d’études et dont les textes sont maintenant étudiés dans les collèges). C’est parce qu’il a eu le culot de proposer ses services à Truffaut que son narrateur a participé au tournage de Jules et Jim. Et c’est grâce à ce film, vu avec sa mère, qu’il a pu avoir accès à son passé, raconté par celle-ci en revenant du cinéma. L’auteur restitue avec une grande délicatesse cette histoire poignante de deux demi-frères unis par l’amitié de leurs pères. « Je ne connais sans doute pas d’homme dont la simplicité soit aussi raffinée ; et dont l’élégance et le raffinement soient aussi simples, confie son ami le comédien Denis Podalydès. Il est un transmetteur de sensations imperceptibles, de petites vérités bouleversantes. Sa phrase est à la fois d’une précision et d’une pudeur extrêmes, procédant d’un ajustement à la plus ténue des vérités. »


« Le contraire du faux n’est pas le vrai, mais le juste, souligne Bober lui-même, et parfois je ne comprends les choses qu’après coup. » Ce n’est pas par hasard s’il se promène beaucoup pendant la rédaction de ses livres. « Mon éditeur me dit que mes livres ont le charme de ceux qui ont appris à écrire “autrement”… Quand on est autodidacte, on vit les choses sans savoir qu’on les restituera un jour d’une manière inattendue. » Il est frappant de voir en effet combien sont aboutis les livres de cet écrivain qui fit paraître son premier roman à plus de 60 ans. Pour Paul Otchakovsky-Laurens, cette maturité s’explique en réalité très simplement : « Il est arrivé à un moment de sa vie où sa langue, sa culture, son histoire et ses pensées ont trouvé une voix. Il y a une fusion rare entre ce qu’il est et ce qu’il écrit. Comme une veste sur mesure qui tombe parfaitement. »


En écho à ces noms de lieux et de personnes qu’il grave dans ses livres, comme des balises sur sa route, Robert Bober a une attention aux mots secrets des autres : tels ceux en yiddish peints sur une toile par Chagall, ou d’autres par son ami Serge Lask, ce peintre calligraphe qui glisse ses photographies familiales derrière l’encre d’un texte écrit dans cette langue maternelle qu’il ne comprend pas. Pour Bober, les deux traduisent une forme d’universalité, à rapprocher de celle de la musique de son complice de longue date, le pianiste klezmer Denis Cuniot. « Il existe chez lui une dialectique entre une rigueur absolue et une capacité merveilleuse à lâcher prise, note le musicien. Robert aime les gens et l’histoire des gens, il est d’une hypersensibilité aux affaires du monde et appartient à ces gens qui sont dans le partage et l’intelligence collective. » Revenant sur l’image d’un puzzle à reconstituer, la conversation de Robert Bober chemine d’hommage en hommage, évoquant des souvenirs émus et des envies, plus que son propre livre. En exergue de celui-ci, il a choisi de citer Henri Calet : « Je vadrouille autour de mon passé », avant de lancer malicieusement, « J’ai du plaisir à ignorer les raccourcis pour rentrer chez moi. »


Sabine Audrerie, La Croix 9 septembre 2010


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Robert Bober, On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux , On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux - Entretien avec Alain Veinstein -Du Jour au lendemain -2 novembre 2010