— Paul Otchakovsky-Laurens

Regarde ça

Rémi Froger

Des actions, des scènes, des personnages bouleversés, décarcassés, rotatifs : une carte de géographie, un homme qui mange une pomme, une course poursuite, un mur qui passe à l’ombre, un talus de décharge, des coups de feu, une femme devant une porte, un mur, des déjections animales, un homme qui grille, un enregistrement de radar, une voiture et des camions, etc. Des jonctions, du mortier.
De début, il ne peut pas y en avoir, ni de fin. Mais des départs qui se succèdent, sans savoir. Une façon de s’oublier ou de lier le tout. Je me laisse là. Je scribe.

Le scribe ne dit rien d’autre que ce qui est écrit. Les phrases se font du monde, devant. Le scribe les...

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La presse

Ces 77 poèmes juxtaposent des segments non ponctués. Des tirets proposent une tension entre eux, une alternative à la ponctuation standard, une variation rythmique à la coupe. Les provenances de ces segments semblent diverses, pouvant tenir tant du journal – de par la présence de nombreux je –, que du centon ou des notes qui résulteraient de visionnages de films. Ce dernier point évoquera pour le connaisseur du travail de Rémi Froger son livre des prises de vues. Si celui-ci formait un tout en plusieurs parties décomposées en poèmes, regarde ça nous offre des poèmes tendant vers l’autonomie, revisitant ainsi la forme du recueil. Comme l’indique le titre, l’observation du réel, de la fiction, de leur fusion/confusion, est centrale dans ces poèmes vibratiles où les associations d’idées et de sensations ne semblent pas être imposées aux lecteurs, dans un effet de disparition élocutoire du poète.



Nicolas Tardy, Cahier critique de poésie, octobre 2012