Holly Louis
Elsa Boyer
Pour son premier roman, Holly Louis, Elsa Boyer voulait décrire des images. Ce sont des images de guerre, des images de territoire surveillé, des plaines, des déserts, des villes, des couloirs aussi, et des pièces. Quelqu’un regarde ces images depuis une salle de vidéosurveillance, un homme de la brigade en guerre contre les vieux. Dans cet univers d’anticipation, les vieux sont peut-être tout simplement des vieux, ceux qu’on voudrait exclure, dont on voudrait ne plus avoir d’images. Mais il se peut aussi qu’ils soient autre chose, des légendes, des super héros déformés, méconnaissables, des corps qui ont glissé vers un autre stade de l’évolution. Les...
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Pour son premier roman, Holly Louis, Elsa Boyer voulait décrire des images. Ce sont des images de guerre, des images de territoire surveillé, des plaines, des déserts, des villes, des couloirs aussi, et des pièces. Quelqu’un regarde ces images depuis une salle de vidéosurveillance, un homme de la brigade en guerre contre les vieux. Dans cet univers d’anticipation, les vieux sont peut-être tout simplement des vieux, ceux qu’on voudrait exclure, dont on voudrait ne plus avoir d’images. Mais il se peut aussi qu’ils soient autre chose, des légendes, des super héros déformés, méconnaissables, des corps qui ont glissé vers un autre stade de l’évolution. Les écrans confrontent ces vieux sans âge, cette forme de vie archaïque presque minérale et végétale aux images actuelles, sans histoire, de la vidéosurveillance. Dans la brigade en lutte contre ces vieux les choses ne sont pas plus claires, le chef fait des discours, murmure des paroles obscures, traîne là où il ne devrait pas et reste opaque. Holly Louis, c’est l’ennemi, un saint louche, une légende au corps refait, le personnage d’un film d’action qui se serait décomposé en route, un chef de gang ou un amant sur le retour. L’envie d’écrire ce livre est aussi venue à l’auteur en regardant des images de conflit qu’on peut trouver sur Youtube, en lisant des documents officiels mis en ligne par le site Wikileaks dans un langage administratif et inerte qui multiplie les descriptions d’assassinats, de corps ligotés abandonnés au bord des routes dans des pays en guerre. Elsa Boyer a voulu injecter dans ces matériaux une parole déformée, des personnages difformes agités d’émotions et au croisement de mille histoires.
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La presse
Elsa Boyer sur les bordures du temps
Dans son premier roman, Holly Louis, Elsa Boyer décrivait une confrontation singulière entre une brigade de police et un gang de « vieux » emmené par une légende sans âge : le difforme Holly Louis, baignant « dans la came et les drames depuis des siècles, plus vieux que certaines des rivières et des plaines de l’Ouest ». Personnage à l’identité floue, pris dans une déliquescence physique sans fin, le corps fuyant de Holly Louis était capturé par une série d’écrans de surveillance de la brigade, chaque écran correspondant à un paragraphe du livre ou l’action restait comme embryonnaire, saisie par saccades.
Une double influence, issue du monde contemporain des images, pouvait expliquer ce découpage par succession d’événements qui empêchait le récit de se clore sur lui-même. D’une part, l’alternance entre temps de pause plus ou moins long et enchaînement d’actions fugaces comme il en existe dans le jeu vidéo, d’autre part, les séquences au montage heurté, avec raccords dans l’axe, que l’on trouve parfois dans les images opératoires de l’armée américaine, comme le montre par exemple la vidéo Collateral murder postée par WikiLeaks sur YouTube. Ainsi l’écriture de Holly Louis contient dans son cheminement les effets dissimulés de cette expérience des images, sans que celles-ci deviennent pour autant le thème du roman. Il ne s’agit pas d’intégrer les nouvelles technologies de l’image au contenu d’une fiction, il s’agit d’opérer une transformation dans l’enchaînement des phrases qui soit fonction de la mutation qui affecte nos manières de voir [...]
Zoé Renard, Artpress, mai 2013