— Paul Otchakovsky-Laurens

Moisson #formatpoche

Prix Goncourt de la poésie 2013
Choix de poèmes
#formatpoche

Charles Juliet

Ce livre, s’il contient quelques poèmes inédits, est une anthologie, composée par Charles Juliet lui-même, de ses poèmes au long de plus de cinquante années de recherche, de tâtonnements, de découvertes. On y retrouve donc cette écriture si simple, si évidente mais aussi âpre, dure comme le silex et dense comme une terre nourricière, qui redonne leur sens immédiat aux mots, et leur valeur, et leur sonorité. Les titres des parties qui composent ce recueil révèlent bien l’itinéraire de l’auteur : « Enfance », « Effondrement »,  mais aussi « Ouverture »,...

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La presse

Merleau-Ponty écrit que « les chevaux ont en eux le "quitter ici, aller là" , parce qu’ils ont un pied dans chaque instant ». Dans Les Nouvelles Nourritures, Gide idéalise cette continue présence au milieu qui caractérise la vie animale. C’est la voie d’accès au bonheur. Permise aussi par l’enfance, topos que revivifie bellement le même Gide dans son Journal le 30 novembre 1929. Chaque poème de Juliet est comme la main négative de cette conception, apposée sur la terre friable de page, toujours en péril, car toujours en instance d’être rendue vierge (ainsi en est-il de l’entreprise finie de son propre journal). Pour Juliet, l’accès à une présence au monde, qui soit présence à soi, est impossible, jusque dans l’enfance. L’enfant, et l’homme qui se déplie, marionnette mal à l’aise, de ses fibres, sont tout entiers insatisfaction. Ne reste que la « peur toute-puissante qui instille / son venin » en nous.


Matthieu Gosztola, CCP, 2013



II lui a fallu trouver le courage de labourer le désespoir, oser croire que la terre glacée de son existence pourrait un jour être féconde. Les premières semailles relevèrent d’un ultime geste de survie. L’attente fut longue, le doute écrasant, le travail harassant. Puis l’automne est arrivé, époque des brumes s’évaporant dans le matin calme, des jours clairs sous un soleil qui ne brûle plus mais réconforte si bien, de la terre qui donne et donne encore avant le grand repos. Ceux qui le lisent savent que le mot, chez Charles Juliet, est aussi rare que modeste, sans tricherie, sans effet, toujours tendu vers l’essentiel. Il cherche à formuler cet informulable, ce noyau palpitant fait de lucidité, de compassion et d’humanité vibrante. Il vient des tréfonds de la souffrance et va vers la douce lumière d’une plénitude aussitôt mise en partage. C’est le sens de ce recueil, des premières pages sur l’enfance et les années sombres aux dernières, consacrées à l’apaisement, sans oublier cette magnifique Lettre à ML : « toi mon constant soutien/ma pierre d’angle/tu n’as jamais douté/jamais failli ».


Arnaud Schwartz, La Croix, novembre 2011

Et aussi

Charles Juliet Grand Prix de Littérature de l'Académie Française 2017

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