Où sont passés les rêves de Simon Meyer, ses rêves de cinéma, de grand spectacle ? Qu’est devenue sa passion pour les formes populaires ? Les emballements : reniés ; les collections : revendues ; l’appartement : vidé. La flamme est éteinte. Quand cette histoire commence, Simon quitte la ville pour s’établir dans son village d’enfance. Mais au moment de le rejoindre, un étrange événement le précipite dans un autre monde.
Le rideau s’ouvre sur un monde imaginaire, un monde presque similaire au nôtre, à la seule différence que le village est désormais perché à quinze kilomètres...
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Où sont passés les rêves de Simon Meyer, ses rêves de cinéma, de grand spectacle ? Qu’est devenue sa passion pour les formes populaires ? Les emballements : reniés ; les collections : revendues ; l’appartement : vidé. La flamme est éteinte. Quand cette histoire commence, Simon quitte la ville pour s’établir dans son village d’enfance. Mais au moment de le rejoindre, un étrange événement le précipite dans un autre monde.
Le rideau s’ouvre sur un monde imaginaire, un monde presque similaire au nôtre, à la seule différence que le village est désormais perché à quinze kilomètres d’altitude au sommet d’une gigantesque tour de béton armé. L’endroit est à l’image de la décrépitude de Simon, superficiel, sans âme, d’une propreté asphyxiante. Ses 365 jours d’ensoleillement annuel en font un site visité par les touristes du monde entier. Simon l’intègre tout à fait naturellement et reprend sa vie là où il l’avait laissée sur Terre, entre footings et missions d’intérim. Il apparait peu à peu que notre héros n’est pas étranger à la situation insolite des lieux. Son retour, puis ses retrouvailles avec son premier amour, ne sont pas sans conséquences. Un danger plane sur le village, un danger auquel Simon pourrait bien être lié. Alors il n’a plus d’autre choix que d’assumer l’influence mystérieuse de ce galet de magma qualifié de Cœur-étoile, moteur du territoire céleste, symbole de force et de passion. Toutes les fictions qui l’ont bercé durant sa jeunesse, cette mémoire enfouie, remontent à la surface pour s’incarner dans sa vie et l’entrainer dans une suite d’aventures rocambolesques, avec son lot de rebondissements, de coups de théâtre et de personnages farfelus et attachants. L’Etoile du Hautacam fait le pari de l’action, du romanesque, jouant avec l’invraisemblable et les clichés, lorgnant sans détour du côté du cinéma d’animation, du blockbuster hollywoodien, du manga japonais. C’est une fable épique, un roman à grand spectacle.
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Ça plane pour lui
Portraitiste des troubles de l’adolescent, Pierric Bailly enchante la rentrée avec un conte planant, une épopée fantastique gorgée de références pop.
En deux romans, Polichinelle (P.O.L, 2008) et Michael Jackson (P.O.L, 2011), Pierric Bailly s’est imposé comme le héraut d’une jeunesse française rurale et un peu désorientée. De cette génération poussée en pavillons de crépis, élevée au rap et au porno en ligne, l’écrivain jurassien raconte les tendres désillusions, la peur de l’engagement et le difficile passage à l’âge adulte. A ces presque trentenaires anti-bling aux élans regressifs, à ces adulescents ( contraction marketing d’adulte et d’adolescent), il a donné une voix singulière, séquencée, comme les textes de hip-hop et nourrie de culture pop. Aujourd’hui, il revient avec L’’Etoile du Hautacam, un troisième roman aux faux air de conte perché dans lequel il explore l’imaginaire de l’enfance et en détourne les figures mythiques et les légendes immortelles. Il était une fois Simon meyer. Quadra quitté par son amour de toujours et scénariste raté, Simon habite seul un petit appartement à Bagnolet. A l’occasion d’un enterrement, il retourne à Stellange, son village natal situé dans une vallée de la Fensh inventée, où il a une révélation: il va revenir s’établir dans la maison familiale, tenter "le retour aux sources", loin de Paris, des déceptions et des missions d’intérim.
Mais au détour d’un chapitre, à la faveur d’un accident de voiture, le fantastique s’invite dans le récit: Stellange qui n’était qu’une bourgade banale, devient alors l’Etoile du Hautacam, un village flottant à quinze kilomètres au-dessus des têtes, relié au sol par une tour de béton armé. 365 jours d’ensoleillement par an, des villas de star, des hôtels de luxe et des magasins de souvenirs: l’Etoile n’a plus rien de pittoresque, c’est un Disneyland perché pour touristes en bermuda et bob à l’anière. Pierric Bailly fait le pari de la fantaisie. Il pioche et réinvente les décors, les personnages et les histoires qui ont bercé notre enfance: il y a un château transformé en résidence étoilée, un ogre cruel sous les traits d’un entrepreneur avide, des sbires agressifs qui se lancent dans des courses-poursuites en voiturettes, une princesse vendeuse de sandwiches et même un homme-coq adulé par une (basse) cour de petites poules. A l’univers de Walt Disney et des contes de Grimm ou de Charles Perrault, l’auteur ajoute les références générationnelles de cette jeunesse dont il continue ainsi de se faire l’écho: on retrouve l’onirisme d’Hayao Miyazaki, le rythme entraînant des blockbusters hollywoodiens, l’art acidulé de Muraki ou l’electro nineties de The Prodigy.
Avec ce récit moins satirique qu’épique, Pierric Bailly ose le roman d’aventure à grand spectale avec péripéties rocambolesques et héros farfelus. Loin de la littérature sociale et des deux premiers ouvrages, il célèbre le pouvoir de l’imagination et signe un divertissement réjouissant, pour les enfants de 7 à 77 ans.
Léonard Billot, Les Inrockuptibles, 6.01.2016
Que la Montagne est belle
Un homme fou de jalousie se fait exploser au coeur d’une mine de Moselle.Comment se douter qu’il va être à l’origine d’un phénomène incroyable ? Le petit village de Stellange est projeté dans le ciel et forme le nid de coucous le plus chic de la planète. A 12 kilomètres d’altitude, au-dessus de la station d’Hautacam dans les Pyrénées, un coin de paradis vient de voir le jour. Simon meyer est né le jour de cette catastrophe miraculeuse, il est celui qu’on appelle "l’enfant du soulèvement". Agé de 44 ans, il retrouve cette cité qui l’a vu naître et avec elle, un passé qu’il semblait avoir occulté. Dans les nuages, tous s’accordent sur une chose: un lien fusionnel unit Simon à l’étoile du Hautacam. Avec une rare puissance d’écriture et une imagination débordante, Pierric Bailly- à qui l’on doit déjà les épatants Polichinelle et Michael Jackson- livre ici un ovni rafraichissant. Avec un souci du détail prononcé, il peint sur 300 pages une rêverie digne des plus grands Miyazaki. Sévèrement perché.
Léonard Desbrières, Technikart,16/01/16
Entre ciel et terre, le village dans les mirages
Décidé à tout plaquer, un quadragénaire se retrouve coincé dans une bourgade haut perchéé, où toute la société du spectacle semble avoir conflué. Une fable pop brassant les genres et les cultures.
"Recommence, on dirait un diablotin qui sort de sa boîte", réclamait-on au narrateur gouailleur, lancé sur un tabouret tourniquet, du premier livre de Pierric Bailly. Depuis ce surgissement à la diable semble devenu la marque de fabrique du jeune écrivain. Après Polichinelle, jailli en 2008- sur les frasques d’une bande de lycéens jurassiens un peu "cramés"-, il récidivait trois ans plus tard à Michael Jackson, chronique estudiantine dans laquelle apparaissaient beaucoup Richard Virenque, Martin Sheen et quelques apprenties stars du X, mais presque jamais le roi de la pop... Avec L’Etoile du Hautacam, l’auteur brouille et bat de nouveau les cartes: géographiques, d’abord, puisque le titre ne nous met sur la piste (skiable) des Hautes-Pyrénées, que pour mieux nous propulser en Lorraine, dans le village minier de "Stellange", lui-même bientôt transplanté d’un millier de bornes plus au sud et d’une quinzaine de kilomètres au-dessus du niveau de la Terre. Cartes romanesques, ensuite, puisque, d’un chapitre à l’autre, nous bondissons du canevas familial à la science-fiction et du "scénario de mauvais téléfilm" au pitch de blockbuster.
Mais commençons par la version terrienne de l’histoire. A la suite du décès de sa grand-mère, Simon décide de regagner son village natal en laissant Bagnolet, la femme qui vient de le quitter et les monceaux de VHS, jeux de plateau et bandes dessinées parmi lesquels il s’encroûte. L’ado syphonné de Polichinelle, devenu étudiant dilettante dans Michael Jackson, nous est donc revenu sous les traits d’un quadra intérimaire, déphasé et rasoir, "seul avec sa misanthropie de pacotille", son "immense ego et sa paire d’Adidas Energy".
Décidé à changer d’air, il brade son passé sur Le Bon Coin, prend congé de ses copains, gagne l’autoroute... Jusqu’au moment où le texte bascule à l’oblique, façon générique de Star Wars: larquez les amarres, cap sur une autre dimension, nous voici en route pour "l’Etoile", nouvelle appellation du fameux village natal devenu entretemps une bourgade perchée sur une gigantesque colonne de béton. Un microcosme ensoleillé et futuriste où règne tout ce qui brille, le show et les vedettes, et où l’on vient pour voir et être vu.
Là-haut, sur ce promontoire hérité de Magritte et de Miyazaki, (château des Pyrénées et château dans le ciel), nous retrouvons quelques-uns des fétiches de Pierric Bailly: des marginaux et des ovnis sociaux, des lourdeaux qui tabassent par ennui, un Beretta, une galaxie de références"aussi bien contre, pop que sous culturelles", et bien sûr le culte du paraître et de la parade. Car, s’il rend ici hommage au cinéma des space opera, des mangas et des films catastrophes, l’écrivain n’en perd jamais de vue les excès et la démesure, convoquant à la fois le génie de Hollywood et son envers autobronzé, La Guerre des étoiles et sa disneylandisation.
Moins fiévreuse et rebelle que dans ses précédents livres, (génération du personnage oblige), la langue conserve sa parataxe, ses anaphores et sa folie douce pour épouser les à-coups d’une société de zapping et de spectacle où les contraires se télescopent et où ne cesse de croître le besoin d’aventures. Un besoin irrépressible de se prendre "pour qui l’on n’est pas" le temps d’une semaine, d’un rêve ou d’un quart d’heure warholien et de se nourrir de toutes ces oeuvres bizarres qui, malgré leur démesure , "répondent à des fantasmes, relativement communs, presque banals, à des rêves d’enfant qui se voit toujours plus grand qu’il n’est".
Des oeuvres comme Pierric Bailly les conçoit, en somme.
Camille Thomime, Le Magazine littéraire, février 2016