— Paul Otchakovsky-Laurens

meurs ressuscite

Albane Prouvost

« Un jour, sur un chemin de montagne, un vieux chasseur de chamois cherchait à dire à un compagnon de rencontre le moment saisissant où l’animal apparaît à la crête. Et tels furent ses mots : On ne l’a pas vu venir, tout à coup, il est là, comme un souffle, comme un rien, comme un rêve. » (Henri Maldiney)
Inattendue, imprévisible, impossible à la lettre, ne se fixant en aucune image : l’apparition du chamois de la langue. Albane Prouvost procède par rapprochement plus que par associations ou métaphores : des effleurements de langue et de pensée, de sensations, plus que des énonciations – ou alors des...

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La presse

« c’est comme si [...] on découvrait qu’une personne, dont on avait rêvé qu’elle était morte, est bien vivante. » (Leslie Hartley)


La thématique de la mort et de la renaissance ne prend pas ici la voie christique ou celle du phénix, mais plutôt celle de la nature, le poème passant de la glace et des glaciers à la neige (« fleurir sous la neige »), puis au printemps. Peut-être y a-t-il un nouveau mouvement ensuite vers la mort, avec le « poirier foudroyé », le « cerisier en train de périr », le retour de la neige et de la glace, pour enfin résoudre l’opposition comme le suggère le titre qui ne sépare pas les deux verbes : «ma maison ressuscite sous la glace ».Ce thème lyrique traditionnel est à peu près explicite, mais la poésie d’Albane Prouvost échappe par ailleurs à toute représentation et s’apparente à une partition. La construction invite, me semble-t-il, à lire Meurs ressuscite comme on ferait d’une pièce musicale : ce n’est pas la relation au réel qui importe, mais le rythme, créé par les variations autour d’une ligne mélodique, ligne formée par les premiers éléments qui demeurent dans tout le poème.


Tristan Hordé, rermue.net, 6 juillet 2015