— Paul Otchakovsky-Laurens

Dans ma chambre #Formatpoche

Guillaume Dustan

Dans ma chambre est le premier livre de Guillaume Dustan, paru en 1996. Il est publié pour la première fois en édition de poche.
La chambre ici, est d’abord celle du narrateur, où tout généralement se résout en étreintes répétées, violentes ou non, heureuses ou pas, nulles, tragiques, qu’importe. C’est aussi le milieu homosexuel, la vie dans le ghetto à suivre les nuits et les petits matins d’un jeune parisien à la recherche désespérée de « la baise du siècle ». Sorte d’introspection pornographique, radicale mais pas sans ironie, cette chronique crépusculaire ne tait rien, n’épargne rien...

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La presse

Les Nuits Fauves



Dustan, prénom Guillaume. 1965-2005.

Écrivain du genre déjanté et fulgurant. A parfois été qualifié de Bret Easton Ellis français de l’autofiction. Ce qui n’est pas totalement faux mais réducteur. Resté dans les mémoires pour ses apparitions télévisées, avec barbe et perruque rose, et pour son oeuvre survoltée. Rappeler que ce météorite est entré en littérature en 1996, quand P.O.L a publié son premier livre, Dans ma chambre, qui reparaît en poche aujourd’hui. L’occasion de retrouver un prosateur aussi cru qu’électrique et hypnotique.

Le narrateur de ce coup d’essai se prénomme Guillaume. Il habite à Paris, en colocation dans un appartement partagé avec Quentin et Nicolas. Notre homme a un travail qu’il n’évoque jamais. Sa vraie vie semble être ailleurs. Celui pour qui la sexualité est un moteur a déjà " baisé avec mille mecs " et ne compte manifestement pas s’arrêter en si bon chemin. Même si ces T4 ont remonté. Monsieur aime les sensations fortes. La défonce et les excès. Les rencontres de hasard, les accessoires. L’onanisme et le SM. Quand il sort le soir, il porte des 501 noirs, des chaps, un bomber et des rangers. Ne lésine pas sur le gin-get, la bière, le pétard, l’acide, la coke et le poppers. Guillaume traîne chez Marks & Spencer. Au Queen, au Palace, au Bataclan et au Keller. Comme un poisson dans l’eau en plein coeur d’un milieu gay qu’il appelle le " ghetto ".Toujours en chasse de chair fraîche...

Dans ma chambre enchaîne les montées et les descentes. Les petites et grandes tragédies. Les déceptions et les extases. Lorsqu’il l’écrit, Dustan dit écouter la musique de Depeche Mode. La sienne, bien plus travaillée qu’elle ne le laisse croire, continue de surprendre plus de vingt après sa diffusion en librairie.



Alexandre Fillon, SUD OUEST, 27 janvier 2019




In bed with Dustan



Ca pulse, ça vibre, ça gicle. Ca vit. A cent à l’heure, parce qu’il y a urgence. Le compte à rebours est lancé ; la mort, plus proche à chaque coup de rein. Quand il envoie le manuscrit de son premier livre, "Dans ma chambre", à l’éditeur Paul Otchakovsky-Laurens, Guillaume Dustan (photo, en 2002), énarque et haut fonctionnaire, vit à Tahiti où il s’est installé après avoir appris sa séropositivité. On est en 1996? Il meurt neuf ans plus tard, à l’aube de ses 40 ans. Entre-temps, Dustan, né William Baranès, a écrit plusieurs livres, obtenu le prix de Flore en 1999 pour "Nicolas Pages" et fait scandale en prônant le sexe sans capote, emperruqué sur les plateaux télé. Plus de vingt ans après sa parution, "Dans ma chambre" - "autobiographie érotique sur fond de grégorien-rap, parce que, quand j’écris, j’écoute Depeche Mode" - frappe toujours par sa radicalité, noire et vitale. Dustan raconte Guillaume, ses amants, le sexe, la drogue, la danse. Il y a le corps qui jouit et le corps qui trahit, malade. Minimalisme cru, prosaïsme ravageur, l’écriture frontale, va à l’essentiel. Pas de temps à perdre. Il est déjà trop tard.



Elisabeth Philippe, L’Obs, février 2019.