Alice et Aurélien sont un jeune couple qui, comme tant de couples, ne trouve pas de réponses aux questions qu’ils se posent. Parfois ils s’adorent, parfois ils se détestent, et, pour préserver leurs enfants, ils tentent en vain de séparer l’amour de la haine. Une dispute, une trahison, vont confronter le couple à cette impossibilité. Alice court un soir rejoindre un amant, et provoque une crise dramatique qui entraînera le couple et leurs deux enfants, Loup et Elsa, devant la justice. Celle des hommes, de la société, trop souvent inhumaine. Aurélien sera condamné pour des faits de violence sur des policiers et purgera sa peine en prison, séparé de ses enfants et de la...
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Alice et Aurélien sont un jeune couple qui, comme tant de couples, ne trouve pas de réponses aux questions qu’ils se posent. Parfois ils s’adorent, parfois ils se détestent, et, pour préserver leurs enfants, ils tentent en vain de séparer l’amour de la haine. Une dispute, une trahison, vont confronter le couple à cette impossibilité. Alice court un soir rejoindre un amant, et provoque une crise dramatique qui entraînera le couple et leurs deux enfants, Loup et Elsa, devant la justice. Celle des hommes, de la société, trop souvent inhumaine. Aurélien sera condamné pour des faits de violence sur des policiers et purgera sa peine en prison, séparé de ses enfants et de la femme qu’il continue d’aimer. Ce qui pourrait être un mélodrame ordinaire sur la rupture amoureuse devient ici une méditation romanesque sur l’au-delà du bien et du mal, sur le silence intérieur de chacun, le lieu inviolable de chaque personne humaine : « cet endroit perdu de notre corps, écrit le romancier, cet endroit où la mémoire et l’oubli sont une seule et unique chose, cet endroit que nous ne savons pas nommer mais où nous reconnaissons notre humanité et notre enfance. » Mais comment oublier les guerres et les déchirures, accueillir une justice débarrassée des inutiles jeux de pouvoir et de jalousie, et d’une morale culpabilisatrice ? Le roman est celui d’un homme bon et aimant mais soudain dépouillé de toute image sociale, hanté par des idées noires et suicidaires, et comme rendu à sa « prison intérieure ». Car il y a, en chacun de nous, « un lieu où rien ne peut séparer ce qui est juste de ce qui est injuste. Il y a, enfoui dans notre cœur, un lieu si reculé qu’il ne connaît ni le bien ni le mal. C’est ce lieu que la justice ne peut pas toucher, qu’elle ne doit pas toucher : c’est un lieu qui ne la concerne pas. »
Le roman, ici, n’est jamais loin de l’autobiographie : « Je ne sais pas si après toutes ces épreuves Alice, Aurélien et leurs enfants ont réussi à faire renaître leur amour de ses cendres. La beauté de la fiction tient aussi à cela : parfois, on ne sait pas. J’ai une fille. Elle a trois ans. Avant, il y a longtemps, j’ai eu deux garçons. D’une autre mère. Je me suis séparé. Je les ai fait souffrir. Je n’ai pas vécu ce qu’Alice et Aurélien ont vécu. La séparation a été moins violente. Si jamais on peut comparer la violence d’une séparation. Si jamais on peut évaluer la douleur qu’on inflige à des enfants. » (Santiago Amigorena)
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Les 40 romans de la rentrée
Santiago H. Amigorena La Justice des hommes
Ce qui devait être un scénario est devenu un roman, et c’est tant mieux : peut-être que seul le romanesque peut explorer l’indicible, cette “prison intérieure” que nous portons tous et toutes, enfouie, en nous. Autour de la séparation d’un couple, de la décomposition d’une jeune famille, d’actes qui mèneront le père en prison, Amigorena, immense écrivain de l’intime et des fluctuations intérieures, explore toutes les nuances des conséquences d’un amour malmené, d’une rupture violente, sur la femme, l’homme et leurs enfants. Et montre comment chacun-e de nous peut basculer.
Extrait de l’article de Nelly Kaprièlian Les Inrockuptibles, Septembre 2023