ABUS MUTUEL
La romancière québécoise revient sur les procès entre Johnny Depp et Amber Heard.
Tout est disproportionné. Un tournis d’argent, de Xanax, d’alcool, de cocaïne, de cruautés. Dans un luxe inouï, ils s’insultent et se blessent. De temps en temps, ils s’arrêtent pour vomir et pleurer. Dans Toronto, la Québécoise Élisabeth Benoit raconte les deux procès opposant la star Johnny Depp et la comédienne Amber Heard : Angleterre (juillet 2020) et États-Unis (avril et mai 2022). Ils se sont rencontrés en 2009, lors d’un tournage, et se sont mis ensemble en 2012. Ils se sont mariés en 2015 et ont divorcé en 2017. Les pièces portées au dossier judiciaire ont été divulguées, notamment sur les réseaux sociaux. Les deux acteurs s’y accusent mutuellement de violence et de diffamation. L’auteure a puisé la matière surabondante de Toronto (1200 fichiers classés en dossiers et sous-dossiers) dans les déclarations, SMS, courriels, enregistrements, dépositions, journal intime.
Qui témoigne? Tout le monde. Employés, amis, parents, médecins. Dans ce roman vrai, nous avons tous notre mot à dire sur l’intimité d’un couple qui ne nous regarde pas. L’histoire est devenue un classique de notre époque : le mariage aux Bahamas ; l’entrée illégale des chiens en Australie; l’anniversaire des 30 ans d’Amber Heard, en avril 2016 ; l’étron humain retrouvé sur le lit ; les conversations en boucle sur ce qui s’est passé à Toronto ; les rumeurs de la liaison entre Amber Heard et Elon Musk. Le tragi-comique est constant : on se met à rechercher le bout de doigt de Johnny Depp, sans doute tranché par Amber Heard, dans la maison de location en Australie, en 2015. Les deux acteurs arrivent toujours avec plusieurs heures de retard à leurs rendez-vous. Ils ne savent littéralement pas ce que signifie être à l’heure.
La romancière Élisabeth Benoit prend la parole, à intervalles réguliers, pour expliciter le cheminement de son obsession et de son écriture. Elle ne sait pas elle-même pourquoi cette relation la fascine autant. À cause de la somme d’informations, ci-gît la vérité. Dans la guerre entre les pro-Depp et les pro-Heard, l’écrivaine est du côté de la star masculine. Mais elle a conscience que l’on pourrait exhumer plusieurs versions différentes de la même histoire. Une certitude : la coriace Amber Heard ment à tous les étages. Elle montre aux gens des blessures invisibles, livre des explications contradictoires d’un même événement, manipule à tour de bras. Elle est dans la place et il est à côté de la plaque. À un moment, un ami de la comédienne confie, avec justesse, à propos de Johnny Depp : « II m’a expliqué qu’il n’aimait pas vraiment être sobre, que c’était trop douloureux pour lui d’être sobre et vivant. » Le nombre de pique-assiettes accrochés à ses basques est ahurissant. On se perd dans la multiplicité des maisons et des Xanax.
Après cette passionnante plongée dans la destruction et l’autodestruction d’un couple, on se souvient d’une phrase de la psychologue Laurel Anderson. Elle a reçu Amber Heard et Johnny Depp pour une thérapie de couple, à partir d’octobre 2015, et jusqu’en 2016. Ses mots sont au début de Toronto. Ils sont noyés dans un flot de phrases. Ils sont là : « Elle l’aimait. II l’aimait. » On ne se dit pas que l’on ne connaîtra jamais la vérité sur la folie du couple formé par Johnny Depp et Amber Heard. C’est pire. On en conclut qu’il n’existe pas de vérité. Toronto est évidemment un portrait secoué de notre époque faussement surinformée. Élisabeth Benoit a écrit le roman de nos névroses collectives. Le sexe en est curieusement absent. Énormément de drogue et d’argent. Quelque chose serre le cœur. Dans Toronto, tous les clichés sont vrais.
Marie-Laure Delorme, Paris Match, avril 2025
Depp vs Heard : tous obsédés
Mais qu’est-on en train de lire ? La question surgit au fil de la lecture, à mesure qu’un sentiment de léger malaise nous imprègne, une drôle de torpeur à laquelle se mêle une fascination irrésistible. On se sent un peu sale, honteux, à macérer ainsi dans le déballage de linge sale de deux célébrités et en même temps, avouons-le, on y trouve un certain plaisir. On y devient même accro. Là sans doute réside le tour de force d’Elisabeth Benoit, qui a réussi à traduire littérairement l’obsession suscitée par les deux procès ultramédiatiques opposant les acteurs et anciens époux Johnny Depp et Amber Heard. Une sordide affaire de séparation, de violences et de paparazzi, de doigt coupé, de drogue et d’étrons dans les draps. Avec Elon Musk en « guest star ». C’est surtout le procès de Fairfax (Virginie), en 2022, qui a aimanté le public, scotché téléspectateurs et internautes du monde entier devant leurs écrans, et divisé une partie de la planète entre pro Depp (souvent accusés d’être masculinistes) et pro Heard. Un miroir grossissant ?– et peu flatteur – tendu à notre époque de polarisation extrême. Repérée en 2019 avec son premier roman « Suzanne Travolta », l’autrice québécoise Elisabeth Benoit, qui travaille en France comme programmeur informatique, malaxe cette matière impure et hypercontemporaine. Elle restitue dans une langue narcotique à force d’être répétitive les témoignages entendus durant les procès, ceux de Depp et Heard, mais aussi ceux de leur entourage – amies, infirmières, gardes du corps, femmes de ménage... –, auxquels elle agrège ses réflexions, confiant sa propre addiction à cette histoire délirante. Son texte se nourrit de toutes sortes de documents trouvés en ligne : descriptions de vidéos, échanges de SMS, extraits de blogs... Les personnes impliquées se filment et s’enregistrent en permanence. C’est sidérant. Tout comme l’est l’alliage de luxe et de « white trash », d’extrême richesse – les penthouses de Los Angeles, les jets privés, l’île aux Bahamas – et d’extrême pauvreté, notamment langagière – Benoit compare certains échanges au théâtre de Harold Pinter. On sort sonné de ce déluge de haine, de vengeance et d’ordures. Tout ce qu’on sait, c’est que l’on a lu ces 500 pages quasiment d’une traite.
Elisabeth Philippe, Le Nouvel Obs, avril 2025
Dans l’enfer du couple Amber Heard-Johnny Depp
Élisabeth Benoit retrace la relation toxique entre les deux acteurs au travers d’une masse de documents, base très factuelle à son nouveau roman.
« Ce n’est pas la vérité. » Très vite dans la conversation, Élisabeth Benoit, qu’on rencontre à l’occasion de la parution de son roman Toronto, tient à préciser qu’elle n’essaie pas de dire la vérité absolue sur le couple Amber Heard et Johnny Depp, dont la relation, tumultueuse sur fond de toxicomanies diverses avec accusations de violences multiples, a fini devant les tribunaux et affolé le monde. Mais d’en faire un récit. « J’ai gardé l’esprit général, je n’ai pas changé l’esprit, je me suis sentie complètement libre de traduire comme je voulais. Ce n’est pas un documentaire », insiste-t-elle.
Et pourtant. En lisant son copieux et fascinant deuxième ouvrage, on ressent une sorte de vertige tant on a l’impression de s’immiscer au cœur du couple. Programmeuse informatique par ailleurs, la Québécoise, installée en France depuis 2008, a commencé à s’intéresser à l’affaire à l’été 2020. Presque par hasard, intriguée de trouver sur le Net un document du dossier puis un deuxième et encore un autre... Le doigt dans l’engrenage, la voici happée, surprise de tout ce qui est disponible sur le Web, commençant à collecter sans véritable projet.
En une paire d’années, naviguant au milieu des communautés pro-Depp d’un côté, pro-Heard de l’autre, elle récolte 1 200 fichiers divers, des fragments d’une histoire dont elle va faire un récit. « Elle était juste là, sur Internet, disséminée. II fallait simplement la tirer. » Et la reconstituer. « J’ai traduit très librement, j’ai coupé, c’est pour ça que c’est un roman, insiste-t-elle à nouveau. C’est seulement un récit qui est une fiction, contrairement à d’autres qui vous assurent : je vais vous dire la vérité. »
D’intarissables dialogues de sourds
Une fiction édifiée sur la base de témoignages et dépositions devant la justice, minutes de procès, mails et SMS échangés mais aussi retranscriptions d’enregistrements de longues discussions et de disputes entre les époux... C’est une part de la vérité qu’elle nous livre, brute ou retravaillée, pour en faire un objet littéraire polymorphe. Gardiens et femmes de ménage, agents et avocats, psychologues, médecins et infirmières, amis et parents, sœurs, gardes du corps – l’index des personnages compte 68 noms ! – , ce sont des membres du premier cercle et aux premières loges – et nous avec – dont on compile les points de vue sur les événements.
Mais c’est aussi, et avant tout, Johnny Depp et Amber Heard dont les dialogues parfois ubuesques nous parviennent. « S’il n’y avait pas eu les enregistrements, je n’aurais pas écrit. C’est vraiment ça qui m’a stupéfiée, qu’on puisse trouver ça sur Internet », reprend Élisabeth Benoit.
Le couple avait pris l’habitude d’enregistrer ses échangés parfois houleux, pour se les repasser ensuite, tenter de se convaincre. Au fil des procédures judiciaires, ces archives sonores ont été versées au dossier puis dévoilées... En lisant ces dialogues de sourds, parfois obsessionnels, on est comme en apnée à leur côté. C’est presque du théâtre, une tragicomédie dont se dégage une épaisse tristesse.
Dans des sortes d’interludes, Élisabeth Benoit se raconte un peu, contextualise ses recherches, les documents, les temps forts des procès, la bataille qui fait rage sur les réseaux. La façon, aussi, dont elle est d’abord tentée d’anonymiser l’histoire avant de renoncer. La réalité se montre plus forte. « J’ai essayé de m’extraire de ça et, quand je revenais aux vrais documents, je me disais : Mais c’est tellement bien. » Ils ne couvrent pas tout, mais quand ils existent, ils le font en profondeur. « Ce que j’aime ici, c’est que c’est très détaillé, et en même temps il y a plein de trous, ce qui crée un effet d’étrangeté. »
Pas d’histoire sans mystère
Ainsi du titre, Toronto, référence au premier enregistrement du couple à être rendu public. « Ils y parlent sans cesse de ce qui s’était passé à Toronto. À ce moment-là, il y a eu comme une fascination sur Internet pour des événements dont on ignore tout », se souvient l’autrice. On ne saura pas vraiment ce qui s’y est déroulé, mais « ce mot est comme le symbole de ce qui s’est passé et qu’on ne connaît pas ». II y a une part de mystère qui réside, selon elle, dans la personnalité d Amber Heard. « Je vois ça comme une sorte de portrait. J’essaie de parler d’elle sous le plus de facettes possibles », explique la romancière.
« Pour qu’il y ait une histoire, il faut qu’il y ait un mystère, un coin aveugle. Selon moi, c’est elle, poursuit-elle. Depp est un peu transparent. Le moteur c’est : qui est-elle ? C’est sa personnalité, pourquoi elle fait ça – évidemment, si on adhère à mon point de vue, parce que des gens restent convaincus qu’elle disait vrai. C’est vraiment très polarisé, il y a une guerre des récits extrêmement épuisante. Moi, j’ai fait des choix pour construire. Je ne cherche pas à convaincre. Ce que je voulais, c’est rendre le côté envoûtant de cette histoire. » C’est réussi.
Sylvain Merle, Le Parisien, mars 2025
TORONTO d’Élisabeth Benoît
Une plongée dans l’enfer du couple Amber Heard-Johnny Depp, observé depuis les réseaux sociaux par l’écrivaine. Un livre sidérant et ultra-contemporain.
Entre 2020 et 2022, durant des mois ponctués par deux procès très médiatisés, Johnny Depp et Amber Heard se sont déchiré-es. Et durant des mois, Élisabeth Benoît a passé son temps libre sur internet, obsédée par cette affaire. Les pièces portées au dossier judiciaire ayant fuité sur les réseaux sociaux, l’autrice a engrangé une matière énorme,plus de 1200 fichiers classés en dossiers et sous dossiers.
Son livre montre la fabrication d’une opinion, Les témoignages, pour la plupart en faveur de Depp, semblent irréfutables par leur nombre même, bien qu’on ignore s’ils sont faux ou vrais. L’autrice de Suzanne Travolta (P.O.L, 2019) nous plonge dans la jungle des réseaux sociaux où s’affrontent les pro-Depp et les pro-Heard. Elle nous guide parmi les argumentations, note les différences entre les accros, qui suivent l’affaire depuis des années, et les nouveaux et nouvelles venu-es.
Ainsi, son livre nous laisse entrevoir ce que devient un fait quand il n’est plus appréhendé par la presse, mais par des discussions sur internet. Élisabeth Benoît révèle ici ces armées d’anonymes qui se donnent rendez-vous quotidiennement devant leur ordinateur pour commenter et décortiquer au grand jour ce qui normalement ne l’est pas – témoignages en cours d’instruction, SMS ou conversations privées enregistrées à l’insu des protagonistes.
En reproduisant jusqu’à l’écœurement une multitude de ces documents, Benoît interroge la relation entre réel et fiction. Elle place ses lecteur-rices dans une position de voyeur-ses, et les met face à un paradoxe : la violence inouïe de certaines scènes intimes crée un effet de réel saisissant, tout en les rapprochant de références cinématographiques. »
Sylvie Tanette, Les Inrockuptibles, mars 2025
« Depp-Heard, un truc de dingue »
La Franco-Québécoise a transformé en un livre proprement inouï son obsession pour l’affaire qui a opposé, en mondovision, « Johnny » à « Amber ».
Malgré un premier roman repéré comme une audacieuse bizarrerie, Élisabeth Benoit demeure une presque inconnue du monde des lettres. Avec Toronto, « roman » qui n’en est pas un, cette programmeuse en informatique arrivée du Québec il y a dix-sept ans jette un pavé de plus de 500 pages dans la mare de nos hystéries. Jugez plutôt : la dame a passé quatre ans parmi les fanatiques de l’affaire Johnny Depp vs Amber Heard. Pas en journaliste gonzo infiltrée. Non ; en obsédée comme les autres. Obsédée, c’est son mot. Il est partout dans ce livre que l’on a d’abord ouvert en pensant s’amuser de la folie d’autrui avant de se laisser prendre nous aussi. Toronto est non seulement LE livre où vous apprendrez tout – et bien au-delà – sur les déchirements des deux stars mais c’est une plongée au cœur du voyeurisme, de l’itération et de l’obsession. « J’étais devenue complètement obsédée par cette histoire, écrit notre narratrice. Au point de ne presque plus lire de livres, de ne m’intéresser à à peu près rien d’autre, ce qui a de toute façon toujours été mon modus operandi, être complétement obnubilée par une chose, ne plus parler que d’une chose, ne plus penser qu’à une chose, ça a toujours été mon modus operandi. Le matin je prenais mon petit déjeuner dans ma cuisine de Montreuil, je m’installais devant mon ordinateur, je googlais "Johnny Depp Amber Heard". Pas pour m’informer, pour prendre la température ambiante, voir ce qu’ils disaient dans les médias. [...] Le soir, je dînais avec ma famille puis je m’y mettais. Je plongeais dans cette histoire. Tous ces détails "tombés du ciel", cette relation à la fois banale et surréaliste entre Heard et Depp.je compilais les informations disponibles, surtout les dialogues, les échanges de SMS, de mails. Je me constituais une banque de détails, c’était ainsi que je voyais les choses. J’écumais les tweets, j’écoutais les enregistrements de conversations entre Heard et Depp, je lisais les dépositions et les déclarations de témoin, je rangeais tout ce que je trouvais dans un dossier que j’avais au fil de l’eau divisé en sous-dossiers, qui contient aujourd’hui plus de 1200fichiers, 1233 en tout, et c’est le bordel total. »
Dans ce « bordel total », elle a sélectionné le plus « prenant », selon son mot. Pour que ça nous prenne comme ça l’a prise. Parce que comme le prétend à raison le bandeau, « personne n’oserait inventer une histoire pareille ». Un homme et une femme qui se sont rendus dangereusement fous et qui ont partagé ça avec la planète entière : parce qu’ils sont riches et célébrissimes, parce qu’elle avait la beauté d’un ange, la démesure d’une diablesse semeuse de chaos, l’autodestruction de la petite fille perdue.
Élisabeth Benoit est touchée par la jeune femme. Au point qu’elle en a fait l’héroïne de ce livre dans lequel apparaissent tour à tour des femmes de ménage, des infirmières personnelle et des médecins, des psys, des gardes du corps, des sœurs, une ribambelle d’amis et de parasites, des stylistes, une décoratrice d’intérieur, un gestionnaire immobilier, ainsi qu’une concierge en chef, Trinity Esparza, « celle qui sait tout grâce aux caméras de surveillance ». Son témoignage vaut le détour : « Un matin vers la mi-juin 2016, ou peut-être début juillet, plusieurs semaines après la soirée du 21 mai où monsieur Depp a quitté l’Eastern Columbia Building pour ne plus jamais y revenir, je travaillais au comptoir lorsque Elon Musk est descendu de l’ascenseur qui va au penthouse et est venu me demander de lui ouvrir la porte du parking. II était environ 9 heures, il avait les cheveux en broussaille comme s’il venait de se lever. Je ne savais pas qui il était jusqu’à ce que mon collègue me dise qu’il s’agissait d’Elon Musk, son "héros". Elon Musk était, m’a dit monsieur Romero, un visiteur régulier. Monsieur Romero m’a dit que monsieur Musk rendait visite à madame Heard tard dans la nuit lorsque monsieur Depp était absent et que ça durait depuis déjà un an. Le même jour, après le départ de monsieur Musk, madame Heard est descendue me voir pour me demander de l’aider à récupérer ses clés qui étaient tombées dans le vide-ordures. » Élisabeth Benoit ne commente pas, qui s’était contentée de préciser, dans les toutes premières pages, au moment de présenter les « personnages » de l’histoire : Musk, Elon : Milliardaire. Musk et Heard ont officiellement formé un couple durant quelques mois, après la séparation d’Amber Heard et de Johnny Depp. » Point de vidéo le montrant avec Heard. Elles auraient disparu, relève l’auteure. « Il existe seulement des images non datées de Heard et de Musk dans l’ascenseur.. » Élisabeth Benoit ne juge pas, personne ; elle raconte, et avec mille détails s’il vous plait. Cela donne un objet littéraire non identifié, une sorte de documentaire fictionnalisé aussi fragmenté et délirant que notre monde 2.0.
Anna Cabana, La Tribune du dimanche, mars 2025