Nathalie Azoulai, contempo-reine
Comment aimer quelqu’un de très différent de soi tout en restant soi-même ? Toutes les vies de Théo, douzième roman de la prolixe Nathalie Azoulai, pose notamment cette question et y répond en prenant pour cobaye Théo. II a 25 ans lorsqu’il rencontre Léa. II est chrétien, elle est juive et dégage de ce fait aux yeux de Théo un exotisme érotique. Théo admire Léa pour une autre raison : « Avec une mère à moitié allemande, Théo avait été biberonné au "plus jamais ça" et tout le tralala. » Nathalie Azoulai, dont le style tisse et entretient l’implicite de façon remarquable, raconte en accéléré la trajectoire de ce couple « mixte » : « lls se comprenaient, ils résolvaient tous leurs problèmes ensemble. » Puis arrivent les massacres du 7 octobre. Léa prend peur, se censure face à ses amis, et adresse des reproches à Théo : « Elle regrettait que Théo ne soit plus son inconditionnel, Avant tu l’étais, mon inconditionnel, répétait-elle tristement. » Habilement, l’écrivaine rend l’héroïne « insupportable ». Elle n’a plus que l’antisémitisme en tête. La complicité des héros se délite, Théo tombe amoureux de Maya, une Libanaise vivant en France et bien plus jeune que lui. L’orientalisme envoûte Théo au point qu’il épouse les idées du monde dont Maya est issue : « Théo changea de guerre. » II se noie dans sa nouvelle vie et s’efface, jusqu’à sa prochaine rencontre : « L’amour était multiple, sauvage et fécond. C’était une vaste contrée qui vous accueillait plusieurs fois. » Avec l’ironie caractéristique de son style, Nathalie Azoulai parle du couple et du climat politique actuel, brûlant.
Virginie Bloch-Lainé, Elle, janvier 2025
Le mal que l’on se fait
Un couple mixte. Elle est juive, pas lui. Et soudain, comme un orage qui emporte tout le 7-Octobre... Ainsi va le nouveau roman, puissant, de Nathalie Azoulai.
Hitchcock disait qu‘il n’y avait pas d’autre histoire. « Boy meets girl. »Acceptons-en l’augure puisque après tout en effet, la force presque tellurique d’une telle rencontre peut suffire sinon à une vie, au moins à une œuvre (qui est toujours la vie en mieux, À un film. à un livre aussi. Comme celui-ci, qui transforme en beauté le quotidien, les années, l’Histoire et ce qu’elle fait de nous, en romanesque ; Toutes les vies de Théo, le treizième récit de Nathalie Azoulai.
Théo a 25 ans lorsque, dans un club de tir où ils s’initient tous deux au maniement des armes à feu, il rencontre Léa, qui a son âge. Lui est un catholique breton, dont la mère, d’origine allemande, n’en finit pas (et ne veut surtout pas en finir) d’expier la faute des « siens » lors de la Shoah. Les hasards de l’amour font bien les choses : Léa est juive. Une Juive « pas très juive » qui refuse d’en faire plus que cela, mais tout de même... Tout de même. Théo (ainsi que sa mère, ravie, comme on l’imagine...) voit dans cette jeune femme, brillante, déterminée et un peu « nonne guerrière », rétive à tous les prestiges d’établissement, quelque chose comme une rédemption possible de pêchés qu’il n’a pas commis autrement que par la faute des générations qui l’ont précédé, la possibilité de devenir un homme selon ses désirs. Un mensch pour le meilleur et pour le pire, si celui-ci devait advenir à nouveau. Théo et Léa s’aiment, se le disent, l’éprouvent jusque dans leurs silences réciproques parfois, se marient, ont un enfant, Noémie (une fille, une bénédiction pour ce philosémite et « juif d’adoption » qu’est devenu Théo), et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes réconciliés.
Titus n’en finit pas de s’éloigner de Bérénice
Le temps passe et Théo, curateur et spécialiste en art contemporain à la flatteuse réputation, va avoir 50 ans. Léa se propose de lui organiser le plus bel anniversaire possible. Les festivités sont prévues pour le 7 octobre 2023...et plus rien après ce funeste jour ne sera comme avant. Léa se souvient avec une acuité de plus en plus douloureuse qu’elle est juive et Théo qu’il aura beau faire. ii ne l’est pas. Tout dans leur vie de couple est désormais à angles coupants : la guerre, le massacre, les massacres. Israël, la Palestine, l’exportation du conflit sur le territoire national, la renaissance de l’antisémitisme le plus féroce et le fait qu’il n’y en ait pas de doux. Tout blesse, tout saccage, tout porte les couleurs du mensonge et du ressentiment. La violence, la souffrance n’est pas, ne peut pas être équitablement partagée et Titus n’en finit pas de s’éloigner de Bérénice. L’histoire des menschs est celle d’un conte pour enfants naïfs. Bien sûr, c’est là que Théo va rencontrer Maya. Cette jeune peintre est en quelque sorte « d’anti-Léa ». Elle est libanaise et va offrir au mari très vite adultère la joie de l’Orient, sa sensualité, une fenêtre sur le monde, loin de la douleur réactivée de la tragédie du « Yiddishland ». La guerre est toujours là, évidemment, mais vêtue de couleurs chaudes. Théo n’y résistera pas. Théo n’en reviendra pas...
En ces temps où le moindre mot porté sur ce conflit agit comme une giclée d’essence sur un foyer aident, en ces temps où l’on ne sait plus guère accorder aux morts, tous les morts, le droit au silence et au recueillement, Toutes les vies de Théo est un grand roman audacieux, politique, grave, en même temps – et c’est toute la force de Nathalie Azoulai – qu’une sorte de comédie de mœurs, comme si Emmanuel Levinas y rencontrait Billy Wilder... Le livre fait puissamment écho, dans sa façon de mêler de manière intrinsèque les courants puissants de l’Histoire à ceux d’une génération, aux Manifestions, l’un des premiers romans de Nathalie Azoulai., paru il y a vingt ans. Tout l’art de la romancière consiste d’abord, puisqu’elle refuse moralement et littérairement toute assignation à résidence, d’accorder une semblable liberté à chacun de ses personnages. Léa et Théo, ici, sont bien plus qu’une Juive et un goy ; ou plutôt, s’ils le sont avec autant d’éclat, c’est justement parce que la fiction leur ouvre sans cesse comme autant d’espaces de liberté, de possibilités de s’échapper du troupeau. Après tout, de la vie, du mal que l’on se fait, il est aussi question de « s’en foutre un peu, vivre comme un oiseau ». Un oiseau qui chante juste, au cœur des tourmentes des temps.
Olivier Mony, La Tribune Dimanche, janvier 2025
C’est l’histoire d’un “mensch”
En plein dans le mille. Théo rencontre Léa dans un club de tir. Très vite, de vodkas en cocas bus dans un bar PMU, les deux étudiants, lui en histoire de l’art, elle en droit, tombent amoureux. En épousant Léa Woks, juive et petite-fille d’une rescapée des camps, Théo, fils d’une mère à moitié allemande, « biberonnée au “plus jamais ça” et tout le tralala », met un peu de baume sur la culpabilité existentielle de sa génitrice et ravit la famille de sa fiancée. « J’adore les hommes qui épousent des juives, dit Rose, la sœur de Léa. Ce sont eux les vrais “mensch”.» Comme si, en lui donnant son nom – Ravier –, Théo offrait aussi une protection à Léa. Léa qui apprend à tirer et s’entraîne à courir, parce qu’on ne sait jamais. « Après les insultes, les agressions, les viols, les défenestrations, quand est-ce qu’on viendra me frapper chez moi, moi, ta femme, Léa Woks ? » Les années passent, une enfant naît. Arrive le massacre du 7-Octobre. Léa n’est pas frappée chez elle, mais c’est tout comme. L’his toire l’oblige, dit-elle, à retourner dans « la niche des juifs ». Elle se rend à la synagogue, se rapproche de Dan, son cousin israélien. Théo s’éloigne, se réfugie dans des « franchouillardises »à la télévision, jusqu’à ce qu’il rencontre Maya, jeune artiste libanaise dont il s’éprend rapidement. Lui qui avait consacré son travail de critique aux artistes allemands qui ont peint la Shoah, se tourne vers l’Orient. Quand il embrasse une femme, Théo embrasse aussi une cause, une identité. II faut toute la virtuosité et l’intelligence de Nathalie Azoulai, son style vif et intrépide, pour transformer une matière aussi sensible que la judéité, l’antisémitisme (thèmes déjà présents dans son roman Les Manifestations, 2005) et le conflit israélo-palestinien, en une comédie dramatique à la Sautet. Bien sûr, on peut lire dans cette triangulation amoureuse une parabole de la France d’aujourd’hui. Et à l’heure où beaucoup sont tentés par le repli identitaire, la persévérance de Théo résonne : « L’altérité était un pari difficile. II l’avait perdu une première fois, mais il recommençait parce qu’il n’était pas question d’y renoncer, c’eût été trop triste. » Bien trop triste.
Elisabeth Philippe, Le Nouvel Obs, janvier 2025
Toutes les vies de Théo
Après l’attentat du 7 Octobre, le couple mixte formé par Léa, juive, et Théo, chrétien, prend l’eau. Le communautarisme épinglé avec un humour terrible.
« Si je n’étais pas juive je serais antisémite », décrète la jeune avocate Léa Woks à son Théo Ravier de mari. Breton. Le poids de la Shoah sur sa famille l’asphyxie. Un chrétien sain d’esprit s’y fondra-t-il ? Léa mésestimait l’influence maternelle. À moitié allemande, maman Ravier est rongée par la culpabilité du nazisme. Elle a nourri le fiston au « “plus jamais ça” et tout le tralala», écrit avec une rosse désinvolture la romancière Nathalie Azoulai. D’origine juive, elle aussi. Théo embrasse donc les fantasmes de sa mère en s’engageant, à 25 ans, chez les Woks. Et la petite sœur de Léa, l’irrésistible Rose aux yeux bleus, de hurler de joie : « Vive Théo! Vive Théo ! J’adore les hommes qui épousent des juives, ce sont eux les vrais mensch. » Comprendre, par mensch, vieux mot yiddish, une sorte d’« honnête homme » comme les vénérait notre XVIIe siècle français, mais mâtiné d’un super-héros fort et protecteur vaguement nietzschéen.
Par amour et viscéral goût de l’altérité, Théo devient plus juif que juif : son métier de critique d’art l’aide à s’immerger dans les cultures. Mais il ne parvient jamais à infiltrer véritablement le clan familial. Alors le mariage mixte s’étiole, et sombre tout à coup sous la tragédie de l’Histoire : Théo a 50 ans le 7 octobre 2023 ! Lorsqu’elle apprend le massacre des mille deux cents Israéliens par les combattants du Hamas, Léa supprime d’autorité la fête anniversaire. Rien ne sera plus pareil. La Juive insouciante, paniquée par la montée de l’antisémitisme, vire à l’intégrisme religieux, reproche à Théo de ne plus être son « inconditionnel », devient invivable. Au point que Noémie, fille du couple, se convertit au christianisme de sa défunte et adorée grand-mère Ravier ! Patatras ! Tout s’effondre. Léa renoue avec son premier amour, le cousin sioniste ; Théo s’éprend d’une jeune plasticienne...arabe ! Kitsch et sensuelle, le contraire de l’austère Léa. Déçu, il a simplement changé de camp. « On aurait voulu inventer ta vie, Théo, persifle cette dernière, qu’on n’aurait pas osé. Tu auras passé la première partie à vouloir être juif et la deuxième à vouloir être arabe. » Et Théo de rétorquer du tac au tac : « Et toi, à vouloir oublier que tu étais juive puis à t’en vouloir d’avoir voulu l’oublier. »
Telle une des Demoiselles de Rochefort, de Jacques Demy, leitmotiv inattendu de ce douzième brillant roman, Nathalie Azoulai virevolte, comme dansant sur le thème – si délicat aujourd’hui – de la judéité, de l’antisémitisme, du conflit israélo-palestinien, de l’embrasement communautariste. Et elle en épingle avec un humour terrible les violences, les excès. Peut-on aimer quelqu’un d’étranger à soi-même ? La romancière décrit ce que l’on se risque à peine à penser dans notre époque frileuse et moutonnière. Elle libère. Avec épilogue et prologue, sa construction toute théâtrale et enlevée en quatre actes - comme certains vaudevilles du XIXe siècle – lui permet en effet de s’emparer des sentiments les plus complexes en préservant nuance et ambiguïté. D’être plus vraie que vraie. Par l’écriture. L’antisémitisme, elle connaît. Elle l’abordait déjà dans Les Manifestations (2005) et Les Spectateurs (2018). L’amour fou, elle sait aussi (Titus n’aimait pas Bérénice, 2015). Que Théo ne parvienne au bonheur ni avec une Juive ni avec une Arabe est-il un échec ? Plutôt une blague juive. II n’était juste pas assez fini, pas assez lui-même, pour les affronter. Les mères, les maîtresses, les épouses ne peuvent quand même pas tout faire...
Fabienne Pascaud, Télérama, janvier 2025
Nathalie Azoulai : la meilleure d’entre nous
Comment fait-elle ? Treize romans en vingt, tous différents, tous réussis.
Dans Transfuge, Vincent Jary a écrit que Toutes les vies de Théo était « le grand roman de cette rentrée d’hiver ». Même s’il est très douloureux pour moi de lire une chose pareille, je dois admettre que c’est la stricte vérité. Nathalie Azoulai court tous les risques et ne se plante jamais. Elle a reçu le prix Médicis en 2015 pour un roman d’amour, Titus n’aimait pas Bérénice, dont l’héroïne, larguée par son amant, était sauvée par la pièce Bérénice de Racine. II fallait oser imaginer qu’un chagrin sentimental pouvait être soigné par une tragédie. Le Lexomil est moins efficace que cet alexandrin : « Mais il ne s’agit plus de vivre, il faut régner. » Rappelons la trame de Bérénice : Titus la quitte pour Rome. C’est dur d’être largué pour un empire, mais mieux que d’être remplacée par une jeune pétasse en toge. Dans son nouveau roman, encore une histoire d’amour, encore une rupture, mais cette fois les mariés divorcent à cause du 7 octobre 2023. Mme Azoulai ne cesse de raconter des histoires d’amour confrontées à la raison d’Etat. Le sujet de ce roman provocateur et malin, c’est la destruction d’un couple par l’actualité. On croit qu’on est plus fort que BFM et France Inter. Notre amour ne sera pas vaincu par des civils décapités dans un lointain kibboutz ? Eh bien si : Théo et Léa ne survivront pas au pogrom. Parce que Léa Woks est juive et que Théo Ravier est breton. Bien que fils d’une Allemande résolument antinazie, Théo ne tiendra pas le choc et partira avec une chrétienne. Toutes les vies de Théo est un roman pessimiste sur la dictature de notre éducation, de notre milieu, de nos familles, et si j’emploie tous ces mots, c’est pour éviter le terme d’identité, qui est imprécis et trop à la mode. Nous avons, malheureusement, des appartenances et des souvenirs qui constituent à la fois notre richesse et notre prison. Mais ce sujet, si fort et violent, ne doit pas effaroucher les lecteurs frivoles dans mon genre. Si ce livre m’a séduit, c’est surtout par son humour à la Woody Allen : « J’adore les hommes qui épousent des juives [...] c’est insensé d’aimer les ennuis à ce point. » Et aussi parce qu’il flirte sans cesse avec les limites, ainsi quand Théo compose de nouvelles paroles pour Les Demoiselles de Rochefort, en hommage à Léa et à sa sœur Rose : « Nous sommes deux sœurs jumelles / Nées sous le signe des nazis. »
Tel est le génie de Nathalie Azoulai : continuer de danser, de sourire, de croire en la vie, comme un teufeur de la rave Supernova défoncé à l’ecstasy, qui aperçoit un parapente motorisé se rapprochant à l’horizon.
Frédéric Beigbeder, Le Figaro Magazine, janvier 2025
Être ou ne pas être juif
Toutes les vies de Théo, de Nathalie Azoulai, raconte un mariage brisé par le conflit israélo-palestinien.
Théo tombe amoureux de Léa dans un stand de tir. Pourquoi une jeune fille de 25 ans, comme lui, ressent-elle le besoin d’apprendre à se défendre ? C’est que Léa est juive, et poursuivie par le traumatisme de la Shoah, qui a dévasté sa famille. Plus tard, quand ils seront mariés, elle s’entraînera à la course : elle pense qu’un jour il lui faudra détaler face aux persécutions. En dehors de ces stigmates, elle ne se passionne pas pour le judaïsme. Théo, si. Fils d’Allemands, portant le poids de la culpabilité, ce goy est, dans son âme, plus juif que les Juifs de la belle-famille qui l’accueille. II devient critique d’art, spécialisé dans les œuvres mettant en scène l’Holocauste. Elle devient avocate. Le couple donne naissance à une petite Noémie: « Quand on lui dit qu’elle mesurait 50 centimètres et pesait 3,5 kilos, il se dit qu’il était désormais responsable de 7 livres de chair juive », écrit Nathalie Azoulai, Prix Médicis 2015 pour Titus n’aimait pas Bérénice (P.O.L, 2015), dans ce quinzième roman. Les années passent, la vie est douce, jusqu’au jour de l’anniversaire de Théo, le 7 octobre 2023, jour des attaques du Hamas contre Israël. Le massacre ravage Léa, lui fait reconsidérer son judaïsme et se prendre de passion pour Israël. « Pourquoi c’est sur ce pays-là qu’on s’acharne, toujours et encore lui alors qu’il passe son temps à se défendre ? » crie-t-elle à son mari. Lui, doucement, mais sûrement, se désolidarise de sa femme. Le très philosémite Théo ne supporte plus les Juifs. « II n’y avait plus de Juifs innocents, même pour lui. Il y avait les Israéliens et, dans leur sillage, tous les Juifs du monde, sectaires, enfermés, agaçants. » Histoire d’un couple qui s’éloigne puis se sépare, tandis que sa fille, écartelée entre christianisme et judaïsme, sert de variable d’ajustement; histoire d’un monde qui se déchire entre idéologies et conflits, Toutes les vies de Théo saisit avec un esprit railleur et affûté la difficulté d’être juif, et de ne pas l’être, dans le monde contemporain. Théo quittera Léa pour une Libanaise farouchement propalestinienne. D’une caricature de lui-même voilà qu’il en devient une autre, diamétralement opposée, où il est toujours aussi mal dans sa peau, incapable de se forger une identité propre, tandis que le monde autour de lui s’en fonce dans un chaos de plus en plus inextricable. D’une radicale intelligence, ce livre pose une question fondamentale : jusqu’à quand serons-nous trop bêtes pour vivre ensemble ?
Élise Lépine, Le Point, janvier 2025