Une première édition de ce livre est parue aux éditions P.O.L en 1986 sous le titre Le Détroit de Behring. Il n’a jamais été publié en collection de poche ni connu de nouvelle édition depuis.
40 ans plus tard, cette enquête narrative sur l’uchronie éclaire plus que jamais notre rapport complexe à l’Histoire du monde, mais également l’art de l’écrivain Emmanuel Carrère : « Notre vie peut changer à tout moment, explique-t-il, la réalité n’est qu’un choix parmi tant d’autres. Ce qui pousse certains d’entre nous à s’intéresser aux possibilités que nous n’avons...
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Une première édition de ce livre est parue aux éditions P.O.L en 1986 sous le titre Le Détroit de Behring. Il n’a jamais été publié en collection de poche ni connu de nouvelle édition depuis.
40 ans plus tard, cette enquête narrative sur l’uchronie éclaire plus que jamais notre rapport complexe à l’Histoire du monde, mais également l’art de l’écrivain Emmanuel Carrère : « Notre vie peut changer à tout moment, explique-t-il, la réalité n’est qu’un choix parmi tant d’autres. Ce qui pousse certains d’entre nous à s’intéresser aux possibilités que nous n’avons pas pu donner aux choses. »
Le Détroit de Behring est le récit d’une obsession : la réécriture du passé à partir d’une hypothèse qui aurait fait bifurquer les événements et leurs conséquences historiques. Ce qu’on a fini par nommer l’uchronie. Penser l’Histoire au conditionnel passé, se figurer l’état du monde si le nez de Cléopâtre avait été plus court, si Napoléon avait vaincu à Waterloo ou si l’inconnue rencontrée hier dans l’autobus avait répondu à votre sourire, c’est un jeu comme un autre. Emmanuel Carrère en expose ici les règles, en décrit les plus fameuses parties, donne voix aux regrets qui poussent à s’y livrer. Il s’agit, dans le passé, « d’opérer une modification et qu’elle soit lourde de conséquences ». Carrère s’intéresse à l’uchronie comme moyen d’analyser l’histoire sous un angle différent, mais aussi comme puissant moteur fictionnel et littéraire de nombreux écrivains (Caillois ou Borges par exemple). Un jeu qui mobilise toutes nos connaissances, qui croise les rêves utopiques ou les cauchemars de la science-fiction.
Emmanuel Carrère eut l’idée du titre de son livre en découvrant qu’en 1953, les abonnés de la Grande encyclopédie soviétique reçurent après la disgrâce de Beria (bras droit de Staline), une circulaire leur enjoignant de découper la notice qui lui était consacrée et de la remplacer par une notule sur « le détroit de Behring ». Cette altération rétrospective de l’Histoire fonde le contrôle totalitaire du passé.
Avec un texte inédit d’Emmanuel Carrère pour la présente édition.
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