— Paul Otchakovsky-Laurens

Aujourd’hui demain

Dominique Meens

Après avoir exécuté force cabrioles autour de l’oiseau, plutôt derrière que devant et dessous que dessus, ce qui ne l’a pas amené bien haut, Dominique Meens, fatigué de ces exercices épuisants 1, s’est demandé que faire de ses aujourd’hui. Dormir lui a semblé la réponse la plus conséquente 2, poétique de surcroît (voir M. Jacques Vaché). Il en a déduit, comme tout le monde, une Internationale, L’Internationale Disparatiste, et son École, l’École de Puerto López. Il va sans dire qu’il est le seul membre 3 de ces deux institutions.

Aujourd’hui...

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La presse

« - Où va aujourd’hui demain ? » Un roman français en français ? Un opéra ? Un tombeau ? Une sotie ? Forme naissante à mesure, sous les yeux du lecteur, le livre de Meens se déploie pleinement dans le temps et l’espace de son apparition - sa réalisation. Celle d’une oeuvre inconnue, bizarre échappée des rets du discours taxinomique.


Aujourd’hui demain contient au moins trois livres :
Pacoa la désolation ; Le retour d’Ulysse ; Tombeau de Nerval sous-titrés supplément, rebondissement et dénouement. Trois livres d’inégales longueurs - 80, 120 et 10 pages - variant les tons et les genres non sans secousses. Livret de comédie-ballet mythologique, poèmes, dialogues de théâtres, chansons, listes, divagations ornithologiques, extraits de notices lexicographiques, spéculations étymologiques. Meens cite Monk « Jazz is freedom - you think about that ».


Au départ, le désir noir d’écrire au-delà de soi, la visée. Cette volonté de donner forme à l’informe, de le faire exister - corps étranger dans l’imparfait d’un présent impossible : aujourd’hui demain. Que veut dire ? Activer une ligne. Explorer dans le phrasé de l’écriture l’éparpillement de la fiction et du moi (« l’âme »). Entre aujourd’hui et demain, entre moi et l’autre, entre la parole et l’autre parole : la découverte et la séparation, l’exploitation et la désappropriation, l’action et la procrastination...


Pour Meens le livre est interlocuteur. Quelque chose inexplicable - énigme du parlant seul. « Dans la chambre du fond » une voix dicte et ordonne, s’exclame et ironise, invective et gueule, s’énerve et se démène, coupe court. Points de vue et personnages (qui saura dire qui est Matisse Andreas Gomez ?) ne cessent de se déplacer, de changer selon les aléas et les bousculades de l’écriture, la rythmique et le mouvement des formes, passant du point le plus distant à l’autobiographie feinte. Jusqu’à l’approche du jour. Et la disparition.


Par Samuel Lequette, Cahier Critique de Poésie.