— Paul Otchakovsky-Laurens

La porte ’verte

Fred Léal

Deux étudiants, entre vingt et vingt-cinq ans, discutent sans tabou dans l’appartement qu’ils partagent. Colocataires de sexes opposés, amis d’enfance, ils se sont un temps perdus de vue. En réalité, chacun a vécu une période d’isolement de quelques mois, une mise au vert forcée. Secrets jamais partagés. Elle internée dans un hôpital psychiatrique après le décès de son frère. Sa vie à lui bouleversée par un cambriolage tragi-comique suivi d’une fuite aux Kerguelen. Les deux parts d’ombre se nouent et rapprochent les deux protagonistes. À travers la description de confidences (de scènes) tantôt tragiques, tantôt...

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La presse

Il suffit d’une apostrophe pour entrouvrir la porte. Tout est affaire d’écart, de glissement chez Fred Léal et, dès le titre, le déplacement opère d’étranges connexions entre la bibliothèque verte et Behind the Green Door, le film X de Jim et Artie Mitchell avec Marilyn Chambers. Mais, contrairement à certains usages, le mélange des genres, nécessaire et suffisant, n’est pas ici programmé, et la diversité des sources convoquées, traversées, n’enlève rien à la revendication forte d’une dimension narrative, marquée à la fois par la légèreté et le sérieux, l’élégance et la trivialité. Cette dimension, c’est celle d’un projet qui induit la notion d’objectif et celle d’un parcours avec des personnages, une succession d’étapes et des circonstances de vie qui participent à son déroulement. De quoi s’agit-il ? D’une discussion à bâtons rompus entre deux jeunes gens. Il est ainsi question d’une hospitalisation en psychiatrie pour Pauline et d’un braquage pour Fred, et, sous le sceau de la confession, ces deux récits produisent l’ouverture d’autres tiroirs (les amourettes, la mort d’un frère, des scènes d’interrogatoires, la fuite aux îles Kerguelen) et s’accompagnent d’une constellation d’anecdotes, de notations diverses et de brefs éclairages musicaux. De cet entremêlement se dégage un axe central constitué par l’évolution des sentiments entre les deux protagonistes qui se livrent de plus en plus et donc se rapprochent de plus en plus « derrière la porte verte », celle de la chambre de Pauline. L’élasticité de ce roman tient surtout dans sa capacité d’élargir constamment son champ d’action en mobilisant un va-et-vient entre fantaisie et gravité, en suscitant la fragmentation et la multiplication des îlots, des récifs et des courants dans un véritable jeu de pistes.


Didier Arnaudet, Artpress, Juin 2008


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En juin 2018 aux éditions P.O.L et en librairie

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