— Paul Otchakovsky-Laurens

Taudis/Autels

Marc Cholodenko

À côté des grandes vérités, coextensives au nombre et à l’influence de ceux qui y adhèrent et à la durée de cette adhésion, existence de Dieu, non-existence de Dieu, destin salvateur du prolétariat, toute-puissance de l’inconscient, monde newtonien, einsteinien, etc., il existe de petites vérités, particulières et même quasi personnelles, comme la beauté de l’objet aimé par exemple et ainsi de suite. Ici la preuve de ces vérités privées et passagères tient dans la cohérence de leur représentation, son style. Elles n’ont pas prétention à survivre au temps de leur énonciation. Ce sont...

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La presse

Avec la virtuosité admirable et presque exhibitionniste d’un sophiste d’aujourd’hui, Marc Cholodenko exalte sur chaque page de droite ce qu’il rabaisse ou descend sur celle de gauche, d’une part les autels dressés à (l’écriture, à l’âme, au sexe, à l’école, au père, à la mer etc...), de l’autre les taudis installés contre les mêmes.
À la fin du livre, il édifie en toute logique le taudis et l’autel du taudis et enfin, ouf de ouf, le taudis et l’autel de l’autel.
Ce dualisme ludique, commun à certains êtres munis pour écrire de leurs seuls deux hémisphères cérébraux, permet surtout à une rhétorique de se déployer de façon mécanique et quelque peu lassante : un cas désespéré pour Socrate, un Lewis Carroll réduit à sa passion de logicien, dépouillé de toutes ses virtuelles animations, animaux et miroirs.
Tout cela semble construit pour la pensée de la pensée, pour la jouissance du concept mais la langue se laisse moins saisir par la cérébralité (et réciproquement, taudis de ce livre) que par la mélancolie comme dans cet autel de la jeunesse que voici in extenso, (autel à ce livre) :
Bien sûr la jeunesse
n’est aimable
sensible
vécue
que passée.
Aussi ne nous est-elle particulière
que comme la question
d’un quoi faire
une fois quittée.


Pierre Parlant, Sitaudis, 2 juin 2008