François Tanguy et Le Radeau
Articles et études
Jean-Paul Manganaro
Depuis plus de vingt ans, François Tanguy, dont on ne sait s’il est un metteur en scène, un dramaturge, un scénographe ou un chorégraphe – tout cela à la fois sans doute –, poursuit avec sa compagnie « Le Théâtre du radeau » une expérience unique, à présent connue dans le monde entier. Jean-Paul Manganaro, traducteur, entre autres de Carmelo Bene, s’est très tôt passionné pour cette aventure. Son livre contient une dizaine d’études sur quelques-unes des mises en scène de François Tanguy dont elles montrent toute la nouveauté et la force.
« Tanguy et le Radeau ne créent pas un...
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Depuis plus de vingt ans, François Tanguy, dont on ne sait s’il est un metteur en scène, un dramaturge, un scénographe ou un chorégraphe – tout cela à la fois sans doute –, poursuit avec sa compagnie « Le Théâtre du radeau » une expérience unique, à présent connue dans le monde entier. Jean-Paul Manganaro, traducteur, entre autres de Carmelo Bene, s’est très tôt passionné pour cette aventure. Son livre contient une dizaine d’études sur quelques-unes des mises en scène de François Tanguy dont elles montrent toute la nouveauté et la force.
« Tanguy et le Radeau ne créent pas un théâtre des images, ni un théâtre de la pensée, ni une réflexion sur le théâtre, même s’il est vrai que ce théâtre est pensé et réfléchi. Cette pensée et cette réflexion sont devenues si consubstantielles à l’acte de création de Tanguy qu’elles s’effacent dans la mise en place de leur puissance. C’est un théâtre qui réfléchit autour des formes – lesquelles incluent l’image, et peuvent exprimer une image du théâtre, une image autour du théâtre ; elles peuvent aussi dire dans leur présentation la totalité d’une élaboration qui s’est occultée, et elles peuvent enfin dire l’image la plus nécessaire de la constitution de l’acte théâtral. Ce théâtre invente les formes qui habitent temporairement l’espace d’un théâtre, et dans cette temporanéité immédiate et éphémère il y a l’effacement des temps et des espaces qui nous cernent en tant que spectateurs. »
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La presse
Fulgurantes traversées
Depuis plus de vingt ans, Jean-Paul Manganaro a qui la littérature «française» doit de s’être enrichie d’immenses auteurs comme Italo Calvino ou Carlo Emilio Gadda, accompagne de son regard acéré et de sa plume vive l’expérience unique du Théâtre du Radeau, fondé par François Tanguy et Laurence Chable. L’ouvrage, déjà ancien puisque paru en juillet 2008, s’il ne traite pas de la dernière création Onzième (voir Zib 50), rassemble articles et études thématiques, propose en son centre une dizaine de pages de dessins-plans pour la scène du dramaturge et constitue déjà une «somme» d’intelligence en mouvement et de rigueur, accessible même à qui n’a jamais vu ceux du Radeau à l’oeuvre. Travail de réflexion sur ce que peut ou doit la critique au long cours donner à voir, apprendre à distinguer les lignes de force ou les signes plus secrets, questionner respectueusement les zones d’ombre ce recueil témoigne avant tout de l’expérience d’un homme qui dit « je» et interroge son émotion sans jamais l’isoler de sa source le spectacle et ses interprètes. Jean Paul Manganaro écrit toujours juste et serré, concentré sur le « motif » dont il rapproche les bords, conscient que le discontinu et «l’effilochure», le flux et le reflux, marques de fabrique de théâtre sont un défi à relever pour qui veut en rendre compte. Sans formule ni éclat de voix, sans analogie aveuglante et surtout pour «échapper aux faiseurs d’opinion et aux trafiquants d’influence». L’auteur fait surgir d’un art pauvre (la critique) l’évocation incarnée de l’art le plus riche qui soit.
M-JD., Zibeline, avril-mai 2013
Avec ce recueil d’articles et d’études sur François Tanguy et le Théâtre du Radeau, Jean-Paul Manganaro nous propose une plongée au plus profond de ce qui fait l’essence de ce théâtre. L’une des grandes qualités de ces textes est de restituer ce qui se passe sur le plateau lors des spectacles grâce à des descriptions d’une précision étonnante, le tout allié à un souci d’analyse et de mise en perspective constant. Rien d’étonnant de la part de cet universitaire et traducteur spécialiste, notamment, du théâtre de Carmelo Bene. Manganaro revient sur plusieurs des spectacles majeurs de Tanguy, depuis Jeu de Faust en 1987 jusqu’à Ricecar en 2007 - dans la seule étude inédite de ce recueil. Les décors, les espaces comme le jeu des acteurs retiennent tout particulièrement l’attention de l’essayiste qui est avant tout un spectateur admiratif et enthousiaste de ce « théâtre hors situation, hors action, hors dialectique, [...] hors texte » comme il le définit lui-même. C’est pourtant avec ces textes sensibles et précis qu’il nous donne à comprendre ce théâtre des formes. A noter le cahier central avec des dessins de François Tanguy sur certains dispositifs scéniques de ses spectacles.
Par Fabien Spillmann, Théâtral magazine, septembre-octobre 2008.