Jacques Jouet dit avoir été toujours surpris que, dans les traditions poétiques, le portrait ne soit pas un genre dominant, comme en peinture ou en photographie, par exemple. Il y a les tombeaux, les hommages, les odes, mais les portraits ?…
D’ailleurs, il a commencé par 107 âmes (Seghers, 1991), qui contient 107 poèmes biographiques. Il avait confectionné un questionnaire en dix points (neuf très administratifs, un plus personnel) que remplissaient des « sujets » choisis par des rabatteurs amis. Il ne connaissait donc ces sujets que par le biais de leur questionnaire rempli. Les 107 poèmes sont sur la même forme fixe de dix-huit vers, dite...
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Jacques Jouet dit avoir été toujours surpris que, dans les traditions poétiques, le portrait ne soit pas un genre dominant, comme en peinture ou en photographie, par exemple. Il y a les tombeaux, les hommages, les odes, mais les portraits ?…
D’ailleurs, il a commencé par 107 âmes (Seghers, 1991), qui contient 107 poèmes biographiques. Il avait confectionné un questionnaire en dix points (neuf très administratifs, un plus personnel) que remplissaient des « sujets » choisis par des rabatteurs amis. Il ne connaissait donc ces sujets que par le biais de leur questionnaire rempli. Les 107 poèmes sont sur la même forme fixe de dix-huit vers, dite « berrychon », à cause du poète américain John Berryman. Il est vrai que ce sont là davantage des poèmes-vie que des portraits au sens strict.
Ensuite, toujours titillé par cette idée, il a consacré une série de poèmes du jour à des poèmes portraits véritables les Poèmes portraits du jour (du 12 juin 1999 au 1er mars 2000). Cette fois, cela nécessitait une rencontre, un temps de pose, un temps de composition. Quand il n’avait personne sous la main, il faisait un autoportrait. Ces poèmes sont en vers libres. Comme pour 107 âmes, le sujet du poème est nommé dans le poème et se trouve être le premier lecteur, sachant que ce poème ne lui appartient pas exclusivement mais peut être publié dans un livre. Les nombreux poèmes portraits qui sont dans Cantates de proximité sont dans le droit-fil de cette activité.
Aussi bien les 107 âmes que les Poèmes portraits du jour ou ceux des Cantates sont des poèmes courts. Jacques Jouet a eu envie de faire, au moins une fois, de la même façon, un poème long.
MRM penche plus du côté poème biographique que du côté portrait, mais de l’un à l’autre, mais il s’agit sans doute plus d’une oscillation que d’une différence de fond. Lorsque Jacques Jouet a rencontré Marie-Renée Morin, il lui a proposé cette affaire. La proposition l’a surprise puis tentée. Deux ans de travail régulier, rencontres, questionnements, narrations ont abouti à MRM. Le poème est un poème de vie : famille rouennaise, guerre, école des Chartes, carrière de bibliothécaire et de chercheuse, notamment sur Lamartine, voyages, vie privée (discrètement), la Bibliothèque nationale… Le poème est en suite de tercets de vers de quatorze syllabes. La forme fait une synthèse entre la terza rima de Dante et un système où la rime est remplacée par la répétition des mots terminaux de vers selon la formule : aba bcb cdc…
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Marie-Renée Morin, vedette matière - portrait d’une vie
Un poème-portrait singulier et inattendu restitue la vie vivante d’une bibliothécaire enjouée mais discrète, « coquine » disait François Mitterrand. La carrière de MRM a traversé en riant la presque totalité du paysage des bibliothèques françaises ; mise en vers par Jacques Jouet, oulipien facétieux, elle rebondit de page en page pour notre plus grand bonheur en un livre qui sera - espérons-le - le viatique de tous les bibliothécaires - Vedette, malgré elle : il y a matière !
Jean Gabriel Cosculluela, BDP de l’Ardèche, Revue de l’association des bibliothécaires de France n°44, mai 2009