— Paul Otchakovsky-Laurens

Ces mots qui nourrissent et qui apaisent #formatpoche

Phrases et textes relevés au cours de mes lectures

Charles Juliet

J’avais vingt ans. Le désir d’écrire et de lire me travaillait et je le combattais autant que je pouvais. Mon avenir était tracé. Élève de l’École du service de santé militaire, j’allais devenir médecin et rester dans l’armée pendant quinze ou vingt-cinq ans. J’avais à me concentrer sur mes études et à ne m’occuper de rien d’autre. Toutefois, de plus en plus souvent un rêve me visitait. Un rêve que je n’osais m’avouer : devenir un écrivain ! Pour maintes et maintes raisons, je ne pouvais faire bon accueil à ce rêve et je m’efforçais de l’étouffer. Afin de me...

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La presse

Les mots glanés de Charles Juliet


Avec sa modestie légendaire, l’écrivain Charles Juliet nous offre un petit livre qui ne contient que les mots des autres. Des centaines de citations, glanées ici et là, au cours de plusieurs décennies d’ardentes lectures. Un recueil d’aphorismes en quelque sorte, de concentrés de réflexion, de messages de vie. Autant de mots qui peuvent aider à vivre. Les sources sont multiples et Juliet renonce à donner les références précises de ses éclats de pensées qui se sont inscrits dans sa tête au fil de sa vie. Ce peut être propos de musiciens (beaucoup de jazzmen), d’acteurs et bien sûr d’écrivains. Ces centaines de citations dessinent le portrait d’un homme, de son inquiétude et de ses préoccupations faites de gravité. C’est parce que la question « que fait-on de ce que l’on sait ? » l’avait agrippé, que Charles Juliet s’est mis à l’ouvrage. « Dans une société comme la nôtre, tant d’êtres sont en souffrance. Pourquoi ne pas vouloir partager avec eux la nourriture que j’avais recueillie ? », explique en préambule l’écrivain tout dévoué à la simplicité. Faisant sienne l’injonction d’Albert Camus citée dans le livre : « Il faut parler le langage de tous pour le bien de tous. »


Georges Guitton, Ouest France



Le cheminement de Charles Juliet parmi les oeuvres qui le nourrissent depuis un demi-siècle a une évidente dimension spirituelle. Il s’est toujours agi pour lui, par la lecture autant que par l’écriture, de disperser les ténèbres d’une vie commencée sous les auspices de la douleur et de la perte. Il s’est toujours agi de se refonder, de se reconstruire, de « mourir à soi-même » pour reconnaître autre, libéré. Le Journal (cinq tomes publiés à ce jour), les récits (dont le lumineux Lambeaux), les poèmes, les dialogues avec des artistes témoignent de ce parcours.


Si Charles Juliet ne s’est jamais inscrit dans un quelconque sillage, il a toujours cherché à approcher le coeur des oeuvres qui avaient une résonance avec sa propre expérience, qui lui permettaient de progresser dans son exploration, d’apaiser, pour un temps, sa « faim ». Il n’est pas surprenant qu’il ait voulu conserver une trace de la fréquentation de ces textes d’écrivains, de mystiques, d’artistes : c’est dans les cahiers où il recopiait des passages de ses lectures que Juliet a prélevé les éclats qu’il a rassemblés pour composer ce volume.


Le lecteur familier retrouvera ses compagnons de route, ceux que l’auteur a souvent cités dans son Journal ou ceux à qui il a consacré des études ou des livres d’entretiens : Samuel Beckett, Jiddu Krishnamurti, Alberto Giacometti, Bram van Velde, Paul Cézanne, Jean de la Croix, Plotin, Jalal, Al-Din-Rûmî, Friedrich Hölderlin, Albert Camus... Au fil des pages, il découvrira aussi des propos d’auteurs qui pourraient paraître plus éloignés de son univers, tels Woody Allen ou Jean-Luc Godard qui confesse se vivre comme « un réseau ambulant, un peu malheureux. Je suis, dit-il, beaucoup trop vaste pour moi-même » ; ou encore Yves Saint-Laurent : « Créer est douloureux. toute l’année je travaille dans l’angoisse. Je me replie en ermite, je ne sors pas, c’est une vie dure, et c’est pourquoi je comprends si bien Proust. (...) Je me souviens d’une phrase dans Les jeunes filles en fleurs : "Du fond de quelle douleur avait-il trouvé ce pouvoir illimité de créer ?" »


Jean Laurenti, Le Matricule des Anges, décembre 2008

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Charles Juliet Grand Prix de Littérature de l'Académie Française 2017

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