— Paul Otchakovsky-Laurens

En attendant Esclarmonde

Danielle Mémoire

« Un petit livre de rien du tout que je tenterais d’écrire en attendant Esclarmonde, et intitulerais En attendant Esclarmonde, qu’est-ce que tu en penserais ? Que ce serait un peu sot ? Parfaitement sot ? Ou bien encore pas si sot que cela ? » Comme avec la plupart de ses livres Danielle Mémoire met ici en scène, en page, l’écriture du livre qu’elle écrit, son élaboration, les degrés et les niveaux par lesquels cette alchimie si particulière à son œuvre se met en place. Les personnages qui le traversent en sont aussi les auteurs, changeants, fugaces, incertains, et ce dispositif sans cesse reconduit mais à chaque livre perfectionné,...

Voir tout le résumé du livre ↓

Consulter les premières pages de l'ouvrage En attendant Esclarmonde

Feuilleter ce livre en ligne

 

La presse

[…] Simplifions, simplifions 1. Nous lisons deux sortes de livres. Les pousse-au-crime, les autres. Les pousse-au-crime, des tyrans, nous ramènent à l’écritoire ; les autres, non. Des premiers, nous avons collections : quand un auteur s’étale dans nos bibliothèques, ses ouvrages sont pousse-au-crime. Des seconds, l’un ou l’autre, quelques-uns parfois, suffisent. Des seconds, nous avons fait le tour de la questions ; la question des premiers est incontournable. Exemples français des premiers seulement ; des seconds, la liste est si longue que le choix exemplaire en promouvrait trop les auteurs : Mémoire, Michaux, Ollier, Pinget, Ponge, Queneau, Ristat. Simplifié, simplifié, nous pouvons le dire. Une précision s’impose. Qu’un ouvrage ne nous pousse au crime, qu’au contraire il nous précipite au chevet d’une blanche à assassiner (Trissotin !), ne donne aucune indication sur sa valeur. Nous avons des collections qui nous laissent froidement lire, immobile, voire passionné, mais inerte. Tout cela dit peu mais je n’en dirai pas plus. Gâchis. Faux départ. Elle en aura écrit. […] Das Ding, la chose : un trou. M’essuie-glaces, dessinez-moi un trou. Qui bêle, s’il vous plaît. Un trou qui vous soit intérieur et extérieur à la fois ; un trou d’air que vous trimballez comme les poissons leurs vessies ; les oiseaux tout troués d’air, silence là-dessus je me couperais, les flics devineraient D.M. Si c’est un trou, c’est un trou que vous avez dessiné là M’essuie-glaces, c’est rond. Eh bien ! Ca tourne autour, ça cerne. Nuits blanches ! Ainsi font font font ! On s’pass’ le mot on s’pass’ le trou ! La fille a un temps d’avance croit le garçon qu’elle ne détrompe de l’y tenir. L’espèce s’en arrange et pullule. Bref, on en sublime le plus qu’on peut. HOC EST ENIM CORPUS MEUM et qu’on en parle ! Ah! Je me lâche ! Donnez-moi la main D.M., à la ronde ! Nous la ferons Matisse ! [...] Plus vous approchez plus beau c’est, plus c’est confidentiel. Qu’est-ce qu’une œuvre confidentielle ? Une œuvre au bord des lèvres.


1.Ces morceaux sont extraits d’un mémoire de 75 pages que je tiens à la disposition de ceux qui le souhaiteraient. S’adresser à la rédaction de CCP.


Dominique Meens, Cahier critique de poésie, 2009.