Paramour
Traduction française : Caroline Dubois et Anne Portugal
Stacy Doris
Le poème d’amour est, on le sait, le motif favori de la poésie, aujourd’hui singulièrement déserté, et qu’on a toujours préféré élégiaque et désespéré, or l’originalité de Paramour est précisément de le renouveler et de le décliner sur un mode résolument joyeux, délirant et caracolant. L’amour à la Stacy Doris est physiquement frais et réjouissant, mais pas si écervelé que ça, puisque l’auteur l’adosse aux grands classiques de la littérature de langue anglaise, et qu’ainsi les parties de jambes en l’air qui affolent et rythment sa poésie se...
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Le poème d’amour est, on le sait, le motif favori de la poésie, aujourd’hui singulièrement déserté, et qu’on a toujours préféré élégiaque et désespéré, or l’originalité de Paramour est précisément de le renouveler et de le décliner sur un mode résolument joyeux, délirant et caracolant. L’amour à la Stacy Doris est physiquement frais et réjouissant, mais pas si écervelé que ça, puisque l’auteur l’adosse aux grands classiques de la littérature de langue anglaise, et qu’ainsi les parties de jambes en l’air qui affolent et rythment sa poésie se jouent essentiellement avec le corps et la lettre des grands écrivains qui la précèdent : rien du pastiche, mais une réécriture inventive et déjantée, sur les airs réactualisés de la chanson, de la ritournelle, de la missive, de la danse, de la syncope, du feuilleton, du mot doux… bref une forme qui emprunte tout au plaisir du pas de deux.
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La presse
Voici un livre gracieux, merveilleux, adorable, comme il n’en arrive guère. « All we love is form », l’exergue est de Charles Olson. Il peut être retourné comme un gant : « All we form is (by) love ». L’adresse au lecteur est savante, pétillante, entraînante (toujours trois adjectifs, vous avez remarqué ?). « Une femme s’est attachée à répertorier un assortiment éclectique des différents modèles de la prosodie occidentale. Le thème de l’amour a été retenu sans hésitation. L’auteur a choisi d’explorer le palindrome comme le lieu d’évidence où perfection prosodique et reconfiguration spatiale ne font qu’un, de sorte à faire pivoter l’ouvrage en son centre comme un poudrier à double face. » On a ainsi, en ouverture, « Le livre du garçon (Chansons) », et « Le livre de la fille (Avertissements) » en fermeture. Et au centre (pivot), un « Supplément ». Et au centre du centre, un « Calendrier de l’Avent, en février » : les vingt-huit cases du mois de la Saint-Valentin (logique). D’où j’extrais ceci, que j’aime tout particulièrement : Mon Pingouin des îles, / petit putti : / nos deux corps réunis / ça rend / les flamants dingues / et les mangues aussi. Paramour est magnifiquement traduit (dansé) par Caroline Dubois et Anne Portugal.
Éric Houser, Cahier critique de poésie, 2009.