— Paul Otchakovsky-Laurens

Le Musée de la mer

Théâtre

Marie Darrieussecq

Liz et Will se réfugient chez May et Man. Ils arrivent, avec leurs deux enfants, d’une ville assiégée, et ils n’ont plus d’essence. C’est la guerre. May et Man vivent près de la côte, ils essaient de maintenir leur Musée malgré les restrictions. Il leur reste quelques poissons, un poulpe et une « chose », Bella : un objet vivant non identifié, une bête marine à mi-chemin du lamantin et du revenant. Bella est belle et elle bêle, Bella est monstrueuse et pleure comme un bébé. May et Man, sur cette bande-son, essaient de rester neutres, à cultiver leur jardin malgré les milices locales. Mais les bombardements se rapprochent, et Will et...

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La presse

Le conte d’Islande de Marie Darrieussecq


Quand il était enfant, Arthur Nauzyciel (42 ans) entendait ses grands-parents parler yiddish. Il les comprenait, même s’il n’aurait pas pu traduire ce qu’ils disaient. Devenu metteur en scène, il en a gardé le goût de travailler dans des langues étrangères.

Après les États-Unis, où il a mis en scène en 2008 un remarquable Julius Caesar, de Shakespeare, qui sera au programme du Festival d’automne en octobre, il a créé en mars au Théâtre national d’Islande de Reykjavik Le Musée de la mer, de Marie Darrieussecq.

Présentée du 26 au 31 mai au Centre dramatique national d’Orléans, dont Nauzyciel est le directeur, la pièce offre un beau générique : Sjon, le poète, romancier et parolier de Björk, signe la traduction ; Erna Omarsdottir, la danseuse et chorégraphe égérie de Jan Fabre, règle les mouvements, avec le Franco-Belge Damien Jalet ; Bardi Johannsson, le compositeur et interprète qui a enregistré Lady and Bird avec Keren Ann, est l’auteur de la musique.

En Islande, il y a peu de monde : 320 000 habitants. Chacun connaît son voisin, les artistes forment une petite communauté qui voyage beaucoup, et aime sentir le vent d’autres pays. La venue d’Arthur Nauzyciel leur a fait particulièrement plaisir. D’ordinaire, ils vont chercher du nouveau ailleurs.

Là, le nouveau est venu à eux, et il a frappé juste. Quand il a commandé une pièce à Marie Darrieussecq (qui avait traduit pour lui Ordet, de Kaj Munk, créé à Avignon en 2008), Arthur Nauzyciel a mis une condition : le texte devait avoir un lien avec l’Islande. Cela tombait bien pour Marie Darrieussecq ; l’auteur de Truismes et de White connaît l’île des elfes depuis longtemps.

Dans sa pièce, il n’y a pas d’elfes mais une étrange créature animale, Bella, qui chantonne et geint comme un humain. On ne sait comment elle a atterri dans le Musée de la mer tenu par un jeune couple. Ce musée attirait un nombreux public avant que n’éclate une guerre moderne, diffuse, sans ennemi repérable. Depuis, presque tous les poissons ont été mangés ou troqués, et le musée est à moitié détruit. La pièce commence avec l’arrivée d’un couple et leurs jumeaux de 12 ans. Ils cherchent refuge.

Le Musée de la mer est une pièce ouverte. C’est la première fois que Marie Darrieussecq écrit pour le théâtre. Plus qu’une histoire ou des personnages, elle dessine un état mental de la guerre, un présent sans avenir ni passé où chacun vit dans sa bulle, le monde autour n’étant qu’une bulle menaçante et dérisoire.

Arthur Nauzyciel donne à ce monde-là une tendresse troublée. Il inscrit Le Musée de la mer dans une aire de plastique mouvante et irisée qui ressemble à un ventre de l’inconscient où naissent et se développent des désirs, des rêves et des peurs sans âge. Les jumeaux restent longtemps attachés l’un à l’autre comme des siamois, le corps gluant de Bella claque sur le sol comme s’il développait un langage codé, l’islandais résonne à nos oreilles étrangères comme un chant rythmique venu de loin. On se croirait dans un conte.


Brigitte Salino, Le Monde, 24 mai 2009


Agenda

Lundi 22 avril
Marie Darrieussecq au Festival Effractions au Centre Pompidou

Centre Pompidou
Place Georges-Pompidou,
75004 Paris

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24 mai 19h
Marie Darrieussecq à Sète, librairie l'Echappée belle

Librairie l'échappée belle

7 rue Gambetta

34200 Sète

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Du vendredi 24 au dimanche 26 mai 2024
Neige Sinno, Marie Darrieussecq, Arthur Dreyfus, Ryoko Sekiguchi, Marielle Hubert au Festival Oh Les beaux Jours à Marseille

Le festival Oh les beaux jours ! est produit par l’association
Des livres comme des idées.

3, cours Joseph Thierry
13001 Marseille
France

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Et aussi

Marie Darrieussecq Prix des Prix 2013

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Marie Darrieussecq, Prix Médicis 2013

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Nous sommes Charlie, par Marie Darrieussecq

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