Esthétique de la solitude
Renaud Camus
« Son éditeur souhaiterait un titre pour ce livre, que je ne puis éternellement appeler Notes sur l’art, la langue et la situation culturelle, tandis que Mélanges d’esthétique et de morale risquerait bien de n’obtenir, non plus, qu’un assentiment mitigé, de la part de MM. les Représentants. Diable, grave question. J’en discute avec mon irremplaçable “Grand ami Hubert”, ou Flatters, qui prend toujours pour moi toutes décisions importantes, en ces domaines. Que dirait-il de Contre le siècle ? Rien de trop bon, justement. Il ne faut pas être contre, à l’en croire. Les pensées contre sont des pensées...
Voir tout le résumé du livre ↓
« Son éditeur souhaiterait un titre pour ce livre, que je ne puis éternellement appeler Notes sur l’art, la langue et la situation culturelle, tandis que Mélanges d’esthétique et de morale risquerait bien de n’obtenir, non plus, qu’un assentiment mitigé, de la part de MM. les Représentants. Diable, grave question. J’en discute avec mon irremplaçable “Grand ami Hubert”, ou Flatters, qui prend toujours pour moi toutes décisions importantes, en ces domaines. Que dirait-il de Contre le siècle ? Rien de trop bon, justement. Il ne faut pas être contre, à l’en croire. Les pensées contre sont des pensées mortes. Et d’ailleurs je ne serais pas si hostile au siècle, d’après lui, que je veux bien le prétendre.
– Quoi, tous ces malotrus, au niveau du vécu, et les paysages massacrés ?
– Oui, mais tu n’as rien contre l’art contemporain, par exemple ?
J’admire au passage le par exemple, et suis bien obligé de répondre que “non”. Exit Contre le siècle, donc.
– Et quelle serait ton opinion, alors, sur Esthétique de ta solitude ?
– Esthétique de la solitude ? Mais c’est un pléonasme ! »
Réduire le résumé du livre ↑
Feuilleter ce livre en ligne
La presse
Plutôt qu’inaccessible, l’esthétique, aujourd’hui, semble irrémédiablement perdue. Comme discipline savante, elle n’a plus de véritable actualité, la recherche du beau étant devenue, sous les coups de butoir de l’analyse sociologique, notamment, obsolète et son discours, une spécialité entièrement tournée vers les fastes du passé : parler du beau au présent de l’indicatif ne peut plus se faire que sur le mode de la dérision. Comme objet médiatique, la culture omniprésente n’offre de son idéal qu’une image grotesque, scrupuleusement fidèle à l’adage que tout se vaut du moment que cela ne dérange pas : libéralisme oblige, on s’interdit de discuter des goûts et des couleurs. Contre ces dogmes (toutes les opinions sont bonnes, le beau est un concept usé), Renaud Camus propose ici une reconquête, celle d’abord du jugement de valeur, celle ensuite d’une esthétique vraiment à soi.
Critique, novembre 1990