La Maladie de Sachs
Livre Inter 1998
Martin Winckler
Dans la salle d’attente du Docteur Bruno Sachs, les patients souffrent en silence.
Dans le cabinet du Docteur Sachs, les plaintes se dévident, les douleurs se répandent.
Sur des feuilles et des cahiers, Bruno Sachs déverse le trop-plaint de ceux qu’il soigne.
Mais qui soigne la maladie de Sachs ?
Étant entendu que la maladie de Sachs c’est, très certainement, additionnées à longueur d’année, celles de ses patients, parents, amis. Personne, bien sûr, ne peut soigner ça. Alors Martin Winckler, qui connaît la question de très près, va tenter cette gageure d’une description qui serait aussi une proposition de thérapie. Décrire tout à...
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Dans la salle d’attente du Docteur Bruno Sachs, les patients souffrent en silence.
Dans le cabinet du Docteur Sachs, les plaintes se dévident, les douleurs se répandent.
Sur des feuilles et des cahiers, Bruno Sachs déverse le trop-plaint de ceux qu’il soigne.
Mais qui soigne la maladie de Sachs ?
Étant entendu que la maladie de Sachs c’est, très certainement, additionnées à longueur d’année, celles de ses patients, parents, amis. Personne, bien sûr, ne peut soigner ça. Alors Martin Winckler, qui connaît la question de très près, va tenter cette gageure d’une description qui serait aussi une proposition de thérapie. Décrire tout à la fois le quotidien des patients et celui du médecin, dans le même mouvement, au même rythme, comprendre celui qui soigne comme lui-même comprend ses malades au point de vivre leurs souffrances réelles ou imaginaires – mais il n’est pas de souffrances imaginaires.
Ce roman est un étrange objet littéraire : indéniablement roman, avec toutes les ressources du genre, tous les registres, jusqu’au quasi policier, c’est aussi un document sur l’état de la médecine en France aujourd’hui, du côté du médecin comme de celui de ses malades et aussi une réflexion, un pamphlet, un portrait, une comédie humaine riche et contrastée.
Le procédé narratif, très simple, est d’une grande efficacité : le héros du livre, le docteur Sachs, nous est décrit par ses clients, ses amis, ses proches – de sa femme de ménage à ses collègues –, ses parents. De lui, directement, nous n’aurons que de rares documents rédigés dans sa jeunesse, par exemple, ou arrachés à ses carnets, par lesquels il essaie d’exister indépendamment du regard que l’on porte sur lui.
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Traductions
Allemagne : Carl Hanser Verlag | Brésil : Companhia Das Letras | Corée : The Open Books | Croatie : Otokar Kersova | Espagne : Akal | Grèce : Metaichmio | Israël : Schocken Publishing House | Italie : Feltrinelli | Japon : Hayakawa Publishing | Norvège : Pax | Pays-Bas : Bert Bakker | République Tchèque: Baronet | Turquie : Güncel Yayincilik | USA : Seven Stories Press
La presse
Ce procédé kaléidoscopique fait ressembler le roman, plus qu’à un puzzle, à une gigantesque chambre d’échos, ou à un insondable palais des glaces bâti autour d’un vide qu’il s’agit de cerner pour lui donner enfin une forme (d’où la réplique la plus fréquente du livre, tic professionnel du médecin relançant le discours de ses patients : « mmmh« ). La Maladie de Sachs, en somme, est une sorte d’« hétérobiographie » – une autobiographie passée au filtre de « tous les autres » –, ou plus précisément encore une « hétérofiction » (comme l’on dit autofiction).
[…] Le procédé permet à la figure centrale de prendre corps. Il permet surtout, au-delà du voyeurisme qu’il provoque, d’éviter la complaisance et la mièvrerie (la compassion…) où risquait de glisser un autoportrait humaniste au pays des maladies. C’est que la construction, d’apparence anarchique, est parfaitement maîtrisée.
Les Inrockuptibles
Non pas conçus comme un reportage ou une enquête, mais comme l’approche littéraire d’un morceau de réel. En fait une succession de monologues, montés selon une véritable dramaturgie, pour faire lentement le tour des misères du corps et de l’âme. En une écriture pointilleuse et précise, qui a choisi de tout dire et de nous renvoyer en pleine face un morceau de vie contemporaine.
[…] Une alternance de récits, repris de visite en visite, qui forment entre eux une véritable tresse, quelque chose de l’ordre d’un… roman. Dans le même temps, en effet de miroir, se compose le portrait du docteur Sachs, anormal consommateur, à la papeterie locale, de stylos et de ramettes de papier : la seule partie initialement visible de cette activité nécessaire pour lui qu’est l’écriture.
L’Humanité, 16 janvier 1998