— Paul Otchakovsky-Laurens

Hiératiques debout

Danielle Mémoire

 

Où l’on retrouve les mêmes, ces personnages récurrents d’un livre à l’autre de « l’auteur », sortis du Corpus dont ils sont à la fois les créatures et les créateurs, le Corpus, cet incommensurable ensemble d’où tout provient. Le Corpus, matrice et générateur de fiction, grand œuvre secret. Membres du cercle des auteurs, ou exclus, imposteurs ou auteurs incertains, fugaces, revendicateurs, fuyants : « Puis enfin n’est-ce pas la règle, pour tout apport au Corpus, que son auteur s’y perde en tant que tel ? ». Les mêmes et d’autres, à moins que ce ne soit toujours les mêmes...

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La presse

Danielle Mémoire, le corpus du texte


Le Centre international de poésie Marseille publie un dossier consacré à celle qui dit « la mort de l’auteur me va comme un gant ».


Un nom qui sonne comme un pseudonyme plutôt comme un nom de personnage Elle en a créé beaucoup, sonores ou emblématiques (Athanase, Etulalie, hsclarmonde, Archambaud Biot, Conrad ), et un de ses romans les plus célèbres en porte précisément le titre : Personnages, paru en 2000. Célèbre est un bien grand mot. Le nom de Danielle Mémoire fonctionne comme un signe de ralliement, un mot de passe, la marque de connivence d’une société, heureusement de moins en moins secrète, de lecteurs. Que le Centre international de poésie Marseille, dans la dernière édition de ses Cahiers critiques de poésie lui rende hommage est à peine paradoxal.


La poésie, pour elle, est un eforme courte, ce qu’elle envie


C’est le fruit de cette renommée qui s’étend à bas bruit, depuis Dans la tour, en 1984, et le signe d’une singularité irréductible de ces textes. Il n’échappera à personne que c’est une revue de poésie, et non des moindres, qui en prend l’initiative. Une fois de plus le doute est semé sur la pertinence des distinctions entre ces « catégories imprécises », roman, poésie, critique, philosophie. Dans un entretien, l’auteur n’affirmait-il pas : « J’ai pensé que si tout pouvait relever de la philosophie, tout pouvait encore plus relever de la littérature » ? La littérature n’ayant d’autre particularité que, contrairement à la philosophie, « la possibilité d’une fin », la sortie hors du cycle des thèses et des réfutations. Quant à la poésie, si elle ne se veut « absolument pas poète », c’est, dit-elle, « à mon grand regret ». Et c’est pour elle une question de temps. La poésie, pour elle, est une forme courte, ce qu’elle envie. Pour moi, ajoute-t-elle, « c’est perdu pour toujours ». Mais un certain nombre de ses « procédures (...) s’apparente plus à celles dont useraient les poètes qu’à celles dont usent, je pense, des prosateurs ». Les poètes ne s’y trompent pas. Sans annexer Danielle Mémoire, ils témoignent, aux côtés de prosateurs, de l’importance de son oeuvre et des questions qu’elle pose à la poésie. Ainsi, l’entretien liminaire dont sont extraites les citations qui précèdent est-il mené par le poète Jérôme Mauche. Et l’on trouve dans le dossier des textes allant d’Yves Bonnefoy à Laure Limongi, de Francis Cohen à Caroline Sagot Duvauroux, d’Alain Veinstein à Xavier Person, mêlant âges, notoriétés et esthétiques, face au questionnement qu’adresse la poésie cette oeuvre inclassable, indispensable.


Alain Nicolas, L’Humanité, 2014

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Danielle Mémoire, Hiératiques debout, Danielle Mémoire - Hiératiques debout - avril 2013

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