— Paul Otchakovsky-Laurens

Requin

Bertrand Belin

C’est depuis le milieu d’un lac artificiel près de Dijon, durant le temps que prendra sa noyade et avec le souffle que lui laisse la dure entreprise de se maintenir en vie, que le narrateur et personnage principal élève, au prix d’efforts de plus en plus pénibles à produire, son chant d’adieu. Une oraison fragmentée, épique, drôle, qui le présente comme l’unique occupant d’un édifice s’affaissant jour après jour.
Requin est le premier roman de Bertrand Belin.

 

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La presse

Un noyé pensif


Cet homme ayant oublié où il a rangé ses clés fait un noeud coulant à une corde, accroche celle-ci au lustre et se pend. Toute sa vie défile alors en accéléré et, quand il se voit mettre son trousseau dans le premier tiroir de la commode, il retire sa tête du noeud mortel et se dirige tranquillement vers le meuble. C’est une histoire dessinée de Chaval. Or si un tel film commémoratif nous est bel et bien proposé aux ultimes instants de l’agonie, en serons-nous le spectateur comblé, fier d’être le héros de ce biopic fulgurant, ou rêverons-nous d’abréger encore la séance, notre dernier râle interrompu alors par le claquement sec de notre strapontin ?
Ce phénomène amnésique reste sans doute très incertain, mais les autobiographies écrites dans le grand âge pourraient bien être dictées aux écrivains par le pressentiment de leur fin prochaine. Mourir consisterait à se laisser doucement emporter par ce contre-courant pour rejoindre le non-être originel. Pures spéculations, qu’il soit bien entendu que je n’affirme rien. Ou plutôt si, j’affirme que cette idée du bilan d’une vie dressé dans l’urgence et la catastrophe de la mort imminente vient d’inspirer un fort beau récit à Bertrand Belin, Requin.
Auteur et interprète de chansons envoûtantes (Hypernuit, Comment ça se danse), Bertrand Belin avait écrit pour la radio en 2011 une fiction musicale, ¬Cachalot, qui aura servi de matrice à ce -livre, puisque certains passages leur sont communs et que l’une et l’autre ont le même cadre, le contre-réservoir de ¬Grosbois, un lac artificiel à proximité de Dijon. Dans le roman, cependant, la situation est plus critique : victime d’une crampe, un homme est en train de se noyer. Comme il s’agit du narrateur, nous pouvons craindre à tout moment que le récit s’arrête. Une dernière tasse pour la route, et adieu. C’est un drame peu spectaculaire qui se joue dans la quiétude d’un après-midi ensoleillé. Personne ne prend garde à l’infortuné nageur qui distingue au loin, sur la plage, sa femme avec un livre, son fils avec un ballon. Et le narrateur ne peut s’empêcher d’être surpris par la banalité de la situation. Mourir advient donc comme le reste, dans l’ordre ordinaire des jours : « On ne s’empale pas toujours sur le paratonnerre d’une cathédrale de faits complexes, ni ne tombe couramment du haut d’un échafaudage fébrile de données ¬hétérogènes. »
Si la mort est un événement aussi contingent, qu’en est-il donc de tous ceux qui l’ont précédé ? Notre destin n’est-il qu’un enchaînement paralogique de ¬circonstances aléatoires ironiquement conclu par une mort absurde ? « La même suite d’activités aurait tout aussi bien pu me conduire à acheter un chien, briser un tabou familial ou me brûler une cuisse ; mais allez savoir pourquoi, du tissage sauvage des fils de mon destin devait résulter que je me noierai. » Les pensées de cet homme s’ordonnent avec clarté alors même que son corps se débat, la dissociation est complète, comme dans le sommeil où nous faisons pourtant l’expérience inverse puisque c’est alors le corps qui repose tandis que l’esprit ¬conçoit des rêves délirants. Bertrand Belin observe sans cruauté son personnage et, s’il le laisse mariner ainsi entre deux eaux, nous devinons que sa narration étire une scène en vérité très brève.
L’homme se souvient. Topographe à l’Institut national d’archéologie préventive (Inrap), il lui appartient cette fois d’exhumer les souvenirs enfouis dans sa propre mémoire avant qu’il ne soit trop tard. Le premier baiser échangé avec sa femme, le vol de deux cents squelettes mérovingiens pour des raisons qui désormais lui échappent, sa collection de fossiles, un traumatisme d’enfance qu’il nomme « la nuit-de-lait », quand déjà il faillit perdre la vie. Parfois, il s’arrache à cette remémoration. Il s’en veut de ne pas s’intéresser plutôt à ce qui lui arrive maintenant : « Mourir est tout de même suffisamment rare pour que l’on se préoccupe de vivre pleinement un tel moment. Hélas je suis dissipé et ne peux tout bonnement pas me noyer tranquillement. »
Il faut se méfier de l’eau qui dort, dit-on, et de même l’écriture extrêmement fluide de Bertrand Belin évoque ces « Fleuves impassibles » de Rimbaud, qu’un « noyé pensif parfois descend ». Soudain, le débit s’accélère, les eaux s’ouvrent, des tourbillons les creusent. Le narrateur se souvient d’un jour où, poussé par la faim, il avait tué un cygne à coups de rame pour le dévorer. Scène terrible et point culminant du livre : « Je le sais depuis : le cygne est immangeable. Le cygne est pourri de l’intérieur. » A moins que ce meurtre ne soit plutôt « un devoir de classe (...), une tâche inhérente à mon rang : en finir avec un seigneur ».
Le corps lutte encore mais déjà l’existence se fige dans le récit qui sera son cadavre. La pulsion de vie persiste pourtant, les regrets se formulent comme autant d’espoirs. Ce que l’on ferait si le temps était plutôt devant soi : « Rouler dans le raisin avec des Chinoises (...), mettre sous ma chemise des hiboux et des sternes (...), voir plus souvent les loutres. » Magnifique énumération finale qui voudrait ne pas cesser afin que la mort repoussée par des désirs plus impérieux reste toujours à venir.


Eric Chevillard, Le Monde des Livres, 17 avril 2015



L’ivresse des profondeurs


On aime ses chansons qui font s’emballer le coeur, on plonge dans le premier roman de Bertrand Belin, Requin, une histoire d’eaux impressionnante.


Un homme se noie - une crampe à la jambe - dans le contre-réservoir de Grosbois, un lac artificiel des environs de Dijon. Les dés et le compte à rebours sont lancés, n’en jetez plus. "On veut être digne. Aussi et surtout à l’instant de périr si bêtement, serré dans un slip de bain Go sport." Tandis que jambes, bras, poumons s’activent fébrilement, l’humour surnage et l’esprit vagabonde. Blanchet "pense à tout sauf à mourir", observant les choses de sa vie s’étaler en ondes concentriques autour de son corps qui sombre. Routes et déroutes, les textes des chansons de Bertrand Belin balancent du côté de la poésie. Mais sa lange imagée ("cette douleur aux dents pas moins vache qu’un massacre de dauphins") sert ici un récit incroyablement dense qui fait cohabiter l’intime et l’épique. Pas un hasard si le chanteur à la beauté rugueuse d’un acteur américain aime tant Jack London. Il y a quelque chose de splendide et de terrible dans ce roman des profondeurs. Sur le point de gagner la sortie, l’entrée refait surface.
A bout de souffle, le narrateur se souvient de son enfance, surtout de cette scène primitive de 19856, où il trouva, dans les eaux du port de Dieppe, onze litres de lait, pêche miraculeuse qui lui coûta toutes ses dents. Au fur et à mesure du récit, la nuit du pêcheur dévoila ses souffrances et ses mystères. La singularité happe à toutes les pages. Une deuxième onde concentrique met au jour un jeune homme fou d’archéologie, période paléolithique, topographe à l’Inrap, Institut national de recherches archéologiques préventives, puis amoureux de Peggy, une femme dont il adore les clavicules et qui réussit à l’arrimer. D’un chantier à l’autre, si proche de sa fin, l’archéologue fouille la terre de sa propre vie, se souvient des silex dans ses chaussures, déterre les cadavres de son histoire familiales. Parfois son esprit fait des drôles de court-circuits: " Pour être clair, je me trouve exactement aux portes de l’au-delà, et me voici à faire des projets. Pas de grands projets, non, mais refaire la salle de bains."
Requin interroge ce bizarre métier de vivre et de mourir, finalement les deux vont pas mal ensemble, frères ennemis mais frères siamois. Au cours d’accélérations et d’arrêts sur image, au travers de scène d’anthologie (la décapitation d’un cygne), Bertrand Belin conte avec panache l’ultime "numéo de claquette d’un foutu".


Olivia de Laberterie, Elle, 20 mars 2015.



Chant d’adieu en eaux profondes


Les albums de Bertrand Belin sont de ceux dont on ne sépare pas. Chanteur, auteur et compositeur, le talentueux Breton ajoute une nouvelle corde à son arc en publiant un intrigant premier roman chez P.O.L.
Le narrateur de Requin est un homme dans le milieu de l’âge. Un type qui a appris à compter les années et à se tenir prêt. On le découvre vêtu d’un seul slip de bain Go Sport, alors qu’il se baigne dans le contre-réservoir de Grosbois, un lac artificiel des environs de Dijon, à quelques mètres de sa femme Peggy et de son fils Alan. Peu à peu, le lecteur apprend qu’il a eu une enfance pas malheureuse dans un immeuble HLM, lorsqu’il collectionnait les fossiles. Il avait 12 ans, bientôt 13, au moment de l’élection de François Mitterrand. Le lendemain de la mort de son grand-père, écrasé par un train. La malédiction ne s’est pas arrêtée là puisque son "ectoplasme" de père s’en est lui aussi allé trop jeune, emporté par un cancer des poumons.


Vider son sac


Voici quelqu’un qui estime que "l’espoir est un lubrifiant qui protège de l’usure que produit le frottement de la conscience sur le temps". Quelqu’un pour qui le quotidien n’est pas simple. Pour l’heure, il s’évertue à demeurer vivant, à ne pas se noyer. S’il coule et s’il passe la porte qui mène à l’au-delà, il pense que la neige et le feu vont lui manquer. En attendant, pourquoi ne pas vider son sac, parler sans relâche. On l’écoute, touché par le mélange de burlesque et de tragique dont se sert Belin pour évoquer le destin d’un être resté longtemps à distance de la vie.

Alexandre Fillon, Sud Ouest, 22 mars 2015.



Un homme se noie


Le musicien Bertrand Belin se lance dans l’écriture au long cours avec Requin : un premier roman au charme tenace loué par Eric Reinhard. Rencontre avec un contemplatif.


On connaissait le musicien, figure discrète du rock français, qui nous avait charmé en quatre albums, aux titres parfois énigmatiques comme La perdue ou Hypernuit, et chez Olivia Ruiz avec Pour te dire tout. On retrouve Bertrand Belin, 44 ans, auteur de Requin, un premier roman à la séduction aussi évanescente et âpre que ses chansons. On pourrait s’étendre à l’infini et à coups de clichés sur la différence entre l’écriture de chansons et celle d’un romain, mais Belin, jeune homme moderne en veste cintrée et jean fuselé noir, règle la question avec le laconisme qui le caractérise : « Dans la chanson, la musique prend sa part de dramatique. Dans l’écriture littéraire, l’air se retrouve dans les silences. Je m’en sers. »
Requin est à l’avenant : une écriture serrée, une pensée ramassée, l’essentiel en quelques mots. Il faut dire que le narrateur n’a pas le temps de s’épancher ni de tergiverser : c’est un homme qui se noie pendant que sa compagne, Peggy, et leur petit garçon, Alan, jouent sur la plage sans se douter qu’il ne reviendra pas. Sa vie défile à toute vitesse : sa rencontre avec Peggy, sa vie professionnelle frustrante, sa passion des fossiles, la mort de son père, le tout restitué à coups d’images presque irréelles, oniriques, comme un long délire, et de réflexions d’un pessimisme stoïque sur la vie. « Être en train de mourir, être prêt à quitter la vie, permet de poser un discours dont on n’aura pas à supporter les conséquences, de prendre position sur certaines choses sans être un spécialiste. Mon narrateur a l’autorité qu’on prête à un mourant. Il se dit qu’il a dû mal cheminer pour préférer finalement la mort à la vie. Ce qui le sauve, c’est l’humour et goût du jeu. Cela m’a permis d’y intégrer certaines expériences de ma vie. »
L’eau et ses dangers, le risque constant de se noyer ou de perdre des proches en mer, Bertrand Belin, enfant de Quiberon, les connaît. Son grand-père, son père ainsi que deux de ses frères ont été pêcheurs sur des chalutiers. « J’ai grandi au bord de la mer, je me sens appartenir à l’eau, avec un rapport aux métiers de la mer et à une mythologie maritime. Je me souviens de la sirène des pompiers qui annonçait en trois coups les accidents de la mer. On attendait un coup, puis deux, et on craignait le troisième. J’ai des copains d’école qui se sont noyés. J’ai une sorte de dette envers la vie maritime à laquelle j’ai tourné le dos. »
Arrivé à Paris à 18 ans, déjà musicien - dès 13 ans, il joue dans les bars avec son frère des reprises d’Elvis ou de Johnny Cash -, Bertrand Belin travaille dans des supermarchés, joue de la guitare dans le métro, s’installe dans le XXe arrondissement qu’il ne quittera pas. « Je ne souffre pas vraiment du syndrome de transfuge des classes, mais j’y pense beaucoup. Ma place est dans les bistrots de gueules cassées. Je ne suis pas à l’aise dans tous les milieux. » Requin n’est pas un brusque caprice mais le fruit d’un désir d’écrire qui remonte à l’adolescence. Une fois le manuscrit terminé, Belin l’a testé auprès de son ami Eric Reinhardt, qui l’a encouragé à le publier : « Une évidence s’est imposée à moi dès les premières pages, nous confie l’auteur de l’Amour et les Forêts. Une sorte d’autorité de la cadence, une hauteur de pensée, un surplomb silencieux, une densité de roche. Tout ce qu’on connaissait déjà par ses chansons, mais que j’ai trouvé ici sous forme agrandie, amplifiée, tout en restant compacte, altière, énigmatique. Fini la raréfaction des mots, les phrases qui tombent en lambeaux ou qui s’effritent : ici on a souvent de longues périodes parfaites et parfaitement sphériques, qui m’ont impressionné. Ce que j’aime le plus dans la littérature, Bertrand le donne ici à de nombreuses reprises : la pensée à l’oeuvre dans la phrase, moment qui offre le sentiment que ce n’est pas l’auteur qui est intelligent, mais justement sa phrase, la façon dont respire la grammaire, et ça c’est très difficile à obtenir, on le rencontre rarement, c’est même pour moi la marque de la littérature. »
Belin aime Jorge Luis Borges et Henry James, tout Jean Echenoz, la poésie de Jaccottet et celle de Tarkos, la danse contemporaine, toujours le rock américain des 50’s. Il semble immuable, un être sur lequel le temps n’aurait pas de prise, fasciné par les objets « qui nous précèdent et nous survivront. Mon travail est un hommage perpétuel aux choses inertes. Je m’en remets à elles. Je tire un apaisement inouï devant un paysage ». Un contemplatif qui reprendra les studios de Sheffield pour enregistrer un cinquième album en mai, et travaille déjà à son deuxième roman.


Nelly Kaprièlian, les Inrokuptibles, 25 mars 2015.



"Bertrand Belin brille autant à l’écrit qu’à l’oral"


Le musicien français publie avec «Requin» un excellent premier roman, au style aussi finement ciselé que ses chansons. Auteur-compositeur-interprète, Bertrand Belin nous avait envoûtés avec la prose de ses chansons. Avec son roman «Requin», le chanteur dévoile ainsi un nouveau talent. La patte Belin est bien reconnaissable: phrases qui se répètent, se reprennent et se reformulent, ainsi qu’un univers qui alterne entre banalité et situations très singulières... «Un jour nous serons en sécurité, nous pourrons manger en toute sécurité


Au téléphone, pas de doute, c’est bien lui. On le reconnaîtrait entre mille à sa voix grave, mais surtout à sa manie de reformuler les phrases, de trouver diverses façons de dire. Quand on interroge Bertrand Belin sur la façon circulaire d’avancer dans son récit Requin, son premier roman publié, le chanteur français nous explique: «Cette circonvolution, ce relief sur la page, ce pas en avant suivi d’un demi-pas en arrière, est la juste vitesse de ma réflexion
Avec Requin, Bertrand Belin revisite l’univers de la fiction musicale Cachalot?, qu’il a composée en 2011. /


L’exclu qui se retrouve au centre


Le héros, topographe qui aurait voulu être archéologue, donne l’impression de n’avoir pas tout à fait réussi à «vivre franchement». Bertrand Belin évite cependant de parler de ratage: «Mon personnage se situe à la périphérie de l’idéal. Ce n’est déjà pas si mal. Beaucoup de gens s’y trouvent. J’observe souvent ce type de comportement autour de moi, le fait de se trouver mal inscrit dans un groupe. La première impression qu’on a, c’est que l’individu à part est à l’extérieur, exclu. Pourtant, il est possible que ce soit justement le groupe qui soit à la périphérie, croyant être au centre, tandis que l’individu seul occupe la bonne place.» Effectivement, dans le livre, c’est au centre du lac que le héros se noie, sans que sa femme, Peggy, ni son fils, Alan, restés sur la rive, ne s’en aperçoivent...
Ce «contre-réservoir de Grosbois», dont le narrateur souligne l’expression mi-solennelle, mi-grotesque, a inspiré Bertrand Belin: «J’y ai fait une halte, un jour. Cette après-midi ressemblait à celle que je décris, cette ambiance balnéaire, ces vêtements multicolores, transportés au fond d’une campagne paisible et cramée de soleil. Cette expérience m’a imprimé la rétine et les tympans», explique Bertrand Belin, qui a grandi au bord de la mer, à Quiberon, en Bretagne.


Un livre qui pousse sur les côtés


Mi-figue, mi-raisin, l’auteur manie l’humour et le tragique avec la même dextérité. A la lecture, on alterne entre affectueuse moquerie pour ce doux loser et admiration devant la brutale beauté qui émane de son mal-être. Finement ciselée, l’écriture permet de suivre la pensée du personnage, qui repasse sans cesse par les mêmes instants sans jamais toutefois tourner en rond.
De nombreux symboles se répondent dans le livre, comme le cygne du lac d’Annecy auquel le personnage, adolescent, tord le cou pour le manger, qui fait écho au métaphorique chant du cygne du noyé. A tel point que l’on est tenté de chercher partout des clés de lecture. Une quête encouragée par l’écrivain, qui dit aimer les «nouveaux petits lièvres levés par chaque lecteur». Il douche toutefois nos ardeurs quand on lui suggère l’interprétation suivante: le héros est surnommé «le veau» par un ami, qui fait le rapprochement entre son nom de famille, Blanchet, et la blanquette de veau. En appliquant la stratégie au nom de l’auteur, Belin, on passe facilement à vélin, soit une peau de veau mort-né qui sert de support à l’écriture. Cette image est-elle voulue par l’auteur, qui signe une histoire sur un homme qui meurt avant d’avoir «franchement» vécu? «Non, déclare Bertrand Belin. Mais à partir du moment où vous l’avez débusqué, on peut dire que ce lien existe. C’est plaisant de savoir qu’un livre dépasse un peu son auteur: on a beau avoir mis le point final, il pousse toujours un peu sur les côtés...»


Marianne Grosjean, La Tribune de Genève, samedi-dimanche 16 et 17 mai 2015

Agenda

Mardi 21 mai
Bertrand Belin à la Librairie Kléber (Strasbourg)

Librairie Kléber
1 rue des Francs-Bourgeois
67000 Strasbourg

03.88.15.78.88

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Et aussi

GOOD P.O.L : concert de Bertrand Belin et Rodolphe Burger (Poitiers)

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Vidéolecture


Bertrand Belin, Requin, la poésie Bertrand Belin février 2015