Travail d’une écriture cristallisant arts plastiques, sonores et textuels, Conte de F____ est un audiolivre, ou à l’envers un livreaudio ; un compact-disc et un livre, qui dressent chacun plusieurs pans d’une même histoire, plusieurs constructions croisées d’une même diégèse. Du sens se construit à l’intersection de la lecture et de l’audition. Aussi dans l’exclusion de l’une par l’autre et inversement. L’indécidable de la position suscite le mouvement de la lecture et l’intérêt de l’ouvrage. Le dit et le lu interfèrent ; deux temps se trouvent confrontés : le temps libre de la lecture et le temps...
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Travail d’une écriture cristallisant arts plastiques, sonores et textuels, Conte de F____ est un audiolivre, ou à l’envers un livreaudio ; un compact-disc et un livre, qui dressent chacun plusieurs pans d’une même histoire, plusieurs constructions croisées d’une même diégèse. Du sens se construit à l’intersection de la lecture et de l’audition. Aussi dans l’exclusion de l’une par l’autre et inversement. L’indécidable de la position suscite le mouvement de la lecture et l’intérêt de l’ouvrage. Le dit et le lu interfèrent ; deux temps se trouvent confrontés : le temps libre de la lecture et le temps imposé de l’écoute.
Soit, le lecteur comme lieu de rencontre de la synchronie et de la diachronie.
La condition sine qua none pour la « réussite » de l’objet étant que le livre puisse souffrir d’une lecture séparée de l’audio et inversement, alors même que le projet tire pleine richesse de leur travail conjoint.
Un balancement, une oscillation agite les pages ; une respiration, prise entre des pages imprimées et un CD, qui n’existent pas réellement les unes sans l’autre, un objet hybride, mais pas un monstre. Ou plutôt : l’objet dont nous voudrions parler n’est pas palpable, il est inexactement un CD et un livre, il est exactement ce flux de deux, cette circulation d’air entre deux lieux...
Nous sommes là, entre la page et l’âge électronique, dans les questions de la représentation : les modes d’irruption dans le corps du livre sont nombreux :
– Le CD ne donne pas à entendre qu’une récitation, ou une interprétation qu’on pourrait détacher du livre, en effet, comme souvent les CD de poésie sonore. Il participe à la lecture du livre, il s’invite chez le lecteur, comme s’il lisait par dessus son épaule, soulignant ici un mot à haute voix, marmottant une ligne là, manifestant son mécontentement ou éternuant encore ici. C’est à faire cette expérience étrange d’une lecture qui s’entend lire, comme on dit parfois qu’on s’entend parler, que le lecteur se trouve ainsi invité.
Télescopages, interférences, superpositions, cut-up et put-up, décalages et dédoublements de récitations, d’ambiances sonores et de musiques mettent en place une triangulation « verbi-voco-visuelle », créent une singulière spatialisation de paroles et langages. Livret d’opéra d’un petit théâtre mental, le texte acquiert une profondeur de l’effet de perspective sonore que le CD lui confère. Les pistes parallèles de lecture ressemblent à des brins qui se touchent, s’entrelacent avant de s’écarter de nouveau.
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