— Paul Otchakovsky-Laurens

L’ été indien

Joël Baqué

Éric Planchon naît dans un village de l’Hérault des années soixante-dix. Son père est un vigneron amoureux de ses ceps ; sa mère, déçue par son mariage, se réfugie dans une inquiétante passion amoureuse pour le présentateur du journal télévisé Jean-Pierre Pernaud, et un non moins inquiétant intérêt pour le tri sélectif des déchets. Élevé dans cette atmosphère électrique où il apprendra à cultiver des qualités diplomatiques, Éric rencontrera d’autres personnages hauts en couleur lors de son service militaire, de son premier travail dans un restaurant pour touristes, puis dans une...

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La presse


« "L’Été indien" : l’écrivain Joël Baqué évoque sa jeunesse héraultaise en mode western. » L’auteur de "La Fonte des glaces" revient avec un nouveau roman sur les traces du jeune homme qu’il était au mitan des années 1980. Une comédie sociale hilarante et nostalgique sur une France en train de disparaître... un article de Edwige Audibert, à retrouver sur la page de franceinfo.



Joël Baqué et son double

Les histoires aux trames complexes n’intéressent pas Joël Baqué. Sa plume est heureuse sous l’aile d’intrigues épurées, aux côtés de personnages décalés : il s’est glissé dans la peau d’un passionné des manchots empereurs dans La Fonte des glaces, ou dans celle d’un ascète syrien du IVe siècle dans L’Arbre d’obéissance. Le voici plus minimaliste que jamais avec L’Été indien, mettant en scène Éric Planchon, né comme lui dans l’Hérault, au début des années 1960. La mère d’Éric a deux passions : le tri sélectif et Jean-Pierre Pernault. Son père ne manifeste de tendresse qu’à ses vignes. Ce « couple tragique » dit tout d’une France rurale qui s’étiole et va disparaître, dans une cacophonie de disputes pagnolesques, de coïts mémorables, d’habitudes démodées et de silences déçus. Apprécié mais un peu délaissé par ses parents, Éric fera l’armée, puis cherchera du travail : rien de rocambolesque en apparence. Pourtant, impossible de lâcher ce roman, dont le style et la sensibilité nous envoûtent. De situation anodine en petit détail, l’auteur observe le monde avec minutie, comme si chaque micro-secousse de l’existence était un sérieux sujet d’étude, prétexte à l’exercice d’une écriture parfaite. Sa poésie du réel, qui nimbe tout de cocasserie et de tendresse, raconte l’histoire d’un futur écrivain, en qui l’on devine le double de Joël Baqué. On le comprend au détour d’une seule phrase : « Pourquoi ces accès de mélancolie songeuse lorsqu’il se recroquevillait dans son lit, au bord du sommeil comme au seuil d’un interminable tube digestif où son enfance transitait tant bien que mal ? De là sans doute sourdraient plus tard des phrases puis des livres. » Et quels livres !

Élise Lépine, Le Point, le 22 février 2024



Un roman d’une vraisemblance très prosaïque

Après La Fonte des glaces, Joël Baqué remet le couvert avec la vie d’Éric Planchon dans la France des « fins de mois en toboggan ».

On n’a pas oublié ce roman loufoque, La Fonte des glaces (2017), où le héros prenait pour compagnon de sa fin de vie un manchot empereur empaillé. L’Été indien revient sur la vie d’Éric Planchon (alias Joël Baqué). Il décide de naître, dès la première page, en s’extirpant tout gluant des « tiédeurs amniotiques ». Plus jeune gendarme de France avant de devenir maître-nageur sauveteur chez les CRS, Joël Baqué, romancier autodidacte, fait grandir son héros « dans les marges parentales » près de Béziers ; jeunesse « pagnolesque plus que baudelairienne » entre une mère dépressive obsédée par le tri sélectif et un père ouvrier agricole maussade et pas commode. Éric, « petit esquif coincé entre les deux navires amiraux », prend de plein fouet la « détestation mutuelle » qui lie ses géniteurs. Il survit en « mélancolique rentré ». De là « sourdraient plus tard des phrases puis des livres ». On le suit de l’adolescence à l’âge adulte, de petit boulot en petit boulot jusqu’au service militaire, sans oublier les nombreux « râteaux » qu’il se prend avec les filles. Avec elles, « il était comme un pare-brise et l’insecte qui s’y écrase ». Il décroche un CAP de comptable dans la France « des petits salaires, des petites retraites, des fins de mois en toboggan ». Voilà un roman débridé, voire délirant, d’une indubitable et constante vraisemblance prosaïque.

Muriel Steinmetz, L’Humanité, le 21 mars 2024



Brève L’Été indien

Eric Planchon est le fils de ce qu’il appelle un « couple tragique ». Le père est un vigneron maussade. La mère, une obsédée du tri sélectif. Des caricatures, mais dont la présence est forte. Sur les résultats, toujours médiocres mais émaillés de spectaculaires violences, du club de foot local, ils divergent évidemment, comme sur tout le reste, et la haine monte. Le fils, au milieu, cherche à devenir lui- même, de préférence ailleurs. Ce sera un job d’été dans un restaurant du Cap d’Agde, où il espère perdre son pucelage – raté. Puis le service militaire à Auxerre, pas folichon mais pas inutile, « une aventure humaine rugueuse au début, formatrice malgré tout. » Et la vie professionnelle qui débute, sous le double signe de la comptabilité, sa formation de base, et de la virginité, une malédiction. Tragiquement drôle, le roman trace son chemin à travers des paysages mentaux escarpés.

Pierre Maury, Le Soir, le 8 février 2024



Chronique L’Été indien

La question sera finalement de savoir si Éric pouvait échapper à son destin. Il est tiraillé entre son père et sa mère. Cette dernière voue une admiration sans bornes à Jean- Pierre Pernaut et jauge ses congénères en fonction du regard qu’ils portent sur le présentateur du JT de TF1. Et de leur capacité à trier leurs déchets selon le code couleur des poubelles. Le jeune Éric grandit, part à l’armée, apprend un métier. Chronique douce-amère dans une famille au mode de vie bien réglé, dans ce bout de Languedoc où le soleil peut taper fort.

Sébastien Dubos, La Dépêche, le 24 mars 2024



La France sous nos yeux

Bienvenue à Plaissac, charmant « petit village héraultais dominé par son très ancien clocher à corneilles ». Dans cette bourgade proche de Béziers, le vigneron Robert Planchon passe son temps à s’occuper de ses « trente-six ceps de muscat d’Alexandrie », au grand dam de son épouse, Arlette, qui s’est trouvé faute de mieux deux passions : le tri sélectif et le 13 Heures de Jean-Pierre Pernaut. Le couple a un fils, Éric, le véritable héros de L’Été indien. Le quotidien, répétitif, de la famille est toutefois rythmé par les matchs (parfois remuants) de l’ARBM, « l’équipe de foot de la métropole voisine ». Alors que ses parents entretiennent « leur détestation mutuelle [qui les lie] comme le pirate à son crochet », le jeune homme va grandir, s’émanciper. C’est ainsi qu’il va travailler dans un restaurant du Cap d’Agde, Le Cerf Radieux mal outillé pour décrocher l’étoile Michelin mais dont le patron est, s’il vous plaît, un ancien champion régional de lancer de poids ! Diverses expériences, Éric en aura aussi lors de son service militaire, à Auxerre, puis lors de son retour au bercail, avec un poste aux Assurances des Oliviers... Ancien CRS devenu auteur publié chez P.O.L, Joël Baqué est l’une de nos plumes les plus drôles et attachantes. À travers ce bref et exquis Été indien (qui n’est pas sans lien avec Joe Dassin), l’ex-gendarme brosse au-delà de ses personnages, incongrus et attirants un formidable portrait d’un pan de l’Hexagone, souvent délaissé. Son roman ressemblerait un peu à une partie de belote opposant une équipe Pierre Michon-Fabcaro à un duo Jérôme Fourquet-Vincent Moscato (oui, oui). On prend, et avec atout cœur!

Baptiste Liger, Lire Magazine, avril 2024



Agenda

Du vendredi 17 au dimanche 19 mai
Neige Sinno et Joël Baqué au Festival La Comédie du Livre (Montpellier)

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