L’ Opérette imaginaire
Valère Novarina
De ce texte théâtral, une véritable opérette avec lyrics, voici ce que dit Valère Novarina : « C’est une forme acérée, un théâtre acide et en relief : une eau-forte. La pâte théâtrale a disparu : reste le trait, l’élan, la gravure. Par projections, sauts projetés, par passage d’un plan à l’autre, par pointillés, par découpes, le théâtre vient ici se débarrasser du tendre, de la plainte, du partage ému. L’opérette : ossature et forme cruelle du théâtre. » Ou encore : « Le temps avance par irruption de personnages rythmiques...
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De ce texte théâtral, une véritable opérette avec lyrics, voici ce que dit Valère Novarina : « C’est une forme acérée, un théâtre acide et en relief : une eau-forte. La pâte théâtrale a disparu : reste le trait, l’élan, la gravure. Par projections, sauts projetés, par passage d’un plan à l’autre, par pointillés, par découpes, le théâtre vient ici se débarrasser du tendre, de la plainte, du partage ému. L’opérette : ossature et forme cruelle du théâtre. » Ou encore : « Le temps avance par irruption de personnages rythmiques – affublés d’un air animalesque ou trop humain, ils entrent, traînant ritournelles et romances. L’action avance par secousses de l’espace : le public vient voir se percuter des sentiments, s’entrechoquer la vie (…) : pas de personnages mais des vêtements habités. Vêtus de langue, voici des masques, des cavaliers d’anatomies, tournant en cercles, spirales, en figures de quadrilles, carrés, constellations : comme les personnes d’un jeu de carte. Souffrance du Valet de carreau. Joie du 8. »
Mis en scène par Claude Buchwald.
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Traductions
Allemagne : Alexander | Chine : CUCP | République Tchéque : Divadelni Ustav | Roumanie: Fondation Camil Petrescu
La presse
Le novarinien tel qu’on le parle et le chante ici ne présente jamais de réelle obscurité. Il stimule, il charme, il amuse. Il y a ces formules lapidaires, d’une totale orthodoxie linguistique, qui disent la condition humaine à la manière des bons poètes. Il y a ces acrobaties syntaxiques dont Novarina tire autant d’effets d’insistance que de cocasserie. Il y a ces mots-valise dont la mode ne date pas d’hier. Il y a ces créations verbales souvent étourdissantes, témoin la scène burlesque où des journalistes « d’opérette » commentent la polémomanie planétaire avec, en contrepoint, « l’écrabouillage de la princesse Bibi », avant de déverser un fabuleux torrent publicitaire. La lignée des manipulateurs existe dans notre langue sans avoir toutefois fait florès. Elle tient Rabelais pour maître et passe par Alfred Jarry. […]
Reste enfin le rythme d’un texte écrit pour paroles et musique. […] Il suffit d’un accordéon pour donner au spectacle un faux air d’« Opéra de Quat’sous », moins l’histoire. […] Le résultat est une épure : « L’opérette s’obtient par érosion : demeurent les restes durs, les arêtes rythmiques, la structure, les émouvants restes humains. Dans l’opérette, l’homme émeut par absence. On reconnaîtra les ossements humains à ce qu’ils portaient des yeux, »
La Quinzaine littéraire, 16 décembre 1998