Anachronisme est le livre de Christophe Tarkos le plus autobiographique. Mais, curieusement, comme chez Dupin dont beaucoup de choses par ailleurs l’éloignent, ce n’est évidemment pas d’un biographique psychologique ou nostalgique qu’il s’agit. Disons que le biographique se place sous le signe du vécu, simplement. Avec ce que cela comporte d’expériences mises en mots, au moyen d’énumérations qui peuvent faire penser à Perec, ou dans des micro-récits sans fioritures, avec un rythme, une scansion qui sont ceux de la souffrance physique ou amoureuse impensable et torturante.
On peut y lire les éléments d’un journal intime (rencontres avec les amis, liste des choses volées cet hiver), les éclats d’un journal littéraire, sans que jamais ne s’épuise la matière du texte qui se poursuit d’ailleurs, au final, sur l’écriture infinie du nombre pi. Car avant tout, Anachronisme, titre et programme littéraire de l’ouvrage, invite à une expérience du temps, délivre ce qu’on veut défendre d’une littérature contemporaine.
Les Inrockuptibles