Ce volume fait suite à Remarques, à Histoires d’une vie (Remarques 2). Il s’agit donc des Remarques 3. Petit traité de la vie et de la mort est un de ces livres énigmatiques qui ponctuent l’œuvre de René Belletto, comme s’il s’agissait de faire le point et de relancer les dés d’une partie perdue d’avance. On retrouvera ici un humour corrosif et désespéré, irrésistible, qui s’acharne sur la même matière qui n’est autre que la vie. On retrouvera la même mise en page sophistiquée, provocatrice et profondément justifiée – à tous les sens du terme. On retrouvera...

Ce volume fait suite à Remarques, à Histoires d’une vie (Remarques 2). Il s’agit donc des Remarques 3. Petit traité de la vie et de la mort est un de ces livres énigmatiques qui ponctuent l’œuvre de René Belletto, comme s’il s’agissait de faire le point et de relancer les dés d’une partie perdue d’avance. On retrouvera ici un humour corrosif et désespéré, irrésistible, qui s’acharne sur la même matière qui n’est autre que la vie. On retrouvera la même mise en page sophistiquée, provocatrice et profondément justifiée – à tous les sens du terme. On retrouvera poussé à son comble le même sens de la formule qui frappe ou qui dérègle les repères de la sensibilité et de la pensée. Chef-d’œuvre de concision lapidaire ce « Petit traité » exprime une douleur sans limites, celle d’être né et de ne pas vivre, celle de mourir avant même d’être né.

L’auteur de Sur la Terre comme au ciel livre un petit manuel de philosophie en kit

Aphorismes grinçants ou cocasses, jeux de mots et calembours voisinent avec des réflexions rêveuses et bien sûr irréalisables sur l’existence : « En réalité, ce qu’on voudrait, c’est tout le contraire. » Avec aussi des questions insolubles ou des citations d’auteurs choisis, bien connus pour vous ragaillardir, comme Gogol ou Kafka. Bref, « les carotides sont cuites », « après moi, la sécheresse », c’est décidé : « J’y mettrai le temps qu’il faut, mais je ne vivrai pas. »

Isabelle Martin, Le Temps, le 11 octobre 2003