Après vous
Pierre Alferi
Pressé de se reloger après une rupture, le jeune Ben découvre une enclave arborée entre les bretelles d’autoroute, le port et les quartiers désoeuvrés de sa ville frontalière. L’entraide paraît s’y pratiquer d’instinct, et la paix régner malgré la présence policière. Le voici donc encouragé à se laisser vivre un été – à bricoler, jardiner, boire, écouter, retomber amoureux. Il faut une série d’accidents, bénins d’abord, puis meurtriers, pour lui faire perdre l’illusion de cet éden et de sa propre liberté. Il faut deux explosions, une rafle, un enlèvement, une lettre...
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Pressé de se reloger après une rupture, le jeune Ben découvre une enclave arborée entre les bretelles d’autoroute, le port et les quartiers désoeuvrés de sa ville frontalière. L’entraide paraît s’y pratiquer d’instinct, et la paix régner malgré la présence policière. Le voici donc encouragé à se laisser vivre un été – à bricoler, jardiner, boire, écouter, retomber amoureux. Il faut une série d’accidents, bénins d’abord, puis meurtriers, pour lui faire perdre l’illusion de cet éden et de sa propre liberté. Il faut deux explosions, une rafle, un enlèvement, une lettre vengeresse, une séance de spiritisme, enfin un meurtre déguisé en suicide, pour que l’automne arrive.
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La presse
Pierre Alferi – dont le cipM a accueilli l’exposition « Les illustrés » à l’automne dernier » ne cesse d’explorer le monde en tous sens : poèmes, cinépoèmes (même s’il récuse le terme), récits, essais, il le saisit dans son instabilité, en capte les vibrations. Avec Après vous, dans une écriture de plus en plus fluide et épurée il en montre aussi la violence affairiste. Le récit commence par une rupture amoureuse entre Sonia et Ben qui va s’installer dans la somptueuse lumière d’un nouvel appartement, « s’installer » est inadéquat, disons plutôt qu’il se glisse avec délice dans cette sous-location dénichée par une amie, dans un quartier en transit, quelque part dans le sud ouest de la France. Ben est donc séduit par cette lumière qui symbolise sa liberté toute nouvelle au même titre que l’absence de bail, d’ascenseur… Libre il se veut, calculant qu’il peut même vivre sans travailler durant tout l’été qui commence. Libre il sera – pense-t-il – pour parcourir son nouveau territoire. Mais la liberté est aussi un leurre, à l’image de certains personnages fantasques qui arpentent les espaces instables de ce quartier en mutation : mécanicien, jardinier japonisant, squatters diplômés et musiciens, dealers, qu’il frôlera sans jamais les connaître vraiment, pas plus que les archétypes de cette microsociété : la Beauté, la Richesse et la Célébrité qui croiseront sa route. Et Ben, à dix-neuf ans, va connaître la traîtrise du monde à travers l’implacable dissolution du quartier dans des mirages immobiliers. Explosions, disparitions, vols et incendie viendront à bout de ses tentatives pour amadouer plantes et gens. Alors, enquêteur naïf, amoureux de la musique et de l’Étudiante anglaise, sera-t-il sauvé, in extremis en trouvant abri dans la chambre noire qui donne du monde une image inversée ?
Poète, philosophe, Pierre Alferi l’est plus que jamais ici où sa prose élégante, sensuelle et malicieuse tient à distance le réel en faufilant avec subtilité et humour ce récit d’apprentissage où (presque) tout est affaire de perspective.
Carine Toly, CCP, mars 2011