— Paul Otchakovsky-Laurens

Somme toute

(cent quarante-quatre sizains)

René Belletto

Pratiquement à chaque fois qu’il écrit un roman, René Belletto éprouve ensuite le besoin d’une œuvre plus secrète, plus celée en quelque sorte et toujours manifestement inscrite dans les profondeurs de la langue. C’est le cas de cet étrange ensemble de poèmes, 144 sizains, donc, qui racontent de strophe en strophe, à leur manière sophistiquée, drôle et angoissante à la fois, une histoire énigmatique dont on voit bien qu’elle entretient avec celui qui l’a écrite des rapports d’intimité intenses. Attiré, par une forme incroyablement inventive, rejeté par l’impossibilité qu’elle lui oppose, le lecteur se...

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La presse

Que fait l’addition de cent quarante-quatre sizains ? Ni manifeste ni bluette à attraper au vol au gré du pas à pas voulu de l’auteur qui ici compte un alexandrin façon Queneau coupé par Roche avec un brin de romance discrète et de doux dévolu.
Onomatopées hop !, jeu de coupe et de parenthèse, et puis de note au bas, de faux départ, tel les hoquets d’ivresse du couple et du destin. Cantharide incertaine aux reflets de coléoptère hirsute à son insu, à la volée sa poésie culbute un passé clandestin.
Merveille en drame, il trame en ces six chants scandés la pamoison du sort, la mort, la nuit bandée dans des torrents d’oubli frissonnés sur l’instant, des flash-cuts de ciné, un jazz un peu gangster... Je tangue à chavirer sous l’ardeur de ses vers, son génie me fait croire qu’il est seul de son temps.
Ce livre a des baisers la fougue et l’agrément - il est guerre et naissance, et plaisir et cancer.



Narciso Aksayam, Cahier critique de poésie, mars 2012