— Paul Otchakovsky-Laurens

Good Vibrations

Chronique pour quatre personnages

Brice Matthieussent

Good Vibrations est une célèbre chanson des Beach Boys datant de  1966. Dans le présent livre, un groupe disco funk comorien des années 2010 choisit de s’appeler ainsi en hommage aux Garçons de la Plage. Ces « bonnes vibrations » sont aussi celles d’une grande école d’art contemporaine, où il neige beaucoup. Quelques étudiants passionnés et amoureux, tout vibrants de l’élan nouveau qui les emporte vers l’art et les lie, y sont comme de jeunes poissons dans l’eau limpide d’un bocal invisible. Une disparition et un cataclysme remettent bientôt les pendules à l’heure des bad vibrations et font exploser le...

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La presse

Les bonnes vibrations de littérature entre pouce et index


Dans une école d’art enneigée, tout le monde cherche désespérément un magasinier cqmorien disparu. Le deuxième roman de Brice Matthieussent allie subtilement amour, énigme et réflexions sur l’écriture.


Sous la neige qui ensevelit cette école d’art du sud de la France, deux points de couleur, les yeux vairons de Dana. La belle étudiante, un livre à la main, prend le temps de regarder une banderole dont les lettres mouillées dégoulinent, laissant subsister un texte incompréhensible. Comme tout Ic monde, ici, Dana le lit pourtant sans hésiter. « Ecole en grève pour la réintégration dc Khalcd » Ainsi commence le ionian de Brice Matthieussent sur une neige dc page blanche, un texte qui s’efface avant d’être lu, maîs que tout le monde reconstitue par la connaissance du réel social. Une mise en cause de l’écrit, rendu inutile par la connaissance pratique ? II n’est pas inutile de se poser la question, tant l’auteur s’amuse à ouvrir des pistes, maîs, pour l’instant, il savoure, et nous avec, le plaisir de la compagnie de son aimable créature, et celui de se fane raconter l’histoire de ses amours, de ses amis, et de cette institution dont le but est de produite des producteurs
d’artifices.


Ce qui a disparu sous la neige, ce n’est pas seulement la couleur, le relief et l’écho des pas des promeneuis Khaled, le magasinier comonen de l’école, musicien à ses heures, manque a l’appel. Pour les étudiants, dont il est le chouchou, l’affaire est claire la direction de l’école a profité des vacances d’hiver pour le virer Intel logé, le directeur. Gérard Mancmi, me comme un beau diable. Alors où c’est Khaled ? Plutôt que de s’en tenir au «je ne sais pas «initial, le charismatique administrateur concocte une version qu’il lui faudra étayei tant bien que mal, selon le bon vieux principe qu’il est préférable que la vie imite l’art, et la réalité la fiction.


Une possible définition de l’art du roman est ainsi donnée par Mancmi accessoirement surnommé « la Panthère rose », d’après le titre du film dont son homonyme, Henry Mancmi, a composé le thème Tout se passe comme ça dans le roman de Brice Matthieussent le blanc et la couleur se combattent, le roman et la vie jouent à cache-cache, l’écriture et la peinture s’échangent au point que le roman, commencé « un livre à la mam », s’achève sur la description de deux tableaux accrochés sur deux faces d’un mur « comme le pouce s oppose à l’index », comme le recto et le verso de la même page, en somme. Les arts accordés produisent alors les « bonnes vibrations » de ce livie sensible, intelligent et souvent drôle dont l’auteur a voulu, comme pour faire oublier une première vie de traducteur renommé, laisser le titre dans sa langue d’origine.


Alain Nicolas, L’humanité, mars 2014



En ce mois de février, à l’École des beaux-arts de La Ville sur laquelle tombe la neige, les étudiants font grève contre la direction qu’ils soupçonnent d’avoir licencié un magasinier comorien, Khaled, membre d’un groupe disco funk dans son pays natal, disparu depuis la fin de l’année précédente. Parmi eux, Daria, Nico, Andreas sont des éléments brillants et passionnés. Un brutal tremblement de terre vient bousculer leur routine et remettre en question certitudes et convictions de ce petit monde clos sur lui-même.


Cette histoire n’est que le prétexte qui permet à Brice Matthieussent (Vengeance du traducteur, NE octobre 2009) de s’interroger, par la voix de ses personnages, sur l’art contemporain, la part du rêve dans la création, l’empathie entre l’artiste et son oeuvre et la façon dont l’art peut s’intégrer à la vie Au passage, il ridiculise certains préjugés et comportements, s’interroge sur le racisme et raille les petits chefs. Professeur à l’École des beaux-arts de Marseille, il disserte sur ces thèmes dans un style alerte et brillant, quelquefois trop esthétique, souvent provocateur. Maîs ce fleuve de mots nous emporte parfois on ne sait où ni pourquoi.


RS. et A. Be. Notes bibliographiques, février 2014

Et aussi

Vengeance du traducteur, de Brice Matthieussent reçoit le Prix du Style.

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Brice Matthieussent, Good Vibrations, Good Vibrations - janvier 2014