Calme toi, Lison
Jean Frémon
C’est un monologue intérieur, Louise Bourgeois parle, se parle, passe en revue des bribes de sa longue vie, dans le désordre. Tout est ici imaginaire, ce n’est pas une biographie. Mais tout est plausible, les humeurs, les saillies, les ressentiments, les pudeurs. C’est le portrait, de mémoire, d’une femme qui a voué sa vie à son art, une vie qui se confond avec le siècle, et a été reconnue tardivement comme l’une des artistes majeurs de notre temps. C’est drôle, touchant, empathique, respectueux et documenté.
Le livre de jean Frémon est résolument une fiction. Il exprime de l’intérieur à la fois les tensions tragiques confinant à la...
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C’est un monologue intérieur, Louise Bourgeois parle, se parle, passe en revue des bribes de sa longue vie, dans le désordre. Tout est ici imaginaire, ce n’est pas une biographie. Mais tout est plausible, les humeurs, les saillies, les ressentiments, les pudeurs. C’est le portrait, de mémoire, d’une femme qui a voué sa vie à son art, une vie qui se confond avec le siècle, et a été reconnue tardivement comme l’une des artistes majeurs de notre temps. C’est drôle, touchant, empathique, respectueux et documenté.
Le livre de jean Frémon est résolument une fiction. Il exprime de l’intérieur à la fois les tensions tragiques confinant à la névrose et les légèretés enfantines de l’un des plus grands artistes du siècle.
Louise Bourgeois, née à Paris en 1915, a émigré aux Etats Unis en 1938 à la suite de son mariage avec Robert Goldwater, un historien d’art réputé. Des années quarante aux années quatre-vingt, elle a développé une œuvre de sculpteur de la première importance sans que le monde de l’art y prête réellement attention. Ce n’est qu’en 1982 que le Musée d’Art moderne de New York lui consacre une exposition. C’est la première fois que cet honneur revient à une femme.
A partir de là, son œuvre n’a cessé de conquérir un public plus vaste et de gagner en audace et en liberté.
Jean Frémon a réalisé avec Louise Bourgeois sa première exposition en Europe, en 1985, à la Galerie Lelong et, trente ans plus tard, la dernière exposition directement conçue par elle, à la Maison de Balzac. Le catalogue en a été publié par Gallimard : « Louise Bourgeois : Moi, Eugénie Grandet ».Jean Frémon a aussi publié un livre de souvenirs : « Louise Bourgeois Femme Maison » (L’Echoppe).
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Traductions
Angleterre : Les Fugitives | Espagne : Elba Editorial | Turquie : Harfa | USA : New Directions
La presse
Une nouvelle fois, Jean Frémon publie un livre qui est une exception. Il a comme sujet plus qu’objet : Louise Bourgeois. L’auteur a réalisé la première exposition de l’artriste en Europe en 1985 à la Galerie Lelong. Trente ans plus tard, il a proposé la dernière exposition directement conçue par elle, à la Maison de Balzac. Frémon propose ses rêveries du promeneur solitaire autour de l’artiste ou presque « dedans » puisqu’il écrit le monologue intérieur de l’artiste.
Solitaire comme personne, Louise Bourgeois parle, se parle, fait un bilan chaotique de sa vie qui l’était beaucoup moins que ce qu’elle feignait de laisser voir. Frémon a de la matière - entre autres ses écrits parus il y a quelques années chez Daniel Lelong (Déconstruction/reconstruction du père). Mais l’auteur ne propose en rien une biographie. Il a compris combien un tel genre n’était qu’une plaisanterie. C’est pourquoi dans ce texte, si rien n’est vrai tout est plausible.
Le texte vagabonde de manière magistrale dans les humeurs et l’humour de Louise dont la vie commença sur une séries d’impasses dans lesquelles l’auteur et son modèle refont les cents pas. Avec la créatrice, ce qui désapproprie l’être fonde l’oeuvre (l’inverse est vrai aussi). Et si comme le rappelle ce texte, l’artiste n’est jamais parvenue à désencoigner cette crevasse de silence où tout tomba d’abord en elle, ses -dépôts- retenus, relevés sont des reliques qui ne peuvent cependant servir à aucune sanctification ou exhibition d’un secret.
L’oeuvre de Frémon comme celle de Bourgeois n’exhibe que le lieu, elle n’est le reliquaire de rien qui se cacherait derrière, elle se veut le support d’aucun culte, d’aucun rituel. L’indice textuel n’est que la fable d’une perte, la fable d’un être pour gérer sa perte. La recherche du secret est donc axée sur la perte et, tout compte fait, ce que l’artiste nous livre n’est que l’aptitude à rendre les choses et les êtres absents.
L’écriture et l’art ne sont plus ici comme le jour et la nuit. Ils s’assemblent dans un fleuve charriant des fragments pour que surgisse la pulsation directe des images dont la fixité brusquement se renverse, déborde. A ce titre, plus qu’ouvrage sur Louise, ce livre qu’on ne peut pourtant qualifier « de Louise » est un poème en prose phosphorescent. Il rappelle « que la vérité est une image ». Mais pas n’importe quelle image.
Jean-Paul Gavard-Perret, Le Littéraire, décembre 2015
Dans un texte bref et dense, Jean Frémont imagine une sorte de lettre que la plasticienne Louise Bourgeois s’adresserait à elle-même pour revenir sur sa vie entre France et Etats-Unis, avec un force et une liberté jubilatoires.
Son père voulait un fils, Louise Bourgeois a donc été surnommée Lison par sa mère. Entre Paris et Manhattan, autrefois dans le plaisir, plus âge dans le came, mais toujours dans la liberté et la création, la femme derrière l’artiste se raconte.
Dans un joli texte dense, écrit en effet d’une écriture qu’en d’autres temps on aurait qualifiée de « féminine » et qui correspond bien à l’art de celle qui parle, Jean Frémont travaille la langue comme une matière et exprime avec conviction tout ce qu’il y a de singulier à être artiste, femme et libre, même au 20e siècle. Un texte vibrant, qui coule comme un torrent et dans lequel on se laisse volontiers emporter.
Yaël Hirsch, Toutelaculture.com, décembre 2015