— Paul Otchakovsky-Laurens

Ma tante Sidonie

Gwenaëlle Stubbe

Il y a d’abord dans Ma tante Sidonie, livre de poésie, un sujet : la guerre. Comme le personnage de Tante Sidonie provient d’une bande dessinée très lue en Belgique : dans le contexte il dégage des propriétés hallucinatoires incongrues et détériore aussi bien le réalisme que l’hyperréalisme du « fait guerre » en y injectant du fictif spectaculairement hétérogène. Il faut ajouter à cela une présence quasiment scénique du mot, une oralité, une rapidité tactile qui, à travers la saturation programmée de la phrase, permettent un étranglement des événements, une...

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La presse

Quand la poésie s’en va-t-en guerre


Gwenaëlle Stubbe est une Belge dont les textes piquent. « Ma tante Sidonie », son nouveau recueil, parle de la guerre et interroge le sens des mots.


Peut-il exister une autre tante Sidonie que celle qui apparaît dans Bob et Bobette ? Non, bien sûr, et c’est à elle, « figure succincte de BD qui carbure en pleine guerre avec ses troupes », que fait référence Gwenaëlle Stubbe en intitulant son recueil de textes et de poèmes contemporains Ma tante Sidonie. Une façon détournée pour celle qui a fait des études de lettres (et une thèse sur le poète Carl Norac) de rappeler ses origines belges, même si la jeune femme de 38 ans vit à Paris depuis le début des années 2000. Tante Sidonie interviendra à plusieurs reprises dans ce livre qui tourne et retourne dans tous les sens la notion de guerre. Celle du Rwanda, où l’auteur s’est rendue en 1994 et qu’évoque Jean Hatzfeld dans plusieurs livres qu’elle a lus. Celles d’hier, d’aujourd’hui, de demain aussi.

Les textes de Gwenaëlle Stubbe sont tellement personnels que chacun en fera sa propre lecture. Une certitude : pas une once de gras dans ces phrases polies à l’extrême, déconcertantes, dérangeantes. Des mots juxtaposés qui explosent de sens. Qui fouillent partout, traquent l’incongruité des choses, interrogent. Des mots qui explorent les sons et leur prêtent une autre dimension. Tante Sidonie y revient sans cesse, avec son sacré caractère. D’autres personnages lui tiennent compagnie, révélateurs eux aussi de la nature humaine.

Très active dans le milieu de la poésie contemporaine (lectures-performances), en français comme en néerlandais, et des ateliers d’écriture (même pour les jeunes des écoles), Gwenaëlle Stubbe a jusqu’à présent davantage publié dans des revues, des anthologies et des recueils (depuis 1999) que des livres qu’elle signe seule. Son précédent était Salut, Salut Marxus (Al Dante, 2006). Celui-ci paraît chez P. O. L, la maison d’édition à qui elle avait adressé un recueil quand elle avait vingt ans. Le livre avait alors été refusé, mais l’éditeur l’avait encouragée à poursuivre son travail. Gwenaëlle Stubbe a de la suite dans les idées. Aujourd’hui, en parallèle à un doctorat sur la poésie contemporaine (fonctions de la répétition) à Lyon, elle étudie la sociologie pour mieux percevoir le milieu des traders. Qu’y fera sa tante Sidonie ?


Lucie Cauwe, Le Soir, 17 décembre 2010

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Gwenaëlle Stubbe, Ma tante Sidonie, Ma tante Sidonie - 2011 -

Son

Gwenaëlle Stubbe, Ma tante Sidonie , Ma Tante Sidonie -Entretien avec Sophie nauleau - ça rime à quoi? - France Culture - 9 avril 2011